Journalisme & Algorithme : Laurent Delahousse est-il condamné à être remplacé par un robot ?

Sommes-nous en train d’assister à l’avènement des journalistes-robots ? Si de prime abord, la question peut paraître saugrenue, elle est pourtant une réalité qui s’immisce peu à peu dans le quotidien des rédactions. La dernière démonstration en date a été fournie par l’agence Associated Press ce 21 juillet. Ce jour-là, des rédacteurs algorithmiques ont publié leurs premiers articles sur les résultats financiers de clients de l’agence. Cette inexorable montée en puissance du traitement automatisé de l’information va-t-elle définitivement ringardiser les figures de proue du JT de 20 heures et leurs confrères ? Le point sur les avancées actuelles et les perspectives à suivre.

La nouvelle n’a pas fait les gros titres. Pourtant, elle constitue un pas supplémentaire dans la robotisation de la chaîne de l’information sur laquelle travaillent de nombreux chercheurs et experts en médias depuis une petite dizaine d’années. En ce 21 juillet, c’est Associated Press (AP) qui créé l’événement en diffusant de brefs articles sur les performances financières d’entreprises clientes. Grâce à la technologie d’intelligence artificielle développée par Automated Insights (dont AP est actionnaire), des robots algorithmiques piochent chiffres et informations dans des bases de données et les agrègent en un clin d’œil sous la forme d’un article de 150 à 300 mots.

Le temps, c’est de l’argent ! L’information aussi …

Algo - AP earningsDans un billet publié quelques semaines plus tôt sur le blog officiel d’AP, Lou Ferrara, rédacteur en chef Finance au sein de l’agence de presse, a été sans ambages sur les objectifs visés par ce passage de témoin entre un journaliste humain et un robot rédacteur (1) : « Pendant des années, nous avons passé beaucoup de temps à traiter des chiffres et réécrire des informations des entreprises pour publier approximativement 300 comptes de résultats chaque trimestre. Nous avons découvert que la technologie d’automatisation d’Automated Insights couplée aux données issues de Zach Investment Research, pourrait nous permettre d’automatiser ces courts articles (…) Et au lieu de fournir manuellement 300 articles, nous pouvons désormais automatiquement aller jusqu’à 4400 articles à travers tous les Etats-Unis, ceci tous les trimestres ».

Bénéfice consubstantiel de cette mini-révolution technologico-éditoriale : les journalistes vont ainsi pouvoir allouer plus de temps à des activités plus valorisantes comme les analyses de fond, les dossiers et les enquêtes. Lou Ferrara n’en démord pas (2) : « L’idée est d’utiliser la technologie pour permettre aux journalistes de faire plus de journalisme et moins de traitement de données ». Même si pour l’instant, certaines vérifications humaines demeurent sur les articles robotisés, l’objectif est clairement à terme d’avoir une boucle éditoriale 100% automatisée. Cette évolution est particulièrement saluée par Alan D. Mutter. Ancien journaliste et dirigeant de start-ups dans la Silicon Valley, il est aujourd’hui un consultant reconnu en nouveaux médias. A ses yeux, l’entrée en lice des robots dans l’information fait sens (3) : « Parce que les variables dans les domaines de la finance ou des infos sportives sont largement standardisées et prédictibles, les robots peuvent être plus rapides et plus précis que les humains, libérant ainsi du temps pour que les journalistes creusent et analysent plus en profondeur leurs sujets ».

L’actu en pilotage automatique ?

Algo - Robot distributeurCela fait déjà plusieurs années qu’aux Etats-Unis, chercheurs, experts et journalistes « geek » planchent d’arrache-pied pour substituer un robot à un journaliste. C’est le cas par exemple de l’hallucinant projet mené dès 2006 par trois chercheurs du Laboratoire d’Information Intelligente (InfoLab) de l’université américaine de Northwestern dans l’Illinois. Ces spécialistes en intelligence artificielle ont mis au point un étonnant concept baptisé « News At Seven ». Il s’agit d’un vrai journal télévisé de quelques minutes présenté quotidiennement par un présentateur virtuel.

Ce bulletin futuriste fonctionne grâce à un logiciel d’informations automatisées. Chaque matin, il suffit de rentrer des mots clés sur une thématique d’actualité donnée. L’outil se charge ensuite de chercher sur Internet, les contenus textuels les plus cohérents avec la requête initiale. Pour cela, il fouille et scrute les dépêches d’agence, les flux RSS et les blogs. Il procède de manière identique pour récolter les images et les vidéos.

A partir de là, les informations sont automatiquement compilées, mixées et traduites vocalement par le système pour permettre à un avatar de Laurent Delahousse de livrer chaque jour à 19 heures un JT à la carte, façonné d’après les mots clés tapés par le demandeur. Pour les trois chercheurs, l’idée est de pouvoir au final procurer à chaque téléspectateur abonné, un journal personnalisé et directement déposé dans son player.

Depuis mars 2014, le groupe de presse Tribune Company basé à Chicago propose à ses lecteurs une approche similaire avec une application baptisée « Newsbeat ». Grâce à des accords avec plus de 600 titres américains (4), l’application permet à l’utilisateur de définir ses centres d’intérêt thématiques et ses sources d’information préférentielles. L’outil sélectionne et ajuste alors les articles pertinents, les traduit vocalement et les restitue sous forme de programme audio qui peut même être calculé en fonction du temps de parcours de l’auditeur !

L’algorithme concurrence désormais le journaliste

Algo - mains robots clavierQu’on en réjouisse ou qu’on s’en effraie, les algorithmes ont aujourd’hui de plus en plus voix au chapitre dans l’élaboration de la chaîne de l’information. Les formules mathématiques viennent maintenant chatouiller le clavier des journalistes quand elles ne le remplacent pas totalement. Le 17 mars 2014, le Los Angeles Times a frappé très fort en la matière. Ce jour-là, un tremblement de terre ébranle la ville à 6h25 du matin. A 6h28 précisément, le site Web du quotidien avait déjà publié un article indiquant la localisation et la puissance du séisme avec moult détails. Le tout est signé d’un étrange pseudo : Quakebot ! En fait, il s’agit purement et simplement d’un algorithme concocté par Ken Schwencke, journaliste et développeur au Los Angeles Times. Connecté à la base de données de l’US Geological Survey (bureau géologique des Etats-Unis), Quakebot est alors capable d’agglomérer des données dès qu’une alerte de l’USGS est émise et de les intégrer dans un gabarit rédactionnel pré-formaté. Même si le style de l’article n’est guère décapant, l’info est quant à elle transmise en temps record !

Véritable alter ego de Ken Schwencke pour le quotidien économique belge L’Echo, Nicolas Becquet confirme cette tendance à un usage accru des algorithmes pour éditer des articles (5) : « Les médias sont entrés dans une phase de collaboration avec les algorithmes beaucoup moins passive. Les algorithmes permettent d’anticiper l’actualité qui va monter, ce qui donne l’occasion aux médias de reprendre la main plutôt que de courir après une information qui les dépasse ». C’est justement sur ce modèle tendanciel que Melty, le site d’information pour les jeunes en France, s’est bâti. Les journalistes suivent en temps réel les sujets en pointe sur les réseaux sociaux grâce à un algorithme maison. Ils adaptent ensuite la ligne éditoriale et les contenus publiés en conséquence. Avec 93% de croissance annuelle (6), le site fondé en 2008 est une incontestable réussite.

C’est d’ailleurs dans cette optique de prédiction éditoriale qu’est née en France, la société Trendsboard. Cofondée par le regretté professeur de linguistique et d’informatique Jean de Veronis et le consultant éditorial et ancien journaliste Benoît Raphaël, la start-up propose un puissant outil algorithmique au service des médias désireux de mieux capter l’air du temps et les signaux faibles de l’actualité. Seize entreprises de presse comme Radio France, L’Equipe, France 24 ou encore Cosmopolitan ont déjà recours à Trendsboard. Pour autant, Benoît Raphaël prévient que ce n’est pas une martingale absolue (7) : « Notre algorithme permet aux médias de mieux connaître ce qu’il se passe sur Internet pour ensuite rebondir sur les conversations (…) Ce sont la créativité et la valeur ajoutée qui feront la différence ».

Robot et journaliste : Différence vraiment ?

Illustration Mark Allen Miller

Illustration Mark Allen Miller

Si l’on en croit les thuriféraires du journalisme robotisé, les actuels détenteurs de la carte de presse pourraient bientôt aller se rhabiller tant la technologie sera à leurs yeux capable d’égaler (voire surpasser) les prouesses éditoriales et intellectuelles des plumes et des reporters vedettes. Fondateur de Narrative Science, une start-up créée en 2010 à Chicago qui commercialise un moteur d’intelligence artificielle capable d’écrire des articles à la volée, Kris Hammond est intarissable à propos de cette perspective. A longueur de temps, il ne cesse de clamer que dans 15 ans, 90% des actualités publiées dans la presse, émaneront de journobots, néologisme résultant des mots « journaliste » et « robot ». Il n’hésite pas à pousser la provocation un peu plus loin en affirmant qu’en 2016, le prix Pulitzer pourrait même être gagné par un robot !

Serait-ce donc l’extinction programmée des éditorialistes au profit d’as invétérés du code informatique et de leurs robots ? Pour tenter de répondre à la question, un universitaire suédois s’est penché sur le problème. Professeur assistant en médias et communication à l’université de Karlstad, Christer Clerwall a mené une intéressante expérience auprès de 46 étudiants dont les conclusions ont été publiées en février 2014. Sur un sujet sportif identique (le compte-rendu d’un match de football américain), il leur a demandé de lire un article rédigé par un journaliste du Los Angeles Times et un autre généré par une intelligence logicielle. Pour chacun des papiers, les étudiants devaient attribuer des adjectifs dans une liste de 12 mots.

Les résultats sont plutôt édifiants (8). En ce qui concerne l’article du LA Times, celui-ci est jugé « bien écrit », « clair » et « agréable à lire ». L’autre article recueille en revanche les épithètes de « descriptif », « informatif », « plus précis », « fiable » et « objectif ». Ce qui sous-entend au final que l’article automatisé apparaît plus digne de confiance et de crédibilité que celui émanant du journaliste humain qui est plus vivant ! Un constat à nuancer toutefois lorsque le professeur a demandé à ses élèves de définir qui était derrière chaque article. Sur les 27 qui avaient lu le papier de l’algorithme, 10 l’ont attribué à un … vrai journaliste. De même pour les 18 ayant lu le billet du LA Times, 10 l’ont imputé à … l’ordinateur ! Une chose est en tout cas certaine. Même si des progrès techniques demeurent à réaliser dans la finesse d’analyse et le sens de la formule contextuelle, l’écart entre un journaliste humain et un journobot se réduit substantiellement.

Risques de dérives ?

Algo - Dessin robot journalistCe brouillage des lignes a de quoi interpeler. Puisqu’un journaliste humain semble être remplaçable par un algorithme sans que la qualité informationnelle n’en pâtisse, la tentation de l’automatisation ne peut que s’en trouver accentuée. Les lecteurs n’y voyant que feu, pourquoi se priver de recourir à des robots plus productifs, plus fiables (en tout cas supposés comme tels) et au passage nettement moins rebelles à manager qu’une équipe de journalistes traditionnels ! Ce calcul très prosaïque est précisément celui auquel s’est livré le quotidien américain The Houston Chronicle, propriété du groupe média Tribune Company, très en pointe sur le sujet de l’information automatisée et qui détient 30% d’une start-up baptisée Journatic (devenue aujourd’hui Local Labs).

Dans les colonnes du journal, une plume est particulièrement appréciée des lecteurs : celle d’un dénommé Chad King. Il faut dire que le journaliste est prolifique avec plus de 350 articles publiés en un court laps de temps. Pourtant, c’est un vrai journaliste qui va révéler le pot-aux-roses. Collaborateur au Guardian, Ryan Smith s’était fait embaucher chez Journatic et s’est retrouvé à travailler pour The Houston Chronicle. Là, il découvre que Chad King n’existe pas ! Ses articles ne sont que le fruit d’un assemblage informatique de contenus souvent fournies par des rédacteurs philippins sous-payés !

Bras-de-fer inéluctable ?

Algo - collegeChercheur israélien en communication et diplômé du MIT de Boston, Noam Lemelshtrich-Latar, ne se montre néanmoins pas inquiet à propos de cette immixtion des robots dans le travail des journalistes.

Pour lui, la valeur ajoutée humaine et les spécificités culturelles ne seront jamais à la portée du journobot (9) : « La vision optimiste de l’arrivée des robots journalistes est que les très bons journalistes ne disparaîtront pas mais seront plutôt contraints de penser de nouveau à comment être plus innovant, comment aller plus en profondeur (…) Les salles de rédaction du futur seront entièrement automatiques, les leaders seront des journalistes “ geek ” qui comprendront comme utiliser le “ data mining ” et sauront comment ajouter de la valeur à ce que le robot journaliste peut faire ».

Ce bouturage entre technique journalistique humaine et puissance de calcul algorithmique est déjà à l’œuvre dans certains médias. C’est notamment le cas du Washington Post qui teste depuis 2013 un programme logiciel intitulé « Truth Teller ». Ce dernier transcrit les discours vocaux donnés en direct par des hommes politiques en contenus textuels qui sont alors automatiquement croisés avec des bases de données. Objectif : vérifier la véracité et la précision ou non des chiffres et des arguments fournis par les orateurs. Responsable de l’information numérique au Post, Cory Haik mise beaucoup sur cet outil encore en version bêta (10) : « Le but est de nous rapprocher encore plus du temps réel que maintenant. Il s’agit que les robots nous aident à faire du meilleur journalisme … mais toujours avec des journalistes ! ».

Tout récemment, le quotidien Le Monde a consacré un article à une start-up parisienne du nom de Trooclick. Toujours dans cet esprit de fact-checking automatisé, elle a élaboré un robot capable d’analyser des articles en anglais sur l’actualité financière des entreprises. Sous forme d’une application à télécharger sur son ordinateur, l’outil scanne en direct l’article lu par un journaliste ou même par un lecteur et indique aussitôt si des écarts existent. Directeur général de Trooclick, Stanislas Motte constate (11) : « D’après nos premiers tests, 45% des articles financiers en contiennent au moins un. Un jour, on en a trouvé 7 dans un seul article ».

Conclusion – Assèchement du journalisme ou résurrection ?

Algo - morozovSi les robots peuvent incontestablement être des auxiliaires précieux pour fournir un journalisme augmenté à la qualité avérée, il est également essentiel de rester vigilant sur certains aspects. Le premier concerne l’aspect mercantile et a déjà engendré des dérives éditoriales regrettables comme notamment les fermes de contenus qui absorbent, moulinent et viralisent automatiquement des textes identiques ou presque partout pour nourrir des médias n’ayant souvent plus les moyens financiers et humains de se payer de vrais reporters sur le terrain. Cet aspect détestable est loin d’être négligeable tant le tambour du cycle de l’information a tendance à être en permanence en mode essorage où il faut cracher du contenu.

Ensuite, d’autres questions cruciales se posent. Certes, les journalistes humains sont imparfaits, capables d’erreurs, voire de partialité patentée et bien peu glorieuse comme le dérapage récent de Frédéric Haziza sur Twitter. Pour autant, il ne s’agit pas de céder aveuglément au mythe de l’information automatisée qui serait totalement expurgée de toute imperfection ou interprétation contestable. Si la technologie peut évidemment aider grandement le journaliste dans l’exercice de son métier, elle peut aussi aboutir à des impasses gravissimes pour la démocratie et la liberté de l’information.

Auteur d’un ouvrage salutaire, « The Net Delusion », le journaliste Evgeny Morozov pointe avec pertinence certains points critiques intrinsèques à l’imbrication croissante des robots dans la fabrication de l’information (12). Toujours plus d’actualité uniquement régie par le diktat des algorithmes ne conduit-il pas à un enfermement intellectuel où l’on ne finira par ne plus lire autre chose que des contenus qui sonnent agréablement à nos convictions et nos opinions ? Sans parler de surcroît de la possibilité de façonner pareillement de gigantesques entreprises de désinformation en bricolant ces mêmes robots au service d’une seule information orientée ?

La question est loin d’être superfétatoire dans ce monde ultra-connecté où nos données sont constamment décortiquées par les puissants serveurs des géants du Web. Des données qui visent à toujours plus et mieux nous répondre. Il n’empêche que le journaliste doit pouvoir continuer à exercer son libre arbitre sinon nous allons tout droit vers ce qu’écrit Evgeny Morozov (12) : « La véritable menace vient de notre refus de nous pencher sur les implications sociales et politiques d’un monde où la lecture anonyme serait abolie. Un monde que les publicitaires, Google, Facebook, Amazon, etc., rêvent de voir advenir, où la pensée critique, informée et non conventionnelle deviendrait plus difficile à développer et à protéger. »

Sources

– (1) – Lou Ferrara – « A leap forward in quarterly earnings stories » – The Definitive Source, blog officiel d’AP – 30 juin 2014 –
– (2) – Ibid
– (3) – Alan D. Mutter – « Robots could do better than some journalists » – Blog Reflections of a Newsosaur – 22 juillet 2014
– (4) – Benjamin Adler – « Newsbeat : le journalisme robotisé ? » – Influencia – 24 mars 2014 –
– (5) – Delphine Soulas-Gesson – « Au secours, mon rédac-chef est un robot » – Stratégies – 19 décembre 2013
– (6) – Léo Ferté – « Il sait quel article sera lu avant même d’être écrit » – Paris Match – 21 juillet 2014
– (7) – Delphine Soulas-Gesson – « Au secours, mon rédac-chef est un robot » – Stratégies – 19 décembre 2013
– (8) – Liat Clark – « Robots have mastered news writing. Goodbye Journalism » – Wired – 6 mars 2014
– (9) – Philippe Vion-Dury – « Robots contre journalistes : qui gagnera la guerre de l’information ? » – Rue 89 – 4 mai 2014
– (10) – David Holmes – « Washington Post’s Truth Teller and the future of robots doing journalism » – Pando Daily.com – 29 janvier 2013
– (11) – Yves Eudes – « Un robot pour contrôler la qualité du travail des journalistes » Le Monde – 26 juin 2014
– (12) – Philippe Vion-Dury – « Robots contre journalistes : qui gagnera la guerre de l’information ? » – Rue 89 – 4 mai 2014

Pour en savoir plus

– Regarder le reportage vidéo du Huffington Post sur l’historique du journalisme robotisé – « Can a robot report better than a human journalist ? » – 7 juillet 2014
– Lire l’article de Philippe Vion-Dury – « Robots contre journalistes : qui gagnera la guerre de l’information ? » – Rue 89 – 4 mai 2014
– Lire l’article de Steven Levy – « Can an Algorithm Write a Better News Story Than a Human Reporter? » – Wired – 24 avril 2012

(Mise à jour du 9 novembre 2014) – Lire l’excellent dossier du blog Meta-Media intitulé « Logiciels, algorithmes, robots : journalisme sous influence ?« 



2 commentaires sur “Journalisme & Algorithme : Laurent Delahousse est-il condamné à être remplacé par un robot ?

  1. Grégoire Bouchard  - 

    Très bon article détaillé sur la question qui mérite d’être posée en effet, merci !
    Quelles dérives cette robotisation de l’actualité peut-elle engendrer?
    La fin de l’anonymat, le manque de libre arbitre du journaliste, une actualité fade et contrôlée?
    Je pense qu’il y a toujours un revers de la médaille mais les bénéfices existent eux aussi. A noter que les reporters sont parfois remplacés par les gens eux-même comme nous ne montrent les nombreuses vidéos de mobiles prises lors d’événements où les médias étaient absents (révolutions arabes sur Facebook etc…). France 24 par exemple, a une rubrique consacrée à tous ces « reporters particuliers », c’est une forme d’évolution du média en ce sens.
    Bonne nouvelle donc, et algorithme ou pas, la censure totale sur Internet est impossible, surtout dans les pays occidentaux. Je pense que la presse et Internet resteront le contre-pouvoir d’une démocratie car la liberté d’information est un pilier de cette dernière.

  2. Delferrière Bruno  - 

    Bonjour,

    Si je ne m’abuse et je le constate tous les jours, un outil comme Google pour ne pas le nommer est passé maître dans l’art de fournir l’information correspondant à mes demandes et souhaits.

    Donc primo le risque est qu’il ne me fournisse pas un contenu original et critique éventuellement mais un contenu prémâché occultant sans doute l’important ou l’originalité, me donnant à penser une soupe informative fade et expurgée de tout contenu trop acidulé et nuisible à ses affaires (et pourtant j’essaie de le surprendre…tout n’est pas encore parfait, heureusement, mais je sens une progression dans la connaissance, ou le formatage des donnés impressionnant.

    Mais le journal lui même devra sans doute pour assurer sa subsistance (la publicité n’est ce pas particulièrement) me fournir lui aussi un contenu du même acabit. Fade et sans saveur, rogné des moindres défauts légèrement trop en dehors du chemin prévu.

    Le pauvre journaliste humain pour pouvoir survivre ne pourra à mon sens que traiter selon un cadre fourni, donc certains sujets seulement, au risque de se voir refuser son papier électronique, ou de le voir reformater par un robot !
    Ou bien s’exiler sur un territoire ou le papier perdurerait avec des lecteurs refusant une censure qui pourrait être éventuellement politique (étatique), mais plutôt une censure de marché et d’opinion majoritaire.

    Dans l’absolu son papier sera lu par un robot qui en sortira un condensé digéré et « digeste ».

    Ne lui restera plus qu’à se saouler (à priori pour Hemingway cela n’empêche pas de bien écrire : Ernest Hemingway a, un jour, adressé ces lignes à F. Scott Fitzgerald: «Bien sûr que tu es un ivrogne. Mais pas plus que Joyce, ou que la plupart des bons écrivains» http://www.planetesante.ch/Mag-sante/Ma-sante-au-quotidien/L-alcool-permet-il-de-mieux-ecrire ) et écrire des chefs d’oeuvre, eux aussi condensés (merci au Reader’s digest) et à pleurer sur son sort : correcteur du robot sera sans doute le métier du journaliste de demain : vérifier grâce à son savoir et ses recherches que l’utilisation des méga flop de données disponibles sont correctement traitées et comprises.

    Cordialement, Bruno

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