Bad Buzz & Sexisme : Beaucoup de bruit pour rien ?

Depuis le début de 2014, les campagnes de communication aux allusions sexistes se font retoquer sans pitié sur les réseaux sociaux. Numericable, le Conseil général de Moselle et Stabilo ont successivement subi les foudres d’internautes féministes. Si les slogans ne sont effectivement pas toujours d’une subtilité avérée, ces bad buzz soulèvent néanmoins quelques questions sur la pertinence des foules numériques et des annonceurs qui se risquent à titiller la fibre irascible des twittos les plus militants. Et si les priorités étaient ailleurs ?

Avant d’aller plus loin dans la rédaction de ce billet et de me faire étriper gratuitement par celles et ceux qui ne prendront pas le soin de lire intégralement, je tiens à souligner en préambule que je ne cautionne absolument pas les concepts de communication où la femme est réduite à une image frivole, dégradante ou ménagère. Je conçois tout à fait qu’on puisse s’émouvoir de la maladresse commise par des publicitaires pétris d’idées quelque peu ringardes. En revanche, il ne faudrait pas non plus que les réseaux sociaux se transforment en police d’un excessivement politiquement correct à l’heure où circulent des thèses bien plus graves devant être autrement plus combattues ainsi que des causes nobles méritant plus de considération que l’actuel silence numérique assourdissant dont elles souffrent. Ceci étant ouvertement précisé, quels enseignements retirer de ce sexisme digital qui a l’art d’enflammer la Toile ?

La misogynie entre virilité et viralité

Sexisme - NumericableBien que les clichés misogynes aient toujours inspiré des publicitaires un peu bourrins en mal d’impact, ces derniers passent de moins en moins bien aux yeux de certaines communautés sur les réseaux sociaux. En quelques semaines, trois campagnes dans des domaines extrêmement différents, se sont fait épingler par les socionautes. C’est Numericable qui a ouvert le bal en début d’année avec un visuel provocateur où la vitesse de la fibre haut débit de l’opérateur était comparée à l’extrême volatilité supposée d’un avis féminin. A peine était-elle publiée dans le quotidien gratuit 20 Minutes que la vile publicité déclenchait des commentaires outrés sur Twitter et consorts, cliché coupable à l’appui !

Quelques semaines plus tard, rebelote avec le Conseil général de la Moselle. La mécanique est identique. Pour inciter les habitants du département à pratiquer le tri sélectif, l’administration départementale concocte un visuel représentant un sac poubelle plastique en forme de buste féminin, le tout proclamant le « régime minceur pour vos déchets » ! Paru en quatrième de couverture du magazine du Conseil général, le concept publicitaire n’a guère été goûté par quelques Mosellans. Résultat : un nouveau pilonnage à boulets rouges sur les réseaux sociaux pour cette campagne pas franchement délicate et même l’intervention des Chiennes de garde qui ont porté plainte devant un jury de déontologie publicitaire.

Tout récemment, ce fut au tour de Stabilo et son célèbre quadragénaire surligneur fluo de se faire assommer digitalement à cause d’un communiqué de presse ambivalent. Toute fière de souffler sa 40ème bougie, la marque avait décidé pour marquer le coup, de féminiser la silhouette de son stylo aux épaules carrées et lui donner ainsi un petit air de tube de mascara répondant au doux nom de Néon. L’ensemble était accompagné d’un petit laïus appuyant lourdement sur la féminité enfin révélée d’un crayon longtemps trapu comme un homme. Mauvais calcul pour Stabilo ! Nombreuses sont alors les femmes à noircir la twittosphère de messages furibards et détournements d’images ironiques.

Un bad buzz systémique … pas si innocent

Sexisme - CG57 hommeFace aux leviers de boucliers, les marques incriminées ont réagi de manière presque similaire. Dans le cas de Numericable et du Conseil général de Moselle, un premier contrefeu a aussitôt été allumé pour tenter de calmer le jeu. A peine la controverse tweetait-elle à plein régime que les deux annonceurs ont dégainé le pendant masculin du visuel si vilipendé. Avec Numericable, cela donnait ainsi le slogan côté homme « Téléchargez aussi vite que votre mari oublie ses promesses » tandis que le Conseil général mosellan sortait sa version sac poubelle en forme de torse masculin. En dépit de cette réplique au débotté, la fureur ne s’est guère calmée sur les réseaux sociaux et les déclinaisons masculines furent à peine remarquées !

Si l’opérateur fournisseur d’accès à Internet est ensuite demeuré droit dans ses bottes, le Conseil général a en revanche rapidement ajouté ses excuses les plus plates dans la foulée du barouf engendré tout en déplorant une mauvaise interprétation de ses intentions publicitaires. Des excuses, Stabilo en a également aussitôt formulé devant la grogne virulente en diffusant dans la journée même un communiqué et un tweet contrits mais avec une pointe d’humour : « Aujourd’hui, Stabilo en a vu de toutes les couleurs. Nous n’aurions jamais imaginé qu’un surligneur puisse déclencher de telles réactions. Mille excuses pour ce malentendu ».

Du coup, se pose une question lancinante : comment se fait-il que des marques persistent à communiquer sur ce registre sexiste qui déclenche à coup sûr des retours de bâton numériques bien sentis. La réponse est sûrement plus prosaïque (voire cynique) qu’il n’y paraît : faire parler de soi à tout prix à l’instar de la célèbre réplique attribuée au journaliste Léon Zitrone : « Qu’on parle de moi en bien ou en mal, peu importe. L’essentiel, c’est qu’on parle de moi ! ». Hormis faire monter dans les tours quelques milliers de socionautes peu enclins à sourire de blagues à ras les pâquerettes, les annonceurs atteignent un objectif et pas des moindres : faire parler de leur produit ou de leur campagne. Une fois passée la tempête dans le verre d’eau, c’est in fine une visibilité conséquente (plus qu’un slogan soft n’aurait pu le faire) que gagnent les adeptes des pubs sexistes auprès de cibles plus larges et nettement moins préoccupées par les débats moraux et féministes.

Ne pas se tromper de combat

Exemple de discours sexiste sur le Web qui doit clairement être combattu

Exemple de discours sexiste sur le Web qui doit clairement être combattu

Dans ce contexte où finalement le mercantile l’emporte sur les réactions féministes si vives soient-elles, ne conviendrait-il pas dès lors d’ignorer superbement ces discours qui visent précisément à créer le buzz, peu importe qu’il soit qualifié de « bad » ou de « good ». Blogueuse sur le site canadien Voir.ca et étudiante à la faculté de droit de l’Université McGill, Aurélie Lanctot fait partie de ces internautes qui combattent systématiquement ces saillies sexistes. Pour elle, il est hors de question de lâcher l’affaire (1) : « Les réseaux sociaux peuvent donner l’impression que les féministes sont partout et nous assistons donc à une réaction primaire de rejet du féminisme. Je ne dirais pas qu’il y a plus de sexisme, mais peut-être est-il plus visible. Mais ce que je vois surtout, c’est que les réseaux sociaux ont contribué à dépoussiérer le discours féministe et à lutter contre le sexisme. Et ça, c’est une bonne chose ».

En matière de lutte contre le sexisme, les réseaux sociaux ne font effectivement jamais relâche. La marque de goûter pour enfants, BN, en sait quelque chose même si son affaire a généré moins de bruit que les marques citées précédemment. Fin janvier 2014, la marque avait décidé de jouer humoristiquement sur les clichés fille-garçon sur les paquets de ses biscuits. C’est ainsi qu’elle s’aventura à lancer sur l’un d’entre eux : « Le rugby féminin existe … ça s’appelle les soldes ! ». Le boomerang numérique fut alors immédiat avec moult tweets agacés de la gent féminine.

En 2013, Facebook fut lui-même contraint de céder aux revendications de groupes féministes virulents en concédant un renforcement de la modération et du contrôle des propos à caractère sexiste au sein de son réseau. La seule différence est que cette fois, les récriminations s’attaquaient en effet à des dérives parfaitement condamnables de groupes Facebook odieusement baptisés (2) « Violer son amie juste pour rire » ou encore « Voilà pourquoi on viole les femmes indiennes ».

Halte aux amalgames improductifs

Sexisme - blagueSi la vigilance contre les dérives sexistes est totalement légitime, le placement du curseur est en revanche plus discutable. Autant il est sain et nécessaire de s’insurger contre les contenus appelant au viol ou cultivant une image franchement dégradante de la femme, autant il semble quelque peu excessif et caricatural de grimper aux rideaux pour quelques blagues publicitaires pas forcément futées mais loin d’être des agressions haineuses envers le corps féminin.

Or, à force de cultiver à brûle-pourpoint cette irascibilité mâtinée de police de la pensée « correcte », il n’est pas acquis que la lutte contre le véritable sexisme et autres discriminations que subissent les femmes, y gagne en clairvoyance et en pertinence. Sans doute, Numericable aurait-il été plus inspiré de sortir simultanément ses visuels moquant femmes et hommes plutôt que de démarrer d’abord uniquement avec la version féminine. Mais de là à crucifier des marques à l’inspiration mollassonne avec des bad buzz offusqués, il y a là un cruel manque de pondération qui pourrait même d’ailleurs aboutir au paradoxe suprême : banaliser les emportements à fleur de peau des féministes chassant la pub sexiste tant le moindre mot un peu chambreur devient passible de bad buzz enragé.

Quant aux marques et à ceux qui conçoivent leurs communications publicitaires, ces derniers devraient songer à recourir un peu plus souvent à un registre humoristique alternant équitablement les piques contre les petits travers féminins … et masculins. Cela aurait ainsi le mérite de permettre à tous de continuer à rigoler sympathiquement de nos différences. En tant que représentant du sexe masculin, je ne me sentirai pas agressé si un jour, une publicité se moque allègrement des travers spécifiques aux mâles. Gardons plutôt tous notre énergie d’indignation pour d’authentiques causes comme les violences faites aux femmes ou l’encore trop lointaine parité homme-femme dans les entreprises et en matière de salaire. Si bad buzz il doit y avoir, c’est bien sur ces thématiques cruciales et non pas sur des slogans bourrus qui finalement profitent quand même à ceux qui les émettent !

Sources

(1) – Nathalie Collard – « Non, le sexisme n’est pas mort en 2014 » – La Presse.ca – 10 mars 2014
(2) – Linda Robert – « Sexisme et réseaux sociaux : Facebook réagit sous la pression de féministes » – Marie Claire – 30 mai 2013

En complément

– Un avis contraire à ce billet mais qui offre d’intéressants points de vue : « Bad buzz & sexisme : beaucoup de bruit pour quelque chose » par Sophie Gourion – Blog Tout à l’Ego – 17 mars 2014

 



30 commentaires sur “Bad Buzz & Sexisme : Beaucoup de bruit pour rien ?

  1. Morte  - 

    Vous croyez vraiment que je peux aller mieux, au point où j’en suis ? Je suis si révoltée, chaque phrase que je tape ici me noue la gorge et me fait pleurer.
    Quoi que vous en pensiez, je ne veux pas vous démolir. Je comprends même que vous me puissiez me trouver injuste et excessive, et je suis désolée pour vous que ma colère soit tombée sur vous, vous n’êtes pas responsable individuellement d’un système pourri jusqu’à la moëlle. Mais je veux désespérément que vous compreniez quelles dramatiques sommes de souffrances peut masquer un stylo rose en bas résilles, et donc que tous les moyens sont bons pour dynamiter un tel système. Là seulement, ça aura servi à quelque chose.

  2. Morte  - 

    Ma colère vous arrange bien, elle vous permet de vous défiler et de m’en attribuer la responsabilité. Mais je doute que quiconque soit dupe, en tout cas moi je ne le suis pas : vous n’aviez pas la moindre intention de remettre en question vos raisonnements erronés, vos précédentes réactions à des commentaires encore une fois justes et mesurés le prouve. Moi non plus, je ne cherche pas à débattre avec vous : c’est inutile et je sais reconnaître une cause perdue. Au moins, en bonne hystérique qui se respecte, je me suis défoulée. Et comme je ne suis pas totalement désespérée, je veux croire que d’autres que vous me liront et surtout me comprendront, hommes ou femmes, féministes ou non.

    Vous ne savez pas ce que nous vivons au quotidien. Nous subissons des ignominies petites ou grandes, sans cesse, plusieurs fois par jours, entre ces pubs immondes partout, dans la ville, dans nos journaux, sur Internet, dans les remarques et blagues sexistes plus ou moins conscientes que nous entendons sans arrêt chaque jour (entourage familial, professionnel, radio, télé -mon dieu les JO-), nous sommes débitées en nichons et culs et bouches à pipes sur tous les supports possibles sans arrêt, nous sommes harcelées par des demeurés dans la rue, nous avons peur dès que nous entendons des pas derrière nous, nous passons notre vie à développer des stratégies pour nous protéger parce que dehors c’est dangereux (mais dedans c’est PIRE, bordel !) bref nous sommes en état de siège permanent, et quand nous essayons de lutter contre toutes ces ignominies, QUOI QUE NOUS FASSIONS, il y a toujours des HOMMES pour nous dire que ce n’est pas ce qu’il faut faire !!! Et vous vous étonnez que ça déclenche de la colère et de la violence (verbale seulement, et toute relative) à votre endroit ?

    J’insiste, parce que manifestement vous ne vous rendez pas compte : ce que nous faisons, ce n’est JAMAIS ce qu’il faut faire. Lutte contre le harcèlement de rue avec Sofie Peeters ? Accusation de racisme et d’exagération. Lutte contre le voile ? Accusation d’islamophobie. Lutte contre le système prostitutionnel ? Accusation de puritanisme et de mal-baisage. Lutte contre les discriminations par les quotas ? Accusation de favoriser l’incompétence (car une femme, par essence, c’est d’abord incompétent). Je m’arrête là, mais sans chercher beaucoup, on trouverait facilement dix, quinze exemples de plus.

    Moi aussi, je peux vous dire ce que vous pourriez faire si vous vous sentiez un tant soit peu concerné : nous écouter sans nous interrompre, sans mettre notre parole en doute, sans nous renvoyer la faute, admettre la gravité des sujets que nous soulevons même si vous ne la cernez pas bien, vous RENSEIGNER sur les sujets en question, nous SOUTENIR dans nos actions, voire mieux : mettre en place vos propres actions, en tant qu’homme féministe assumé et revendiquant l’être, car dans ce monde de merde, la parole des femmes ne vaut rien. Chiche ? Non, hein ? Mmmmh, je m’en doutais. Procès d’intention de ma part parce que je ne connais pas votre vie et qu’en fait, vous êtes déjà un super militant féministe plein de faits d’armes à votre actif ? Alors ça, oui, j’en doute. Je ne demande qu’à changer d’avis. Vraiment.

    Si vous n’avez pas mieux à dire, sur ces sujets, que les féministes ne se battent pas comme il faut, sachez que vous ne faites rien d’autre que nous enfoncer un peu plus la tête sous l’eau. Alors abstenez-vous, parce que pour le coup, votre « combat » à vous est détestable et même, meurtrier : vous êtes une goutte d’acide dans un océan de vitriol, dans lequel moi j’ai déjà coulé, parce qu’en plus, je suis en sursis. Ce que le sexisme avait laissé à peine en vie chez moi, le cancer va l’achever. Je suis la haine personnifiée, oui. Et j’ai de bonnes raisons. Quel immonde gâchis.

    Dormez bien.

  3. Morte  - 

    Une fois ma colère légèrement retombée après une mauvaise nuit de sommeil, je reviens apporter une précision et un complément à mon précédent message.

    Vous estimez, dans vos commentaires, n’avoir pas été compris. Je précise que j’ai bien compris votre propos : pour ces marques, qu’on en parle en bien ou en mal, l’essentiel est qu’on en parle. Donc, générer ces bad buzz, de la part des féministes, c’est leur rendre service, ce qui fait de nous de pauvres débiles à éduquer d’urgence. C’est l’idée de base qui autorise tout votre développement sur les « bons » et les « mauvais » combats des féministes, et qui vous amène au mansplaining ou mecsplaining (et non mainsplaining, my mistake) en féminisme : « je n’y connais rien, mais je vais vous dire ce que vous devez faire ».

    Eh bien sur ce point de l’inutilité du bad buzz aussi, vous avez tort. Car je peux vous assurer d’une chose : Stabilo et moi, c’est définitivement terminé. Dommage pour eux, car j’étais une bonne cliente : ayant des enfants scolarisés gros consommateurs de fournitures scolaires et pour de nombreuses années encore, étant moi-même consommatrice d’un point de vue professionnel, je n’achetais pas que des surligneurs Stabilo, mais quantité d’autres produits de cette marque. Voilà donc un argent qu’ils n’auront PLUS JAMAIS. Et c’est grâce à ce bad buzz., car sans lui, je n’aurais peut-être pas entendu parler du problème, j’aurais aussi pu ne pas en réaliser l’étendue : même les esprits féministes sont conditionnés à tout un tas d’horreurs. Au moins ils s’en défendent et se remettent en question, eux.

    Chez moi, chaque bad buzz de ce style prend sa place dans une liste de marques interdites de séjour à mon domicile. Certes, ça complique un peu la vie au début, il faut trouver des alternatives et ce n’est pas toujours simple, mais ça vaut largement la peine.

    Et surtout, surtout, ces bad buzz me permettent d’éduquer mes enfants, de leur faire comprendre les enjeux, de les amener à être des consommateurs responsables et à refuser les abus sexistes et/ou racistes. Une goutte d’eau dans l’océan ? Oui, mais l’océan est plein de gouttes d’eau. A force de gouttes d’eau, on peut finir par faire plier une multinationale.

    Merci à toutes les féministes qui lancent ces alertes et font prospérer ces bad buzz.

    Que ces abrutis prennent enfin conscience que leur humour cromagnonesque fait diminuer le chiffre d’affaires des entreprises qu’ils sont censés booster par leur « art ». Que leurs commanditaires prennent conscience qu’en cherchant à tout prix qu’on parle d’eux, ils finissent par scier la branche sur laquelle ils sont assis.
    Car chaque bad buzz leur fait perdre des clients. Leurs pitoyables rétropédalages à retardement n’y changent rien.

    1. Olivier Cimelière  - 

      Par la violence de vos propos réducteurs à mon égard, vous êtes tout aussi critiquables que les crétins qui imaginent les publicités débiles dont les questions dans ce billet. C’est pourquoi je ne prendrai même pas la peine d’argumenter. Cela ne ferait que décupler votre haine puisque vous avez décidé une bonne fois pour toutes de me ranger dans la catégorie des bourrins proches de l’homme des cavernes. C’est sûr qu’avec de pareils arguments, on peut espérer construire des échanges constructifs

  4. Morte  - 

    Sur votre façon de disqualifier l’indignation des féministe en les traitant d’hystériques à mots couverts (ce qui vous permet hypocritement de vous en défendre), voici les exemples que j’ai relevés :

    – dans le corps du texte : « les foudres d’internautes féministes », « la fibre irascible des twittos les plus militants », « me faire étriper gratuitement », « commentaires outrés », « pilonnage à boulets rouges », « se faire assommer digitalement », « messages furibards », « tempête dans le verre d’eau », « moult tweets agacés de la gent féminine », « groupes féministes virulents », « récriminations », « excessif et caricatural de grimper aux rideaux », « irascibilité mâtinée de police de la pensée « correcte » », « crucifier », « cruel manque de pondération ».

    – dans vos commentaires : « Alors avant de s’agacer d’emblée et de me faire dire des choses que je n’ai pas dites, ni suggérées (hystéros notamment), on lit bien au lieu de réagir au quart de tour. »
    Cette phrase à elle seule est un combo d’accusations d’hystérie (= « s’agacer d’emblée -donc sans réfléchir-« , « réagir au quart de tour »), de paternalisme et de mainsplaining (« on lit bien »), en réponse à un commentaire simplement ironique (et à raison) et plutôt mesuré.

    Vous persistez vraiment à penser que vous n’avez même pas « suggéré » l’hystérie ? Sérieusement ? Allons !

    Je n’ai pas le courage de faire la même analyse lexicale de votre manière d’excuser les publicitaires pour leurs fautes somme toute si vénielles, mais à la lecture de votre texte, j’ai l’impression d’avoir reçu une gifle. Et aucun des commentaires pourtant très intelligents et très pédagogiques que vous avez reçus ne semble vous amener à une quelconque remise en question, tout droit dans vos bottes que vous êtes. Mais tant mieux pour vous, c’est bien d’avoir la conscience tranquille, surtout quand on est du côté du manche. Et puis vous avez raison de vous protéger. Si vous voyiez ce que voient les gens qui ont ouvert les yeux, ça pourrait être fatal à votre estime de vous en tant qu’homme et en tant que membre d’un groupe dominant et honteusement privilégié.

    Quant à ça :
    « quelques blagues publicitaires pas forcément futées mais loin d’être des agressions haineuses envers le corps féminin »
    et ça :
    « En tant que représentant du sexe masculin, je ne me sentirai pas agressé si un jour, une publicité se moque allègrement des travers spécifiques aux mâles »

    Puisque vous vous basez sur votre ressenti (« je ne me sentirai pas agressé ») pour décréter ce que doit être le nôtre, à nous les hystériques, permettez-moi cette petite analogie : j’ai été agressée physiquement cinq fois dans ma vie, dont trois agressions sexuelles, dont deux incestueuses, séquelles psychologiques irréparables, sexualité détruite. Est-ce suffisamment haineux, pour vous ?

    Alors moi aussi, j’ai un ressenti : je ressens dans ma chair que si je suis cette victime à jamais abîmée, c’est en raison d’un continuum de permissivités multiples, rendues possibles entre autres par ces pubs de merde sorties de cerveaux inconscients, incontinents, égoïstes, égocentriques et dans le déni le plus total (ça c’est pour que mon hystérie vous permette de rester retranché dans votre monde de bisounours publicitaires, vous avez l’air d’apprécier ce petit confort que les fémnisystéros vous offrent) (de rien).

    Si je suis démolie, et tant d’autres avec moi et pour les mêmes raisons, c’est parce qu’un corps féminin, ça se met en morceaux dans un sac poubelle pour rire (ce n’est pas une agression haineuse envers le corps féminin, ça ????), parce qu’un corps féminin ça ne sait pas ce que ça veut alors ce n’est même pas la peine de demander de toute façon ça change d’avis, etc. etc. etc. jusqu’à la nausée, jusqu’à la mort psychique, jusqu’au suicide.

    Alors moi, je me sens mortellement agressée, oui. Mais moi je sais de quoi je parle. Vous, NON. NON.
    Et ma colère, ma rage, ma haine même, ne sont aucunement de l’hystérie. Elles sont légitimes et justifiées. Et si j’ai envie de hurler quand je vois un tronc féminin dans un sac poubelle pour rire quand tant de femmes meurent de violences conjugales (vous savez, le truc dont nous devrions plutôt nous occuper, selon vous), mais qui êtes-vous pour me dire que j’ai tort ? Comment osez-vous ? D’où parlez-vous ? Et mes cinq agressions françaises en France par des Français, mon corps haï par eux et par moi, mon corps foutu détruit, est-ce que ça vous paraît plus grave, moins grave, aussi grave, ou à moitié grave ou au quart moyennement grave, que les différences salariales hommes/femmes ? Ou bien est-ce que moi aussi, il faut que j’aille m’occuper de l’Afghanistan et sinon fermer ma gueule ? Alors, qu’est-ce que je dois faire, Monsieur l’Homme Qui Sait Quels Sont Les Vrais Combats ?

    Je ne sais pas ce que je dois faire (je suis une femme, hein, il ne faut pas trop m’en demander), mais en tout cas, quand je lis les milliards de messages comme le vôtre qui inondent la toile bien plus que n’importe quelle malheureuse protestation féministe, je sais ce que j’ai envie de faire : j’ai juste envie de me pendre.

    Bonne continuation à vous, sinon.

    1. C.  - 

      Je suis désolée qu’il vous soit arrivé de telles choses. Je fais partie des chanceuses jusqu’ici… J’espère sincèrement que vous vous reconstruirez et vous aimerez comme vous le méritez en dépit de toutes les attaques, les blagues, la désinvolture, la négligence, la condescendance, la haine.
      Nous somme plus fortes que ça et nous méritons toutes mieux que ça. Prenez soin de vous ♥

      1. Morte  - 

        Merci, C., pour votre empathie qui me touche. Votre message d’espoir me permet de rêver que les choses s’arrangeront un jour pour les autres, en particulier pour ma fille, mais aussi pour mon fils, car tout le monde a à perdre à détester ainsi les femmes.

        Mais je ne me reconstruirai pas, c’est trop tard pour moi. Et d’ailleurs, c’étaient là mes dernières grosses colères. Je vais tourner la page et consacrer le temps qui reste à autre chose.

  5. John Doe  - 

    Après avoir lu l’article de bout à bout, une chose est sûre, vous n’avez pas une connaissance ne serait-ce que basique du féminisme (et même DES féminismes).

    Tout d’abord, lorsque vous parlez de « maladresse des publicitaires », c’est déjà les dédouaner du sexisme qu’ils véhiculent. Un slogan n’est pas une maladresse, jamais. Il a été pensé, préparé soigneusement et validé avant d’être affiché. Je ne vois d’ailleurs pas pourquoi vous parlez d’abord de maladresse pour ensuite dire que ces slogans sont étudiés pour provoquer le bad buzz et donc la visibilité.
    Cette visibilité d’ailleurs, est ridicule. En quoi est-il intelligent de faire parler de soi comme d’une entreprise sexiste ? En quoi cela va-t-il amener de la sympathie à la marque et donc des clients ? Ces buzz sont comme bon nombre de publicités : sexistes et dénuées d’originalité. L’évolution des moyens de communication et un ras-le-bol ayant acquis une voix plus forte grâce à ces derniers font qu’on en entend beaucoup plus parler.

    Pour ce qui est des versions masculines, elle n’ont pas lieu d’être. C’est comme si, pour s’excuser d’avoir frappé un noir au hasard, on frappait un blanc au hasard et qu’on disait « vous voyez ? Pas de racisme ici. », c’est du nivellement par le bas. Deux affiches sexistes n’annulent pas le sexisme, ça en fait juste encore plus, il faudrait en premier lieu arrêter d’en faire.

    Enfin, vos piques sur l’hystérie des intervenant-e-s (« grimper aux rideaux » « irascibilité mâtinée de police de la pensée « correcte » ») n’empêche pas leur bien-fondé. Ces interventions sont l’écho d’un ras-le-bol quant au sexisme ordinaire. Dire qu’il ya des combats plus importants, c’est ignorer celui-ci, qui a tout autant sa place. En outre, ce n’est pas à vous de décider ce qui est important ou non. Ce n’est pas à vous de dire ce qui est grave et ce qui est « passable ».

    Il n’y a aucune indignation dans les retours que se prennent ces marques, il y a une contestation, tout simplement. Faire remarquer ces saillies sexistes, ce n’est pas instaurer une « police excessive de la pensée correcte » comme vous le dite, c’est mettre en lumière le sexisme ordinaire subit par tous-tes, tous les jours, et faire en sorte que notre société se dirige vers plus d’égalité de traitement.

    Ho, et votre idée d’alterner les blagues sur les différences homme-femme… la seule grosse différence se passant aux niveau des organes génitaux, je ne pense pas que des pubs à base de pénis et de vagins auront bon accueil.

      1. John Doe  - 

        Désolé que vous ne puissiez supporter un commentaire n’allant pas dans votre sens, mais je ne fais pas que lire « ce que je veux », j’analyse les mots que vous employez et ce que vous proposez. En lisant plus bas dans les commentaires, je vois que je ne suis pas le seul à avoir remarqué le champ lexical « léger » que vous tenez aux publicitaires et celui un peu plus « lourd » à l’encontre de leurs réfractaires. Pour ma part, je ne vous accuse pas d’être un « bourrin », je dis juste que vous essayez de justifier leur comportement (et donc si vous ne « cautionnez absolument pas » les comportements de ces bourrins, vous cautionnez par contre les-dits bourrins) et de décider à la place du mouvement féministe quels combats mener, alors que, manifestement, vous n’avez pas de grandes connaissances du sujet.

        Mon but ici n’est pas d’être agressif, juste de vous faire voir (ou tout du moins d’essayer) où votre raisonnement bloque gravement.

  6. Julien  - 

    On ne naît pas homme, on le devient ! 🙂

    Mon commentaire soulignait juste le fait que faire évoluer les représentations c’est important aussi.

    Pas besoin d’être un gros bourrin macho pour être sexiste, en fait nous le sommes tous plus ou moins (garçons ET filles) parce qu’on a grandi comme ça.

    Le problème c’est que le discours antisexiste n’est relayé que par des groupes « féminisés » (d’ailleurs on entend plutôt coté « homme » des groupes qui souhaitent revenir à une situation « des années 50 »).

    Ca vient d’une pensée qui a émergé depuis plus longtemps, de pressions frontales menées par des groupes de… pression et du simple fait que « nous, les hommes » disposons d’une place dans la société et de représentations plus favorables…

  7. C.  - 

    ► »Et si les priorités étaient ailleurs ? » / « Ne pas se tromper de combat »
    Bien. Quelles priorités ? les Afghanes, les Syriennes, l’excision ? Ou est-ce qu’on se contente de la France, plafond de verre, viols ? Une liste hiérarchique des problèmes est-elle disponible quelque part pour que je puisse être sûre de ne me consacrer qu’aux problèmes prioritaires ?
    Si je vais m’acheter un pain au chocolat, ces deux minutes sont-elles plus légitimes que si je les avais passées à critiquer un surligneur ? Est-ce que chaque minute de ma journée doit être absolument consacrée à une grande cause ? Merci de bien vouloir m’éclairer.

    ► »il n’est pas acquis que la lutte contre le véritable sexisme et autres discriminations que subissent les femmes »
    Là encore, pourrait-on avoir une liste de ce qui forme le véritable sexisme ? Créer un stylo « pour elle » relèverait du faux sexisme ; je suppose donc qu’il y a une justification logique et rationnelle à la création d’un stylo pour femme. Je suis curieuse d’en entendre plus à ce sujet.

    ► »Sans doute, Numericable aurait-il été plus inspiré de sortir simultanément ses visuels moquant femmes et hommes »
    « un registre humoristique alternant équitablement les piques contre les petits travers féminins … et masculins »
    Ou alors on pourrait faire de la pub sans utiliser de clichés éculés ? sans se sentir obligé de ridiculiser tel ou tel groupe ?

    ► »En tant que représentant du sexe masculin, je ne me sentirai pas agressé si un jour, une publicité se moque allègrement des travers spécifiques aux mâles. »
    Et comme nous savons tous qu’il n’y a aucune différence de traitement ou de situation entre les femmes et les hommes de ce pays, cette comparaison est totalement justifiée.

    ► »Gardons plutôt tous notre énergie d’indignation pour d’authentiques causes. »
    Hé bien zut. C’est tout ce que j’ai à dire pour finir. Déjà, on n’a pas besoin qu’un homme vienne nous expliquer ce qui devrait nous indigner ou non. Je garde mon indignation pour ce que je veux.
    Si en tant que femme, ça me sort par les yeux qu’on en soit encore à décréter que tout objet jusqu’ici neutre était en fait réservé aux hommes et que la Fâme ne peut rien faire sans un outil tout doux, rose et sans calorie, je me réserve le droit de m’indigner. L’homme blanc hétéro est l’humain par défaut, c’est souligné encore et encore par le marketing genré (tout ce qui est neutre est masculin : on a besoin de faire varier le produit en rose pour qu’il corresponde à la Fâme) et ça, personnellement, je trouve que c’est une source d’indignation authentique et infinie.
    Je ne suis pas une variante de l’humain de base, je suis un humain putain. Je peux utiliser le même stylo qu’un humain avec un pénis. Je peux jouer au foot sans qu’on soit obligé de préciser « foot féminin ». Vous avez déjà vu qu’on précisait « foot masculin » vous ? Pourquoi se sent-on obligé de préciser pour les femmes ? Parce que ça sort de la normalité. Le Normal, c’est l’Homme blanc, et ça, ça m’indigne vachement oui.
    Testez pour voir : dessinez un bonhomme bâton, un rond pour la tête, une sourire et des bâtons pour les membres, et voyez autour de vous combien de personnes s’imagineront que c’est une femme. Personne. Pour y voir une femme, vous devrez y ajouter des cheveux longs ou une jupe. Parce que le féminin doit être marqué, parce qu’il se différencie de l’humain « de base ». Alors peut-être que pour vous, le marketing genré c’est rien, c’est pas une « cause authentique ». Mais vous n’êtes pas une femme. Vous ne savez pas à quoi renvoie le marketing genré.

    Et comme à chaque « nan mais vous vous trompez de combat / ça c’est pas grave, vous exagérez / gardez votre énergie pour un truc plus important », j’ai envie de dire : mais merde, ça prend UNE MINUTE d’écrire un tweet assassin sur un stylo à la con. C’est comme si à chaque remarque concernant le marketing genré, on s’imaginait que les critiqueuses ne font QUE ça de leur journée, critiquer le Stabilo machin.
    Vous savez pourquoi les bad buzz rassemblent autant de gens ? parce que ça prend une minute. Et une fois qu’on s’est bien lâché·e sur un sujet peut-être pas important pour vous, sur un sujet un peu plus léger que le viol collectif ou la lapidation, on peut reprendre notre journée de combat incessant pour toutes les grandes causes.

  8. Hollie  - 

    J’ai lu avec intérêt votre article et je suis assez d’accord que ces campagnes sont faite pour faire le buzz, mais essayons de mettre ça en perspective:

    « autant il semble quelque peu excessif et caricatural de grimper aux rideaux pour quelques blagues publicitaires pas forcément futées mais loin d’être des agressions haineuses envers le corps féminin. »

    Les publicitaires feraient des blaguounettes sur les noirs ou les arabes ou tout étranger, les associations anti-racisme monteraient au crénau illico-presto.

    Et je suis désolée, mais être réduite à la minceur, au shopping et compagnie, ça m’éneeeeeeeeerve!!!

    Je suis pas contre se moquer de nous, mais de temps en temps se moquer des hommes c’est marrant aussi (gentiment bien entendu, d’ailleurs j’aime bien ça: « Téléchargez aussi vite que votre mari oublie ses promesses »)!

    1. Olivier Cimelière  - 

      Je suis tout à fait preneur de blagues moquant les hommes dans les publicités. Il en existe d’ailleurs quelques-unes (pas assez certes) mais bizarrement on les remarque moins.
      Encore une fois, je comprends que le corps féminin puisse mal réagir à certaines blagues publicitaires. Ce n’est pas parce que je suis né homme, que je suis dénué de tout recul et que je me cantonne uniquement aux blagues de corps de garde.
      Je suis père d’une petite fille que j’adore et il est hors de question qu’elle soit méprisée ou renvoyée à des images des années 50.

      Ce qui est dommage (mais alors très dommage si j’en juge par d’autres commentaires liés à ce billet), c’est qu’on ne puisse pas avoir une discussion sereine sur le sujet. Parce que je suis un homme, je n’ai pas le droit de m’exprimer. C’est en substance le contenu de ces commentaires qui réduit le débat à femme = opprimée et homme = oppresseur. Je suis désolé mais être de sexe masculin n’implique pas forcément d’être un bourrin macho comme certains se sont plu à vouloir me décrire à la suite de ce billet.

      La parité homme-femme se gagne et se gagnera sur d’autres terrains (les entreprises, les lois, etc) plutôt qu’hurler à peu de frais sur des pubs débiles. Mesdames, votre cause est noble et je suis le premier à défendre les droits féminins. Mais j’en ai assez d’être renvoyé dans les cordes par ce que je suis un homme et parce que j’ose émettre une vision un poil moins frontale …

      Si pour vous, défendre constructivement les droits de la Femme c’est cogner façon Femen alors effectivement je n’approuve. Tout comme je critique les hommes encore nostalgiques de la femme ménagère, potiche ou simple objet sexuel. Maintenant si ça rassure certains et certaines de me caricaturer (sans même me cônnaître de surcroît), libre à vous de vous défouler ! On a le plaisir qu’on peut parfois …

      1. C.  - 

        ► « Ce qui est dommage (mais alors très dommage si j’en juge par d’autres commentaires liés à ce billet), c’est qu’on ne puisse pas avoir une discussion sereine sur le sujet. Parce que je suis un homme, je n’ai pas le droit de m’exprimer.  »

        Je suppose faire partie des commentaires en question (pas que je le prenne mal, hein) donc je vais vous répondre : non, on n’estime pas que vous n’avez pas le droit de vous exprimer. En revanche, on vous demande de faire plus attention à ce que vous dites et à la manière dont vous le dites.
        Que vous lanciez une discussion autour du féminisme, c’est très bien. Que vous critiquiez le féminisme ou certaines actions, pourquoi pas, il y a tout un tas de choses critiquables dans divers courants féministes (cela étant, ça devient glissant pour vous et vous devez alors faire attention à vos propos).

        Ce que l’on vous reproche ici, c’est de dire aux femmes ce que sont leurs vrais combats et ce qu’elles devraient ressentir. Et là-dessus, vous n’avez aucune légitimité. Vous ne savez pas ce que c’est que d’être une femme et de vivre au quotidien dans une société profondément sexiste : à ce titre, vous ne pouvez pas prétendre savoir quel sexisme devrait être combattu, quelle cause devrait passer avant telle autre. Vous ne pouvez pas dire aux femmes qu’elles devraient être indignées par ceci et non cela, ce n’est pas vous qui êtes opprimé.

        C’est une question de légitimité et d’expérience. Je suis blanche, je ne connais pas le racisme, et je n’irais pas dire à un Noir que non, la pub Banania n’est pas si grave, y a pas mort d’homme et il faut s’indigner pour des choses « plus graves ». S’il se sent discriminé et insulté, ce n’est pas à moi de lui imposer un ressenti différent alors qu’en aucun cas je ne connaîtrai sa situation.
        C’est comme si je disais aux hommes qui se plaignent de systématiquement perdre la garde de leurs enfants en cas de divorce que c’est bon, y a plus grave, pourquoi vous vous occupez pas des hommes battus plutôt, vous allez les revoir vos mômes ? Comme si je vous disais que ça va, un coup dans les parties ça fait pas si mal que ça, moi une fois on m’a pincé les fesses et j’en suis pas morte alors bon, arrêtez de chouiner.

        Bah non. Et c’est exactement ce que vous faites dans cet article et c’est cela qu’on vous reproche.
        Se poser la question du bad buzz, se demander si ça fait ou non le jeu des marques, oui, c’est intéressant. Le faire en disant que franchement y a plus grave et que les femmes devraient s’indigner pour d’autres choses, non, ça ne va pas. Vous vous permettez d’expliquer à des opprimés que leur ressenti n’est pas le bon, alors que vous ne pouvez pas savoir de quoi vous parlez.
        Vous n’iriez pas écrire un article disant que la douleur de l’accouchement n’est pas si terrible. Mais vous pourriez écrire sur l’accompagnement hospitalier, la surmédicalisation, le bonheur de devenir père, le travail des sages-femmes. Bin là c’est pareil. Exprimez-vous tant que vous le souhaitez, mais ne le faites pas à la place des autres, quels qu’ils soient.

      2. Hollie  - 

        En aucun cas (ou alors je me suis mal exprimée) je vous interdit de vous exprimer… Mon commentaire était peut être trop court ou trop vague. Loin de moi de vous réduire à un oppresseur!

        C’est juste cette phrase là « autant il semble quelque peu excessif et caricatural de grimper aux rideaux pour quelques blagues publicitaires pas forcément futées mais loin d’être des agressions haineuses envers le corps féminin. » qui me fait légèrement sourciller. Et on peut tout à fait en débattre 🙂

        Après non, je n’approuve pas forcément les Femen (je ne connais pas excessivement ce groupe de toute manière). J’ai l’impression parfois que certaines actions « féministes » sont uniquement pour revendiquer la supériorité de la femme sur l’homme… (je précise c’est une impression)… on devrait se battre pour l’EGALITE.

        Enfin bref, j’espère que ce que je viens d’écrire a du sens. J’espère avoir été claire…

  9. Julien  - 

    Le problème cher Olivier c’est que ton post et tes commentaires sont emplis de ce sexisme que tu semble vouloir dénoncer. Le « véritable » sexisme c’est aussi la perpétuation des clichés, ce que tu appelles les petits travers.
    La publicité joue un rôle majeur dans les représentations et l’ARPP est censé autoréguler la profession (cas Numéricable). La règle doit être: la publicité véhicule un cliché = OUT
    Le problème des campagnes web ou « virales » est un peu différent car Internet reste difficile à réguler.
    Le cynisme (ou l’absence de bon sens) des DC qui sortent ces campagnes ne peut être combattu que par des mouvements d’opinions forts (le jour où le DC enlève cette campagne de son book pour décrocher un job = c’est gagné).
    Bien évidemment et tu le soulignes les violences faites aux femmes, les incivilités, le plafond de verre(ce que tu ranges dans la catégorie véritable), les « grandes causes » du féminisme ne peuvent se résoudre que par des actions de fonds, sur le long terme … comme toute cause politique en fait ?

    Le sexisme c’est de dire  » Il y a aussi des hommes qui se préoccupent des femmes et les respectent … « ,  » En tant que représentant du sexe masculin, je ne me sentirai pas agressé si un jour, une publicité se moque allègrement des travers spécifiques aux mâles. » Aucune raison que tu te sentes agressé puisque c’est fait pour te faire rire toi individu masculin hétéro-normé.

    Au contraire de l’humour de l’humoriste qui est censé te faire réfléchir à la situation (Coluche, etc… mais pas une citation, dans le contexte du sketche, perso Michel Leeb il m’a jamais fait rire), la publicité n’est là que pour vanter un produit. Ca n’empêche pas l’humour en pub: la saucisse de Morteau « 20 cm de pur plaisir » est une pub drôle, sans doute choquante pour plus d’un(e), mais elle n’est pas sexiste, elle joue sur la même « connivence » de la cible imaginée par la marque mais pas sur un cliché.

    Combattre le sexisme c’est d’abord faire le bilan de l’influence qu’ont les clichés, la pression de la norme, sur ton développement individuel. Pas « respecter les femmes », parce qu’en fait l’idée c’est de respecter chacun, peu importe sa condition, son sexe, etc…

  10. Célina  - 

    Par exemple le fait que 90% des DC dans les agences dans le monde soient des hommes, on en parle ? Comment ça se passe, je veux dire on tacle les hystéros de féministes mais on touche pas à la norme ou comment on s’organise ?
    Bisous.

    1. Olivier Cimelière  - 

      Mais justement Célina ! Si vous aviez bien lu et jusqu’au bout mon billet, vous auriez remarqué que je suis un ardent promoteur de la parité homme-femme en entreprises … Alors avant de s’agacer d’emblée et de me faire dire des choses que je n’ai pas dites, ni suggérées (hystéros notamment), on lit bien au lieu de réagir au quart de tour … Je suis tout à fait d’accord pour dire que 90% des DC hommes n’est absolument pas une chose normale … Ca va mieux là ? 🙂 !

  11. Célina  - 

    Ca va les garçons, on vous dérange pas trop ? hu ^^

    Vous qui subissez ces discriminations terribles, je compatis, et comprend que vous ayiez un vrai point de vue pertinent. Vu que vous savez de quoi vous parlez.

    JE.SUIS.IMPRESSIONNEE 😀

  12. Nicolas Vanderbiest  - 

    Le phénomène des crises féministes, c’est tellement récent qu’il n’y a aucun recul. 3 crises entre juin 2011 et septembre 2012. Après c’est 9 cas en 9 mois 2013-2014.
    Les crises spontanées, c’est que depuis janvier alors que je publiais l’article comment faire son propre bad buzz, le même jour, Numéricable sortait le sien.
    Pour le reste, mon article de demain sera une réponse à ce post.

    Concernant l’histoire du loup, on ne pourrait être plus d’accord, regarde ce que j’ai publié il y a 11 jours sur Google + ( https://plus.google.com/u/0/+ValériePalanchon/posts/d88AhZmJKxD ) , 7 ème commentaire.
    En plus , comme tu le dis dans ton article, ils jouent clairement sur les féministes pour pusher le contenu, tels des influenceurs qui allumeraient la mèche.

  13. Nicolas Vanderbiest  - 

    Pour avoir bien étudié ces cas puisque j’essaie toujours d’aller plus loin que le LOL ambiant, la réflexion « Gardons plutôt tous notre énergie d’indignation pour d’authentiques causes » est un biais de ce qu’on appelle le « bruit » à savoir émettre une conclusion sur la base du bruit (on pointe le bruit comme étant une seule voix identique provenant de personnes avec les mêmes buts et les mêmes émotions, ce qui n’est pas du tout le cas)
    Ces communautés sont actives pour la lutte féminine et s’indignent pour tous les faits.(publicité, actualité, faits particuliers, etc.)
    Elles ne choisissent donc pas de faire buzzer quelque chose, elles font uniquement ce qu’elles font pour absolument tout: lancer des alertes. Elle lance ce que j’ai théorisé comme étant « le trigger » , à savoir ce qui va cristalliser, déclencher.
    Le buzz, le bruit, ce qui va faire que la mayonnaise va prendre n’est pas leur initiative, mais de celle des points nodaux qui font le lien entre les communautés. Donc en gros, le buzz , l’énergie d’indignation ne provient pas d’eux, mais de gens qui veulent se faire passer le dernier petit bad buzz à la mode, quelquefois accompagné d’un commentaire du style « Bad Buzz dans 1.. 2 …3 » « Bon courage pour le CM », etc.
    J’ai d’ailleurs les chiffres qui le confirment. Sur les 14 cas de féminisme en 3 ans, 52% des lieux de mécontentement sont sur Twitter et 22% sur leur blog. Seuls 22% des cas le sont sur Facebook, on ne peut donc pas dire qu’ils vont au combat. Ils lancent uniquement l’alerte.
    La machine médiatique s’enclenche ensuite. Pour la petite histoire, Stabilo, cela commence avec un article de aufeminin ce qui assure déjà une petite base et on culminait péniblement à 400 petits tweets. Des reprises dans les autres médias, des RT, et une absence du CM ont fait le reste.

    La vraie question est soit l’angle des marques ( est-ce bénéfique de tout miser pour une misérable visibilité de 2000 tweets ?) soit l’angle du traitement médiatique. ( est-ce qu’il s’agit là d’une information de première nécessité ?)

    1. Olivier Cimelière  - 

      Merci Nicolas

      Intéressant éclairage que tu apportes. Mais cet activisme mené à coups d’alertes répétitives (sans autre cohérence que de cogner pour brouiller une image) n’est-il pas justement une impasse ? Comme dans l’histoire de Pierre et le Loup, à force de crier et de mobiliser à tout propos, on perd de vue l’essentiel. Croit-on vraiment qu’en s’indignant contre Stabilo, on fait avancer la cause d’autant que franchement, j’ai vu nettement pire en matière de pubs sexistes …

      Concernant les marques, je ne suis pas certain que cela les affecte outre mesure. Si c’était le cas, les marques auraient alors abandonné le filon sexiste depuis bien longtemps. Personnellement, je pense que ces baz buzz sont révélateurs d’une extrême sensibilité exacerbée. C’est comme avec l’humour. Des comiques comme Coluche, Desproges ou Le Luron seraient censurés et vilipendés toutes les 10 minutes aujourd’hui s’ils disaient ce qu’ils balançaient il y a 30 ans sans qu’on n’ voit que scandale et mépris …

      A mon sens, combattre le sexisme (c’est absolument indispensable) passe plus par des actions de fond sur le long terme plutôt que des flambées digitales qui retombent de surcroît vite dans l’oubli …

Les commentaires sont clos.