Gaz de schiste : une seule image vous marque et tout est déglingué ! *

Nouvel eldorado énergétique pour les uns ou nouvelle pollution catastrophique pour les autres, le gaz de schiste n’en finit pas d’accoucher d’un débat frontal où chacun affûte ses armes pour démolir l’adversaire. Entre sophismes massues des industriels et images biaisées des militants, cette controverse est l’illustration typique d’une impasse communicante où la manipulation musclée a pris le dessus sur la discussion argumentée. Une telle posture est le « meilleur » moyen pour engendrer des crises à répétition et des clivages irréconciliables.

Plutôt que de tenter d’expliquer à l’opinion et de définir des terrains de convergence admissibles par tous au sujet de l’exploitation des gaz et des huiles de schiste, les acteurs principaux ont choisi dès le début de s’étriper. Qu’il s’agisse des pourfendeurs invétérés de cette ressource énergique ou de ses thuriféraires les plus motivés, le registre communicant adopté se résume pour les deux parties à un ring argumentaire où tous les coups sont permis pourvu que l’impact frappe le corps sociétal au détriment de l’autre. Dans ce combat de catch sans merci, la peur et/ou la manipulation ne sont jamais très éloignées pour gagner les soutiens des autres parties prenantes concernées.

Gaz de schiste : ami ou ennemi ?

Le gaz de schiste nécessite des forages puissants qui fracturent la roche en injectant de l’eau et des produits chimiques à haute pression

Avant de passer au crible les tactiques communicantes en présence, il convient de se pencher quelques instants sur le gaz de schiste. Certains y voient le relais idéal pour compenser la diminution inéluctable des réserves pétrolifères et acquérir une indépendance énergétique accrue envers les pays producteurs de pétrole. D’autres au contraire admonestent à tour de bras cet hydrocarbure non conventionnel en le qualifiant de gravement polluant lors de son extraction sous-terraine et entraînant des problèmes de santé pour les populations avoisinantes.

Alors entre fantasme et factuel, qu’en est-il exactement ? Le gaz de schiste et l’huile de schiste sont en fait des hydrocarbures piégés dans des roches sédimentaires argileuses imperméables et compactes, souvent situées entre 1 et 3 kilomètres de profondeur. Conséquence : l’atteinte de ces poches nécessite des forages puissants qui fracturent la roche en injectant de l’eau et des produits chimiques à haute pression pour récupérer ensuite les gaz et les huiles de schiste.

Aux USA, le gaz de schiste représente 12 % de la production locale de gaz contre seulement 1 % en 2000

Ce n’est que depuis le début du 21ème siècle que les progrès techniques du forage ont permis d’envisager une exploitation industrielle rentable de cette ressource énergétique. Aujourd’hui, ce gaz est aujourd’hui extrait en grande quantité aux États-Unis où il représente 12 % de la production locale de gaz contre seulement 1 % en 2000 (1). En Europe et notamment en France, l’évaluation de ce type de ressources demeure encore embryonnaire même si les compagnies pétrolières poussent énormément pour accélérer la cadence et obtenir des permis d’exploitation de la part des autorités gouvernementales.

Depuis 2010, une virulente polémique agite tenants et opposants au gaz de schiste aux USA mais également en France. Là où d’aucuns dénoncent une atteinte inacceptable à l’environnement, d’autres brandissent l’argument de l’indépendance énergétique que ce gaz peut potentiellement procurer aux pays exploitant leur sous-sol. Ainsi, aux Etats-Unis, « la proportion de gaz de schistes pourrait atteindre 25% en 2030 permettant à ce pays d’être auto-suffisant, alors que des importations massives de gaz liquéfiés (GNL) transportés par bateau étaient envisagées », analyse l’IFP énergies nouvelles. En France, un document interne de Total cité par Les Échos estime que les gisements du sud de la France renfermeraient 2380 milliards de mètres cubes de gaz, soit cinquante ans de consommation nationale (2).

Il faut diaboliser le gaz de schiste

Josh Fox a réalisé le documentaire « Gasland » pour dénoncer le gaz de schiste

A la lumière de ces perspectives, les enjeux du gaz de schiste prennent évidemment une toute autre coloration stratégique à laquelle les protecteurs de l’environnement n’ont guère tardé à s’opposer avec pugnacité.

Principal cheval de bataille : l’impact écologique et sanitaire qu’entraîne la fracturation hydraulique de la roche pour capter les gaz et huiles de schiste. Le premier reproche tourne autour de la consommation excessive d’eau que l’IFP (3) évalue effectivement à environ 10 à 15 millions de litres (soit l’équivalent de 3 piscines olympiques,).

L’autre flèche décochée par les écologistes évoque de possibles transferts de substances chimiques dans les nappes phréatiques adjacentes à cause des produits utilisés par les entreprises pétrolières lors des forages. Des produits qui pourraient contaminer l’eau du robinet et véhiculer des éléments hautement cancérigènes pour les humains buvant l’eau.

C’est précisément cette technique d’extraction qui a conduit en 2010 Josh Fox, un réalisateur militant américain à produire un documentaire implacable sur les dangers supposés de l’exploitation du gaz de schiste. Intitulé « Gasland », le film est un impitoyable réquisitoire sur tous les effets pervers qu’une telle industrie est censée provoquer en aspirant les gaz de schiste souterrains. Un an durant, il est parti sur le terrain à la rencontre des habitants des zones où les compagnies pétrolières s’activent déjà pour récupérer le précieux hydrocarbure.

Plus qu’un long plaidoyer scientifique (bien que des experts ont été sollicités dans le film), Josh Fox s’attache avant tout à taper fort pour dénoncer les gaz de schiste. Il utilise en cela une technique de communication bien connue pour inciter les gens à modifier leur opinion en s’appuyant sur l’effet heuristique de l’image. En d’autres termes, le problème est dénoncé non par des points techniques contradictoires mais par des symboles chocs qui ont vocation à marquer les esprits et faire basculer les opinions.

A cet égard, « Gasland » comporte une scène mémorable qui a fait le tour du monde et proliféré dans les réseaux sociaux. Une scène où un habitant ouvre son robinet, allume un briquet juste au-dessous et déclenche aussitôt un hallucinant retour de flamme. Une scène à l’aune de la structure volontairement dramatique du film qui met en vis-à-vis des industriels froids et préoccupés par leur business et des citoyens lambda évoquant leurs symptômes maladifs depuis que l’exploitation a commencé dans leur région. Autant dire que le résultat est imparable pour quiconque regarde le film sans avoir de connaissance précise sur le sujet.

Le gaz de schiste contre-attaque

L’industrie et des experts s’insurgent contre le catastrophisme de « Gasland »

Face à l’écho enregistré par « Gasland », la réplique ne se fait guère attendre. Industriels et experts pointent notamment l’absence de corrélation concrète entre l’exploitation du gaz de schiste et les pathologies observées chez les témoins du film. Une journaliste du Financial Times, spécialiste des questions énergétiques, n’hésite d’ailleurs pas à critiquer (4) les faiblesses rhétoriques du documentaire et de la ligne argumentaire empruntée par Josh Fox.

Néanmoins, le doute est désormais instillé dans l’opinion publique d’autant que les entreprises concernées ne se distinguent guère par une communication prolixe et ouverte sur le sujet. Au contraire, elles préfèrent même pour réfuter les attaques adverses, recourir à des approches communicantes qui flirtent dangereusement avec la manipulation. Récemment, deux cas de tentatives de distorsion ont été ainsi dévoilés. Le premier cas concerne un rapport rendu public en février 2012. Réalisé par des chercheurs de l’Energy Institute  l’université d’Austin au Texas, le document dédouane clairement le gaz et l’huile de schiste des conséquences sanitaires qui leur sont imputées.

Pourtant, le rapport ne tarde guère à être mis sur le grill par une ONG, Public Accountability Initiative (PAI) qui dénonce les conflits d’intérêt existant entre les auteurs du dit document et l’industrie. L’un des géologues rédacteurs est en effet actionnaire d’une société de forage spécialisée dans les gaz de roche ! Un lien qui n’avait jamais été mentionné au préalable de même que les rapports étroits entre 13 des 16 membres de l’Energy Institute avec l’industrie des hydrocarbures (4).

Coupe gélogique d’un gisement

Ce qui pourrait apparaître comme une initiative zélée isolée de quelques pro-gaz de schiste s’avère pourtant être révélateur d’une stratégie délibérément manipulatrice et largement répandue. Là encore, un exemple récent vient appuyer cette observation avec la parution le 25 juillet dans le quotidien Le Monde, d’un article intrigant (5). Sur une pleine page, ce dernier insiste longuement sur les retombées économiques positives qu’une telle industrie a générées à Fort Worth au Texas et sur l’indépendance énergétique qu’elle laisse entrevoir pour les USA.

Assez vite néanmoins, le journaliste admet que son reportage sur le terrain est le fruit d’un voyage de presse organisé conjointement par Total et son partenaire américain Chesapeake Energy. Or, une enquête approfondie (6) du site « Arrêt sur Images » montre que la rédaction du Monde est intensément et depuis plusieurs mois sollicitée par Total et d’autres acteurs pour écrire des sujets prenant la défense du gaz de schiste qui est également en France un sujet à la fois stratégique et hautement polémique.

Conclusion – Et si on communiquait autrement ?

Pour s’extraire de l’impasse communicante, il faudra adopter une autre posture de la part des industriels

En ce mois de juillet 2012, le PDG de GDF-Suez, Gérard Mestrallet, déplorait dans une interview à La Tribune (7) : « Le gaz de schiste est devenu un sujet tabou. Il faut le réexaminer de façon paisible ». On ne saurait qu’abonder dans son sens. A la remarque près, que nombre d’acteurs industriels n’ont guère aidé jusqu’à présent à la sérénité des débats depuis que le gaz de schiste est apparu comme une alternative viable à l’épuisement progressif des gisements de pétrole. Plutôt qu’adopter une approche ouverte et entendre les arguments environnementaux, ceux-ci se sont crispés sur des arguments avant tout économiques et énergétiques.

Des arguments absolument valables mais qui ne peuvent à eux seuls déterminer l’acceptation du corps social soucieux des potentiels impacts environnementaux et sanitaires que cette industrie pourrait engendrer. Une communication englobant l’ensemble des prismes et des lectures des parties prenantes aurait largement évité d’aboutir à la situation actuelle. Situation où désormais chacun se rend coup pour coup, n’hésitant pas de part et d’autre à grossir le trait ou occulter discrètement pour mieux imposer ses intérêts et ses points de vue. Autant il ne faut absolument pas négliger les conséquences environnementales de l’exploitation de ces nouveaux hydrocarbures, autant il serait dommageable de les exclure radicalement et sans concertation plus apaisée.

Le sujet du gaz de schiste peut-il devenir moins clivant ?

En voulant passer en force, les acteurs pétroliers ne font paradoxalement que renforcer leurs opposants. Or, à créer des fossés communicants, on ne génère que des crises dont l’amplitude ne cessera de s’accroître tant que les uns et les autres continueront à se crier dessus sans vouloir écouter les visions respectives de chacun.

Il ne s’agit évidemment pas de faire du gaz de schiste une panacée merveilleuse. Mais au moins conviendrait-il de l’intégrer dans le mix énergétique dont on sait que les énergies renouvelables ne suffiront pas à couvrir l’ensemble des besoins. Pour cela, il serait souhaitable que les industriels admettent certaines concessions au lieu de recourir à une communication binaire qui jamais ne leur profitera. Qu’on le veuille ou non, le citoyen lambda sera toujours plus enclin à croire les peurs agitées (même exagérément) par des militants que les lendemains qui chantent des industriels. Alors autant privilégier un dialogue plus constructif, non ?

Sources

(1) – Ministère de l’Ecologie, du Développement durable et de l’Energie – « Qu’est-ce que le gaz et l’huile de schiste ? » – 8 juin 2012
(2) – Béatrice Héraud – « Entre eldorado stratégique et risque environnemental » – Novethic.fr – 21 octobre 2010
(3) – Ibid.
(4) – Kyran Stacey – « Gasland : a review » – Financial Times – 18 janvier 2011
(5) – Stéphane Foucart – « Aux Etats-Unis, un rapport douteux sur le gaz de schiste » – Le Monde – 27 juillet 2012
(6) – Jean-Michel Bezat – « Bienvenue à Fort Worth, Texas, la capitale du gaz de schiste » – Le Monde – 25 juillet 2012
(7) – Antoine Machut, Thomas Deszpot et Dan Israel – « Pour ou contre les gaz de schiste : Le Monde a (presque) choisi » – Arrêt sur images – 26 juillet 2012
(8) – M-C. Lopez – « Le gaz de schiste est devenu un sujet tabou. Il faut le réexaminer de façon paisible » – La Tribune – 17 juillet 2012

Lectures complémentaires

Sur le sujet ô combien épineux du gaz de schiste, je recommande la lecture de l’excellent blog de David Millian :

– « Gaz de schiste au Québec : l’improbable posture »
– « Gaz de schiste : les compagnies intègrent les méthodes PsyOps de l’armée »

Et en bonus, un article suggéré par David : Tom Liacas – « Pouvoir populaire en ligne : bénéfices et risques »

– Egalement signalé par Stan, le film des pétroliers en réponse à « Gas Land » : « Truthland »
– Mise à jour : Emmanuel Levy – « Gaz non conventionnels : odeurs de schisme dans la majorité » – Marianne 2 – 5 août 2012

*Merci à Alphonse de Lamartine (1790-1869) pour l’emprunt détourné de son célèbre vers : « Un seul être vous manque et tout est dépeuplé » dans le poème intitulé « L’Isolement ».



16 commentaires sur “Gaz de schiste : une seule image vous marque et tout est déglingué ! *

  1. Deck614  - 

    Bonjour à tous,

    Je fais partie, en tant qu’ingénieur, en tant que militant écologiste, de ceux qui pensent que ce qui est stratégique c’est de consommer moins d’énergie, en premier lieu – et d’ailleurs plutôt une nécessité vitale liée à la préservation de notre environnement et de notre santé.

    Je trouve heureux que le débat sur cette question vitale de l’énergie commence, même si nous avons d’abord jeté nos cahiers à la tête des autres, avant de nous asseoir. Cet article tente effectivement de faire la part des choses et de faire s’asseoir tout le monde. Même si les mots employés ne plaisent pas à tous (les miens non plus, vous allez le voir), je salue et défends la tentative de neutralité, fort courageuse, de son rédacteur.

    Nous comprenons tous un industriel aux abois, qui attaque car c’est le seul moyen de défense qui lui reste et un citoyen aux abois, qui fait de même.

    Il est classiquement stratégique pour un pays d’avoir des ressources énergétiques. C’est le vieux rêve de la France et elle a, jusqu’ici, accepté de le payer au prix du risque et de la pollution nucléaire.

    Mais c’est un rêve qui date de la guerre froide et aussi de la peur de C. De Gaulle que notre pays n’ait plus d’influence internationale, à la fin de la période coloniale et, par exemple, après l’expérience de la tentative d’hégémonie des USA sur notre pays, en 1944.
    Cette peur « autorisait un taux de perte » quasi « militaire » aux décideurs de l’époque, « parmi la population ». Et dans tous les pays en ces temps de guerre larvée, presque tous les individus étaient soumis au même risque.

    Bien sûr la population de notre pays, en général, obéit sans broncher, surtout avec une bonne campagne de pub et un peu de manipulation. Et son individualisme, en expansion, calcule que c’est « l’autre » qui va périr.

    Je lutte pour que l’on comprenne que « l’autre c’est moi » bien sûr, et aussi pour que le néolibéralisme échoue à installer la nouvelle féodalité (celle des entreprises), seule régime politique qui soit compatible avec cette idéologie extrémiste, prenant pour seul Dieu l’argent et prônant que le commerce serait la seule activité humaine.

    Nous ne serons pas dans un état d’esprit de responsabilité face à la nécessité de moins consommer, face à celle d’être inventifs et innovants pour retrouver de la compétitivité, si nous pensons avoir toujours sous la main une ressource « gratuite » et « infinie ». Pensez à l’Espagne du 16è-17è siècle: à l’époque, la France s’est enrichie en lui vendant du blé qu’elle ne savait plus produire, contre l’Or des Amériques (« labourages et paturages sont les 2 mamelles de la France, et les français n’y entendent rien aux montagnes d’Or du Pérou », dixit Sully).

    D’autre part, la santé de la population et la confiance de celle-ci envers les institutions sont 2 principes très fragiles et fondamentaux. Comment la population peut-elle avoir confiance en un gouvernement qui autoriserait à nouveau « un taux de perte »? Il y a 40 millions de téléphones portables avec appareil photo + autant de connections internet dans ce pays. Nos décideurs espèrent-ils que nous allons absolument tous « la fermer » jusqu’à ce qu’il n’y ait plus une goutte de gaz de schiste sous la terre de France?

    Bien entendu, il y a un choix à faire. Mais si vous décidez d’investir dans quoi que ce soit, en mettant en danger la population de ce pays, ce sera avec un risque maximum. A vos calculatrices.

    1. Olivier Cimelière  - 

      Bonjour

      Merci pour ce long et instructif commentaire qui a le mérite de soulever des questions cruciales. Merci aussi d’avoir reconnu mon effort de neutralité dans mon billet. Tout le monde n’avait pas envie de le voir ainsi !

      Au-delà du nécessaire dialogue que j’aimerais voir s’installer plutôt que des postures excessives de part et d’autre, se pose la question du risque effectivement. Il est clair que pendant longtemps, les pouvoirs ont abusé de phrases lénifiantes pour assurer les populations qu’aucun risque n’existait. Des progrès ont été obtenus mais parfois à quel prix humain !

      Aujourd’hui, c’est quasiment l’inverse qui prévaut : l’allergie totale au risque, l’exigence de risque zéro. Une utopie industrielle a été chassée par une utopie sociétale. Le risque zéro n’existe pas mais à force d’être brandie comme un bouclier salvateur, les associations ont réussi à brouiller à leur tour les débats. J’ai d’ailleurs publié une série de billets sur cet aspect : http://www.leblogducommunicant2-0.com/categorie/dossier-risque-progres/

      Tout progrès (quel qu’il soit) nécessite une acceptation du risque. En revanche, il est clair que ce risque doit être évalué au vu des connaissances et données en possession, qu’il ne doit pas excéder les bénéfices que la société peut en retrier et qu’il doit régulièrement être suivi, actualisé, quitte à un jour cesser certaines choses à la lumière de nouveaux enseignements. Cela passe par un dialogue et une écoute mutuels pour qu’émerge un « risque consenti » mais sans les excès que quelques industriels ont parfois la fâcheuse tendance à planquer.

      Le chemin est long et dans cette société anxiogène où ceux qui agitent les peurs sont plus entendus que ceux qui s’efforcent d’avoir une vision moins basique, il reste en effet du travail !

  2. narvic  - 

    On ne se comprend pas, j’en ai peur. Je maintiens que votre tableau d’une opposition entre deux camps qui seraient les industriels et leurs agences de communication d’un côté, « des » ONG écologistes et leurs bidouilleurs de vidéos virales de l’autre, est une présentation très partiale (une présentation « de communicant » qui sur-valorise son métier, et pas celle d’un observateur détaché) et elle ne rend nullement compte de la réalité du débat public qui s’est tenu en France sur les permis d’exploration des gaz et huile de schiste dans le sud de la France (les autres permis n’ont pas suscité tant d’opposition).

    Si vous reprenez l’historique de cette affaire, les ONG écologistes n’en sont pas à l’origine, elles n’ont fait que suivre un mouvement, qui s’est largement développé hors d’elles, au sein même de la population et souvent à travers ses élus de base, dans les conseils municipaux (toutes tendances politiques confondues : les délibérations municipales anti-gaz de schiste ont été votées les plus souvent à l’unanimité).

    Symbole de cette mobilisation « de la base » et « à la base », la manifestation de Villeneuve de Berg (Ardèche) a tout de même réussi à réunir 15.000 personnes le 26 Février 2011 dans un village ardéchois de moins de 3000 habitants. C’est un véritable exploit, tel qu’on n’en avait pas vu depuis longtemps sur un thème « sociétal » !

    Je ne pense pas du tout que le « canal » des ONG écologistes siégeant à Paris ait été déterminant dans la décision du gouvernent et de la majorité de faire totalement machine arrière sur ce dossier (loi d’interdiction de la fracture hydraulique). Et j’estime que vous surestimez le rôle du film Gasland dans la mobilisation contre les permis d’exploration.

    Je crois en revanche que l’action de terrain des populations du Languedoc (Larzac, Cévennes…) et de la basse vallée du Rhône (notamment Ardèche…), et surtout de leurs élus de base, toutes tendances politiques confondues, a été tout à fait déterminante. C’est le gouvernement, en l’occurrence Nicolas Sarkozy, et non les compagnies pétrolières, qui a estimé que ce débat était politiquement ingagnable (et même déjà perdu) à partir du moment où l’opposition s’étendait jusque dans les rangs des élus de l’UMP. Il était par ailleurs très inopportun vu la proximité des échéances électorales présidentielle et législatives.

    Ces élus, et notamment des maires de grandes villes, des présidents de conseils généraux et régionaux, ne se sont pas prononcés parce qu’ils subissaient l’influence d’ONG parisienne ou de vidéos sur internet, mais bel et bien parce qu’ils disposent dans leurs propres services des compétences techniques et des connaissances des terrains (notamment en matière de protection de l’environnement, de géologie, d’hydrologie et de forage) permettant une évaluation objective de la situation.

    Ce que leurs experts leur ont dit, c’est que la technique de fracturation hydraulique utilisée aux USA, et que l’on se proposait d’importer en France, était réellement mal maîtrisée par ses promoteurs, et présentait un véritable risque pour l’approvisionnement en eau potable des populations dont ces élus ont la charge. Vous noterez que les experts en eau potable de la ville de New York ont tiré la même conclusion, qui a conduit à la même décision: l’interdiction de la fracturation hydraulique sur l’ensemble du territoire de l’État de New York…

    Il n’est pas impossible non plus (pour ce que m’en dit mon petit doigt) que le conseil des experts financiers de ces mêmes grands élus n’ait pas été pour rien dans leur opposition résolue (les retombées dans l’économie locale, et notamment dans les budgets des collectivités locales et territoriales proposées par les pétroliers étant jugées très insuffisantes en regard des risques encourus, et donc des responsabilités aussi bien politiques que pénales assumées par ces mêmes élus…).

    De toute façon, l’ensemble de ce dossier avait été traité, à Paris, totalement dans le dos des élus locaux, directement entre le ministère et les pétroliers, sans aucune information des élus, ni aucune possibilité pour eux de négocier quoi que ce soit, pour leur territoire (voire pour leur campagne électorale !).

    Bref, « ça » ne s’est pas du tout passé comme le raconte votre article. Cette histoire n’a été que très très marginalement une bataille de communication. Ce fut (et ce n’est pas terminé) une bataille réellement… politique !

    1. Olivier Cimelière  - 

      Bonjour

      Je crains que ce ne soit vous qui vous vous mépreniez sur l’intention de mon article. Lequel n’avait nullement l’objectif de raconter in extenso le débat autour d’une exploitation des gaz de schiste. Je n’en ai ni l’expertise technique, ni la légitimité politique ou militante. Mon propos n’était juste que de zoomer sur les postures communicantes adoptées par deux acteurs majeurs : les ONG d’une part soutenues par une base de gens comme vous et moi et certains politiques et les intérêts pétroliers s’appuyant sur des relais politiques et institutionnels puissants (par exemple l’IFP ou encore les Mines en France).

      Mon but n’est pas de prendre parti plus pour l’un ou pour l’autre mais de prendre de la distance avec le manichéisme qui sert souvent de décodeur pour l’opinion publique (c’est d’ailleurs le même mécanisme à l’oeuvre dans la polémique entre Shell et Greenpeace dans l’Arctique).

      Je ne défends pas particulièrement les pétroliers qui continuent trop souvent de recourir aux bonnes vieilles manips de com dont on sait pourtant qu’elles sont court-termistes et des boomerangs potentiellement toxiques à plus long terme. Récente preuve : les articles du Monde, du Point et de l’Usine Nouvelle sont les gaz de schiste dont on apprend qu’ils sont tout droit issus d’un voyage de presse soigneusement calibré. Ce n’est pas avec ce genre de tactique communicante que les pétroliers parviendront à expliquer et faire admettre certaines vérités à l’opinion.

      A contrario, il faut savoir aussi se distancier quelquefois de l’aura toujours blanche des associations qu’on présente toujours comme les gentilles face aux horribles et méchants industriels. La réalité du terrain (et j’espère que vous en conviendrez quand même) est substantiellement plus nuancée. J’ai eu à travailler sur des dossiers sensibles dans ma carrière et je peux vous garantir que certains opposants étaient de fieffés affabulateurs dans le seul but d’agiter les peurs et mobiliser contre leur bête noire. Il est évident que « Gasland » n’a pas à lui tout seul fait reculer des politiques. Le jeu se pratique bien sûr sur d’autres terrains comme les couloirs des ministères et des instances décisionnaires. Mais il a indubitablement agi comme un aiguillon dûment médiatisé et pas toujours avec des arguments avérés.

      Pour finir, ma vision (de communicant justement mais c’est ainsi que je conçois mon métier et pas seulement comme un tuyau à déverser des messages) sur ce sujet (comme sur bien d’autres épidermiques) est que l’opposition binaire mène systématiquement à des impasses. A l’heure actuelle, les pays occidentaux n’ont pas le luxe d’ignorer d’un simple revers de main les opportunités que recèlent les gaz non conventionnels (dépendance énergétique réduite, création d’emplois et de valeur ajoutée). Pour autant (et là je vous rejoins), il ne s’agit pas de brader le dialogue et d’ignorer les craintes ou les questions dérangeantes (fracturation de la roche et pollution, résidus chimiques liés à l’exploitation, impact CO2 de ces énergies). Si chacun parvient à se dépêtrer de ses dogmes respectifs, alors il sera possible en communiquant bilatéralement de parvir à un consensus accepté et éclairé, profitable à une majorité d’acteurs concernés. Lequel consensus peut être révisable, amendable par la suite à la lumière de nouvelles connaissances.

      Bien cordialement
      Olivier

      1. Clorr  - 

        Bonjour,

        A mon avis, il ne faut pas négliger que nous sommes sur un terrain qui dépasse les simples enjeux économiques et qu’il y là d’un débat de société sous-jacent qui oppose les industriels soucieux de protéger leurs intérêts et de pérenniser leur modèle de fonctionnement, face à des écologistes de plus en plus assurés du soutien de l’opinion publique, de par l’émergence du débat écologique d’une part, mais aussi par l’idée de plus en plus répandue de l’industriel manipulateur et prédateur.

        Le thème de l’article est intéressant, mais j’avoue avoir eu parfosi du mal a savoir si vous n’étiez que sur la forme ou si vous essayiez de faire passer un message partisan en mm temps. J’aurais du mal a vous faire une critique détaillée sur ce point, mais il y a dans la rédaction certaines choses dont on peut penser qu’elles sont une prise de position plutot qu’une analyse (Mais le terrain est sensible 😉 ).

        Sur la possibilité de trouver un terrain de dialogue, je pense que nous sommes dans un cas, ou cela n’est pas possible. Car il s’agit bien d’un terrain de conflit ouvert, et mm si l’issue ne sera pas forcément la victoire d’un camp sur un autre, il s’agit là d’un débat de société sur nos choix énergétiques,et notre modèle de société. Veut on continuer la surexploitation de nos ressources en continuant de faire comme si les conséquences n’existaient pas ou n’étaient pas graves, ou veut on d’une société qui intègre le respect de la nature comme valeur fondamentale, au risque de bousculer tous les équilibres économiques actuels, avec une transition forcément douloureuse ? Je pense que ce sont 2 positions irréconciliables, quelle que soit la dose de communication qu’on y met. et dans cette guerre, tous les coups sont permis et il n’y a pas de limites aux basses manoeuvres d’une part ou de l’autre….

        1. Olivier Cimelière  - 

          Bonjour

          Merci pour votre commentaire ! Si je peux vous éclairer sur un point, c’est que je n’ai pas écrit cet article dans un esprit partisan pour tenter de supporter une cause ou une autre. J’ai pris l’exemple du gaz de schiste comme précisément l’échec de la communication entre deux positions qui pourraient (ne vous en déplaise) trouver des points de convergence. Seulement, chacun a choisi de rester campé sur ses positions :
          – les industriels pétroliers poursuivent leurs sales manies de vouloir passer en force et avec une communication minimale et parfois un brin manipulatrice
          – les écolos préfèrent grossir le trait exagérément et n’hésitent pas à biaiser certains arguments pour apparaître à tout prix les « gentils » de l’histoire

          Je note qu’à vos yeux, les points de vue sont irréconciliables. Je ne le crois pas et n’y voyez aucun message subliminal dans mon article en faveur d’untel ou d’untel. Mon objectif et mon propos sont de dire qu’une communication privilégiant un dialogue et des concessions mutuelles peuvent apporter des bénéfices bien plus grands que des affrontements médiatisés où le raisonnement est souvent binaire et raccourci.

          Je partage votre souci de protéger notre planète, ses ressources et l’héritage que l’on va léguer à nos enfants. Pour autant, cela n’autorise pas pour autant certaines postures exagérés et catastrophistes comme y cèdent trop fréquemment les écolos. Il peut y avoir un moyen d’imposer des contraintes environnementales strictes tout en menant des tests exploratoires sur l’exploitation des gaz de schiste. Je vous signale quand même que ceux-ci peuvent être sources d’emplois, de moins de dépendance économique et autres avantages qu’on ne peut décemment ignorer si l’on est un brin responsable.

          En revanche, cela ne doit pas en effet se faire de manière aveugle et sans écouter le reste de la société comme trop souvent le font les pétroliers. Il faut pouvoir leur imposer des cadres où les attentes du corps sociétal ne sont pas piétinés pour les seuls bénéfices financiers. Contrairement à ce que vous croyez, il existe des exemples où industriels et associations ont réussi cohabiter harmonieusement sans lâcher sur l’essentiel de part et d’autre. Voilà, c’est l’objet de mon particle et n’y voyez aucune propagande déguisée pour quiconque !

          Cordialement

    2. Isma  - 

      bonjour franck, Je t’encourage e0 gdearr la forme actuelle. J’ai quelques questions techniques : – tu utilise un stop mental ou tu le pose avant entre9e – tu regardes les corre9lations avec le Stoxx , E/$, ou autre pour juger la perinence – ton stop est il fixe ( un certain nombre de point ) ou technique. merci d’avance pour les re9ponses

  3. Olivier Caussin  - 

    Olivier, merci pour cet article passionnant.

    Je pense qu’il ne peut y avoir dialogue que lorsqu’il y a désir – des deux côtés de la barrière – d’aboutir. Ici, les forces sont trop polarisées pour chercher une entente.

    D’un côté les grands groupes ont plus facilement recours au lobbying qu’à l’engagement public et de l’autre le militantisme passe bien souvent avant l’honnêteté intellectuelle.

    Ce que j’en retiens comme leçon pour un communicant, c’est la nécessité de tout faire pour entretenir la possibilité du dialogue plutôt que de livrer sa version des faits. Le lobbying fait encore des miracles à Washington mais il faut être fou pour négliger aujourd’hui l’opinion publique.

    Et il me semble être du devoir des dircoms de toutes les entreprises *d’entretenir avec tous les publics des relations garantissant que la possibilité de dialogue est toujours là en toutes circonstances*. La transparence et l’écoute sont un bon début.

    1. Olivier Cimelière  - 

      Olivier

      Je suis entièrement d’accord avec ces remarques et c’est d’ailleurs toute la difficulté d’un dircom que de convaincre de ne pas rompre le fil du dialogue plutôt que recourir aux bonnes vieilles massues communicantes. Je pense que malheureusement il faudra encore d’autres cas similaires pour que les entreprises daignent changer leur approche et que les militants cessent d’englober tout le monde dans le même sac !

      Olivier

  4. Stan  - 

    Hello Olivier

    Debat passionnant et passionne qui rentrera dans l’histoire des grandes controverses politico-scientifiques comme les OGM, les pesticides etc.

    Par rapport aux references que tu cites, tu devrais jeter un oeil a Truthland http://www.truthlandmovie.com/ qui est la reponse de l’industrie petroliere a Gasland. C’est evidemment un film de propagande, mais qui repond a un autre film de propagande.

    D’un point de vue tactique, ce qui est fascinant, c’est qu’ils mettent sciemment en avant l’equivalent americain de « Mme Michu » plutot que des experts en blouse blanche.

    Bref, la reponse de la bergere au bergere en quelque sorte, le tout pleinement assume par l’industrie energetique quand meme.

  5. David Millian  - 

    Bonjour Olivier, bonjour chers lecteurs.

    Bel article. Je me permets rapidement de souligner que j’avais rédigé deux papiers sur la question, il y a plusieurs mois sur la situation ici, au Québec.

    La problématique avait surgit avec force et elle continue de faire pas mal de ravage. Beaucoup de mes collègues en RP suent à grosse gouttes régulièrement…

    Je me permettrai simplement de faire quelques remarques et de donner des liens :

    – Oui, les industriels ont de mauvaises manies. Difficile de les faire changer. Pour avoir vu le dossier de près, parfois c’est à pleurer. Mais on ne peut pas mettre tout le monde dans le même sac. Des types croient aussi à ce qu’ils font et sont intellectuellement honnêtes.

    – Les opposants au GDS ne sont pas toujours les gentils gars que l’on pense. Certains n’ont rien à envier au monde des RP et des spin doctors confirmés. Il n’y a pas d’oie blanche dans ce débat.

    – Le problème est que le débat est souvent réduit à ses plus simples composantes, alors qu’il devrait être mis en perspective sur des enjeux de société bien plus grands (emplois, indépendance énergétique, dynamismes territoriaux, écologie, etc.). C’est la difficulté pour les communicants, car c’est plus compliqué, donc ça intéresse moins de monde. Journalistes y compris…

    Les quelques liens promis :
    http://comfluences.net/gaz-de-schiste-au-quebec-limprobable-posture
    http://comfluences.net/gaz-de-schiste-les-compagnies-integrent-les-m
    Et impossible de terminer sans vous recommander un super papier de l’ami Tom Liacas, qui travaille sur le sujet (et fait l’effort de publier en français et en anglais !): http://2point0forall.com/pouvoir-populaire-en-ligne-benefices-et-risques/

    Bonne journée !

    David

    1. Olivier Cimelière  - 

      Bonjour David

      Merci pour ces précieux compléments … que je vais d’ailleurs ajouter en plus de l’article car ils méritent d’être lus. Ce sont effectivement des éclairages très instructifs.

      Je partage pleinement ton analyse qui réfute l’approche souvent binaire où d’un côté il y aurait des bons forcément vertueux et gentils et de l’autre des mauvais forcément pourris et méchants. Même si cette grille de lecture que les médias appliquent souvent à l’excès ne correspond pas à la réalité. Je suis bien d’accord pour dire qu’il y a des industriels qui font du bon travail et dans le respect de l’écosystème. Tout comme il y a des associations aux motivations très contestables et pas si flatteuses qu’elles ne le clament !

      Merci

  6. Frederic  - 

    Bonjour Narvic et Olivier,

    Narvic, j’ignore si l’article d’Olivier est « remarquable de partialité masquée » (je ne l’ai pas vue, personnellement) mais en tout cas votre commentaire est remarquable de partialité tout court. AMHA, bien sûr.

  7. narvic  - 

    Cet article est – AMHA – remarquable de partialité masquée et de présentation subtilement et perversement biaisée de la situation.

    Ainsi, doit-on entendre à votre lecture, il n’y a pas dans cette affaire les bons et les méchants. Renvoyons-les dos-à-dos, la vérité est ailleurs.

    En fait si, il y a un bon et il y a des méchants, et le bon c’est moi, qui, seul, tient un discours de mesure et de raison, face à des protagonistes hystériques et menteurs…

    Or, si l’on veut s’intéresser réellement à cette question, sans l’appréhender de manière totalement réductrice et même faussée sous l’angle d’une simple bataille de communication, la situation apparait singulièrement différente.

    Car nous avons d’un côté, en effet, une entreprise de communication menée par des professionnels de l’opinion publique et du lobbying auprès des élus. Cette entreprise est financée par des entreprises pétrolières. Elle défend des intérêts strictement privés, agit souvent de manière masquée (vous l’avez signalé) et même déloyale (vous en donnez aussi des exemples).

    Nous avons de l’autre côté une mobilisation citoyenne issue de la population directement concernée, entièrement bénévole, et répondant à l’alerte initiale d’un élu représentant démocratique de l’intérêt général: le député européen José Bové (lui-même directement concerné par le permis d’exploration qui avait été délivré pour le Larzac [permis de Nant], secteur dont il est originaire… et même l’élu).

    Une présentation honnête de la question ne peut réduire au film que vous citez l’opération de mobilisation de la population qui s’est déroulée ces derniers mois, notamment en Languedoc et dans la basse vallée du Rhône. Des dizaines de réunions locales d’information se sont tenues dans les zones concernées par les permis d’exploration, des réunions animées très souvent par des scientifiques, notamment par des géologues.

    Cette démarche d’information des populations, menée souvent avec un réel souci de pédagogie, contraste singulièrement avec la signature même de ces fameux permis. Le ministre de l’écologie concerné (J.-L. Borloo) ne devait-il pas finir par avouer publiquement qu’il avait – dit-il lui-même – « manqué de vigilance », en signant sans les lire des décrets dont on ne sait toujours pas clairement qui étaient les véritables rédacteurs (j’ai mon idée…) !

    On ne peut taire non plus le nombre très important de délibérations demandant le retrait de ces permis qui ont été votées par les institutions locales des zones concernées (conseils municipaux, généraux et régionaux, conseils d’administration des parcs naturels nationaux et régionaux), ainsi que les requêtes des députés et sénateurs locaux, etc.

    On ne peut pas ignorer non plus le travail de fourmis réalisé par des bénévoles pour la collecte d’informations, notamment aux USA et Canada, leur traduction et leur mise à disposition du public sur internet, une masse d’informations sur laquelle se sont largement appuyés par la suite les journalistes qui ont enquêté sur la question.

    Voilà quelques éléments (j’en ai bien d’autres en réserve si besoin est) qui conduisent à voir les choses bien différemment de ce que suggère votre article.

    Mon commentaire est certainement partisan, mais je le dis et je l’assume. Il ne l’est, en tout cas, pas plus que votre article, qui prétend pourtant à une autre posture.

    Bref, et toujours AMHA, votre article – peut-être à votre corps défendant – nourrit la polémique qu’il prétend contribuer à éteindre. Et donc mille excuses s’il suscite, de ce fait, une réponse un peu vive de ma part. 😉

    1. Olivier Cimelière  - 

      Bonjour

      Tout d’abord aucun souci pour votre commentaire passionné qui ne partage pas ma vision de la problématique du gaz de schiste. J’ai apprécié lire votre longue analyse et j’aimerais plus souvent avoir ce type de remarque étayée que les litanies cinglantes et bien peu argumentées que je reçois parfois. Cela fait partie du jeu d’animer un blog et je n’ai aucun souci avec cela.

      Ensuite, je tiens vraiment à préciser que je ne pratique aucune partialité dans mon analyse. Comme vous, je ne porte pas aux nues ces industriels qui mènent d’obscures campagnes de désinformation, de lobbying caché et autres manips qui n’aident pas vraiment à entamer des débats sereins et honnêtes. Je ne suis pas leur défenseur.

      Pour autant, je ne vois pas les opposants comme étant tous d’exemplaires citoyens dénués de toute arrière pensée militante mais souvent (malheureusement) manichéenne. Dans mon passé professionnel, j’ai eu à gérer des crises où certaines associations n’étaient pas aussi honnêtes intellectuellement qu’elles prétendaient l’être. Mais le prisme médiatique a souvent tendance à les rendre plus sympathiques face aux grands « monstres » froids que sont les grands groupes. On préfère toujours David à Goliath.

      La réalité est souvent plus complexe. Que les associations écologistes s’inquiètent et posent des questions sur le gaz de schiste, me semble plus que légitime et indispensable. Et leurs questions doivent trouver des réponses, voire des aménagements de la part des industriels si cela s’avère nécessaire.

      En revanche, j’ai voulu dans mon billet montrer l’inanité des débats qui se résument à des bagarres binaires où chacun triture ses arguments pour frapper l’opinion et prendre le dessus sur son adversaire. A ce jeu-là, les ONG ne sont pas exemptes de recourir à de grosses ficelles où l’objectif est de jouer avec les peurs plutôt que d’adopter une approche vigilante mais moins réductrice. C’était là le sens de mon propos.

      A nouveau merci en tout cas pour votre lecture attentive et votre contribution. Bien cordialement,
      Olivier

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