Violences policières : Analyse d’une guerre d’image asymétrique

La question des violences policières cristallise les débats médiatiques depuis l’émergence des Gilets Jaunes. A chaque manifestation et les heurts qui s’ensuivent entre forces de l’ordre et participants du cortège, les réseaux sociaux et les chaînes d’information charrient en boucle des scènes de matraquage, de jets de gaz lacrymogène et de grenades de désencerclement, de tirs tendus de LBD et de corps-à-corps brutaux et spectaculaires. A l’heure d’aujourd’hui, le bilan est lourd avec quantité astronomique de visages éborgnés et de mains mutilées. A tel point que les plus radicaux opposants au gouvernement n’hésitent pas à dénoncer la mise en place d’une dictature policière où tous les coups sont permis. Dans ce choc des perceptions, les autorités sont nettement en train de perdre la bataille de l’opinion publique. Y a-t-il d’autres options ?

Difficile de rester insensible lorsqu’on voit passer à cadence régulière, des extraits vidéos où des policiers (ou des gendarmes) rouent à coups de tonfa une jeune femme tombée à terre qui tente vainement de se protéger. Difficile d’admettre le croche-pied déplacé et gratuit d’un membre des forces de l’ordre qui fait chuter une autre jeune femme interpelée par des collègues. Difficile encore de refréner une crispation énervée lorsqu’un CRS vise et tire avec son lanceur de balles à bout portant un manifestant qui lui fait face. Difficile enfin de ne pas être pétrifié et indigné devant l’arrestation du livreur à scooter qui est plaqué au sol et molesté avant de décéder d’un arrêt respiratoire à son arrivée à l’hôpital. Pour un humain normalement constitué, ces scènes de violence inouïe sont tout bonnement inacceptables.

Du live aux tripes : le piège de l’émotion brute

L’émotion légitime qui s’ensuit au visionnage de ces faits, est habilement captée par tout ce que compte le gouvernement d’opposants, particulièrement dans les milieux d’extrême-gauche, alternatifs et anarchistes. Grâce à une présence massive et engagée sur Twitter, Facebook et des sympathisants qui filment et diffusent avec leur smartphone depuis les lieux des affrontements, chaque dérapage est aussitôt exploité et puissamment viralisé. Il n’en faut pas plus pour déclencher une bronca énervée et vindicative envers les forces de l’ordre, et par extension, envers le gouvernement, Emmanuel Macron et Christophe Castaner étant les cibles privilégiées. Pour mieux saisir ce fonctionnement en temps réel, il suffit de jeter un œil par exemple au profil Twitter baptisé « Nantes révoltée ». Avec plus de 21 000 abonnés, ce compte agit comme un véritable fil d’info qui compile scrupuleusement tous les dérapages qui surviennent durant un événement ou une manifestation.

A ce partage en live qui remue forcément les tripes de celles et ceux qui regardent, s’ajoute une autre composante non-négligeable qui vient renforcer la narration sur la dimension ultra-répressive des FDO en action. Depuis l’émergence des Gilets Jaunes, les cortèges sont systématiquement filmés de l’intérieur par des journalistes comme par exemple Rémy Buisine (66 000 abonnés) et David Dufresne (78 000 abonnés) ou des profils plus duplices dont on ne sait plus s’ils sont reporters ou militants comme Taha Bouhafs (30 400 abonnés) ou Gaspard Glanz (63 300 abonnés). On trouve même des petites agences vidéo comme Line Press (18 200 abonnés) qui font leur miel des mouvements sociaux. Ces acteurs sont très populaires parmi les manifestants et leurs sympathisants. Du fait qu’ils soient sur le terrain au cœur même de l’action, ils ne sont pas soupçonnés de collusion (par les manifestants) à la différence des médias classiques auxquels on reproche une couverture partielle et partiale. A l’exception de deux médias d’obédience russe que sont RT France (141 000 abonnés) et Sputnik News (75 900 abonnés) qui relaient et focalisent abondamment les déviances policières.

Sans contextualisation, le biaisé prend le dessus

Cette chambre d’écho qui se chiffre donc en centaines de milliers d’aficionados, fonctionne indubitablement très bien. Cette répétition en boucle au fil du temps alimente de toute évidence un sentiment anxiogène et anti-flic qui ne cesse de se consolider à mesure que de nouveaux dérapages interviennent. D’autant plus que dorénavant, même les grands médias se mettent à évoquer les controverses policières. Le 10 janvier, le JT de 20 heures de France a consacré un reportage sur les images du policier effectuant un tir tendu de LBD à l’encontre d’un manifestant, avec diffusion au ralenti et commentaire à l’appui pour souligner l’intentionnalité du geste.

Sans nullement nier la gravité extrême des faits mis en lumière par toutes ces images, cela concourt néanmoins à introduire des biais dans la perception et la lecture des événements. La plupart du temps, ces courtes boucles vidéo sont extraites d’un contexte plus large (en amont de l’action, voire en aval) qui peut modifier la compréhension exacte de ce qui s’est déroulé. L’exemple de l’arrestation de Cédric Chouviat constitue un exemple symptomatique. Les rushs vidéo dévoilés par Mediapart sont implacables pour les quatre policiers. On y voit des bousculades, un rugueux placage au sol, un vigoureux maintien ventral, une clé d’étranglement, des coups distribués au passage etc. Des circonstances qui aboutiront selon l’autopsie à une asphyxie et une fracture du larynx de la victime. Pourtant, et sans rien ôter au caractère inacceptable de l’opération de police, on apprend rapidement que le livreur contrôlé s’est adonné à moult invectives, outrages et provocations envers la patrouille policière. Qu’il est par ailleurs un abonné assez vertigineux aux incivilités et aux délits routiers puisqu’il devait la coquette somme de 40000 € de P.V. impayés. Des éléments qui peuvent expliquer (mais pas excuser) la perte de sang-froid des policiers devant un personnage pas très enclin à coopérer.

Le piège de la communication asymétrique

Dans leur communication, les autorités se retrouvent souvent en posture asymétrique. Face à la violence des images, celles-ci répondent la plupart du temps par des communiqués laconiques et/ou sybillins qui ne pondèrent pas vraiment les situations en question. Entre une vidéo brute et un texte formel, l’opinion publique aura forcément tendance à se déterminer en fonction de la première. Pour autant, il ne s’agit pas d’absoudre les membres des forces de l’ordre qui se rendent coupables de gestes interdits par les règlements. Sur ce point, il est nécessaire que justice s’enclenche mais plus rapidement qu’elle ne l’est jusqu’à présent. Là aussi, un sentiment d’injustice prévaut largement dans le public. Lors de heurts, les garde-à-vues et les comparutions immédiates s’appliquent vite pour les quidams arrêtés. En revanche, les enquêtes de l’IGPN mettent nettement plus de temps à s’enclencher, exception faite pour la vidéo du 9 janvier montrant le tir tendu de LBD à Paris, et à aboutir avec des verdicts concrets.

Cette asymétrie supplémentaire laisse donc accréditer l’idée que les forces de l’ordre sont « exemptées » de toute sanction disciplinaire ou pénale et qu’elles peuvent commettre en toute impunité des violences que nombre de vidéos ont pourtant mises en lumière sur les réseaux sociaux. Face à cette guerre d’images, les autorités auraient probablement intérêt à communiquer de façon nettement plus appuyée. Par exemple, en diffusant d’autres captages vidéo d’une même scène afin de rendre compte d’un événement d’une façon plus exhaustive au lieu de simplement écrire au sujet de la vidéo du 9 janvier que les FDO étaient (1) « prises à partie par des personnes violentes » pour défendre la version policière. Exposer de visu est toujours préférable. En outre, le fait de disposer de plusieurs angles de vue permet de mieux appréhender les tenants et aboutissants d’un fait commis et de déterminer plus précisément les parts de responsabilité.

Ensuite, il conviendrait également (sans dériver dans la victimisation à outrance) de montrer les violences et les blessures que subissent aussi les policiers et les gendarmes durant des manifestations. Tout le monde garde encore en mémoire les deux policiers réfugiés dans une laverie et attaqués par des black blocs déchaînés. Ou encore l’agression ultra-violente du boxeur Christophe Dettinger sur deux gendarmes en expliquant ensuite benoîtement qu’il « a la colère du peuple en lui ». Le même qui est suspecté actuellement de violences conjugales sur sa compagne avec laquelle il est en instance de séparation.

Ne pas laisser la défiance s’installer

Une communication efficace et crédible des autorités serait de recourir plus fréquemment à cette contextualisation des faits, avec si possible des images qui viennent enrichir (et éventuellement moduler) un fait donné et élargir la restitution visuelle de ce qui se passe sur le terrain. Ce rééquilibrage des points de vue permettrait d’éviter de sombrer dans une paranoïa anti-flic qui est largement en train de se dessiner. Laquelle peut se comprendre au regard des dernières violences observées et abondamment partagées sur les réseaux sociaux.

En revanche, il s’agirait aussi pour les autorités d’adopter une posture plus ferme en cas de défaillance avérée d’un membre des forces de l’ordre et de ne pas uniquement se retrancher derrière le discours évidemment orienté et corporatiste des syndicats de police. La défiance se nourrit toujours du silence ou du discours a minima. Face aux chambres d’écho numériques des opposants où l’émotionnel est à son comble et régulièrement exacerbé, la bataille médiatique devient impossible à gagner (ou du moins à rectifier) si l’on se contente des formules d’usage. L’enjeu va au-delà de la simple réputation des forces de l’ordre mais bien de la restauration d’une confiance républicaine. Dans le cas contraire, le risque est grand de glisser dans un hiatus irréconciliable que Gilles Sacaze, expert en sécurité et ancien de la DGSE, a fort justement synthétisé (2) : « Des policiers qui se mettent à haïr ou à mépriser des citoyens qui les payent… Et symétriquement, des citoyens que se mettent à haïr la police qui les protège… Qu’est devenue la France… Comment sommes-nous tombés si bas ? J’en suis malade ».

Sources

– (1) – Eric Pelletier – « Enquête ouverte après un tir de LBD » – Le Parisien – 11 janvier 2010
– (2) – Tweet de Gilles Sacaze – 10 janvier 2020



13 commentaires sur “Violences policières : Analyse d’une guerre d’image asymétrique

  1. Fabien Dupoux  - 

    « Pourtant, et sans rien ôter au caractère inacceptable de l’opération de police, on apprend rapidement que le livreur contrôlé s’est adonné à moult invectives, outrages et provocations envers la patrouille policière. « . Cédric Chouviat est mort des violences policières et on vient nous parler d’outrage. Vous n’avez pas honte ? Asymétrie de la communication? Combien d’agents condamnés par IGPN ? Il y a définitivement des gens dénués d’empathie et de sens commun.

  2. [Enikao]  - 

    Il est toujours bon d’avoir quelqu’un qui prend le temps d’écrire un long récap’ en ces temps de flux 🙂

    Je ne suis pas d’accord avec certaines formulations et ce qu’on pourrait appeler « un certain regard » car il est de l’ordre personnel, mais à la rigueur ça n’a pas d’importance. On ne voit pas les choses de la même manière et il est intéressant de se confronter à des opinions différentes des siennes. J’ai plus de mal sur les insinuations pour le livreur et le boxeur car ce qu’on juge c’est un événement, pas toute la vie d’un homme (ou alors on expose tout de tout le monde et tout le temps, mais je ne suis pas certain qu’on ait envie de ça).

    Sur la com’ en ligne, il faut bien le dire, les forces de l’ordre sont mauvaises. C’est plus que maladroit.
    Ça commence tôt : la bio Twitter de la Préfecture de Police de Paris est : « Twitter officiel de la préfecture de Police. Au service du public de Paris et de la première couronne. »
    La première phrase n’apporte rien (il y a le nom, le compte est vérifié). « Au service du public » : des citoyens, non ? Première couronne : personne ne parle ainsi, c’est soit la petite couronne, soit on nomme les départements.

    Les hiatus se multiplient, comme tweeter à propos du respect de la présomption d’innocence (https://twitter.com/prefpolice/status/1214801810495614977) alors que dans le tweet juste avant on parlait de l’auteur présumé d’une attaque au couteau (https://twitter.com/prefpolice/status/1214795883180638209). Passons sur les inventions comme la violence envers les biens (https://twitter.com/prefpolice/status/1216641492032290819) ou encore les chouineries du genre on nous maltraite (https://twitter.com/prefpolice/status/1215667805829455873). Ce qu’on voit est grave, mais jouer les plaintifs n’est pas le rôle d’une préfecture. Les contenus et le ton employés ne sont pas du tout adaptés.

    Parce qu’au-delà de la partie purement com’, il y a une chose à garder en tête je crois : la symétrie n’est pas possible.
    La Police ne peut rendre coup pour coup. Ce n’est pas ainsi que notre droit est fondé. D’ailleurs, oui, un criminel fera tout ce qu’il peut, et un policier n’a pas droit au dérapage parce qu’il est dépositaire de l’autorité. C’est pas juste et c’est ainsi. Car si un peuple perd confiance dans sa police alors la justice est morte et le contrat social avec. La « violence légitime » telle qu’on nous la présente est souvent tronquée de la contrepartie : nous l’abandonnons aux forces de l’ordre parce que nous les considérons comme garants de notre sécurité et de l’intégrité des lois.

    Je suppose que les recrues reçoivent ce message durant les formations ? Parce que c’est là toute la difficulté du policier. Il ne peut pas tout faire. Les citoyens le regardent. Il doit être exemplaire. Contextualiser ne marche pas : on tape sur la tête parce qu’on a reçu des projectiles. Certes. Mais d’abord recevoir un projectile ne justifie rien du tout, ou alors ça s’appelle une vengeance et ce n’est ni du droit, ni du maintien de l’ordre. Ensuite, si ce n’est pas la même personne, c’est une violence arbitraire. Le RIO absent des uniformes et les menaces sur les personnes qui filment laissent un sale goût d’impunité, comme le fait que l’IGPN ait classé tant de cas.

    S’engager dans la police est un sacerdoce et personne n’a dit que c’était facile. Mais il y a des règles, une hiérarchie qui doit prendre ses responsabilités, et je ne crois pas du tout que c’est en cherchant à se faire aimer qu’on l’exerce. La Police a besoin de respect. Ce n’est pas une donnée absolue, c’est quelque chose qui s’acquiert et se maintient. Alors qu’il y a quelques années la France passait dans le monde pour un pays avec un savoir-faire particulier dans le domaine du maintien de l’ordre, aujourd’hui cette image est largement dégradée. Soit on a vécu sur une image fausse, soit on fait n’importe quoi.

    1. Olivier Cimelière  - 

      Un grand merci pour cette réflexion particulièrement riche et qui soulève des points très pertinents.
      Sur la question de l’asymétrie, il est évident qu’elle existera toujours entre police et manifestants. Pour autant, il s’agit malgré tout de rectifier certaines outrances à un moment donné quand le gouffre se creuse. Les dérapages de certains membres des FDO ne sont pas admissibles. On est d’accord sur ce point-là et les sanctions devraient aller plus vite. Cela éviterait d’alimenter un sentiment d’injustice de traitement.

      Néanmoins, la com des autorités devrait à un moment donné savoir aussi montrer les exactions et les agressions dont sont victimes les FDO. Etre flic, c’est accepter de courir des risques pour son intégrité physique et sa vie (un policier vient de le payer ce WE à Bron) mais cela ne le transforme obligatoirement en punching-ball ou défouloir pour anarchos, black blocs ou tout simplement des types frustrés qui veulent casser du flic. Cette réalité existe.

      J’étais sur les Champs-Elysées lors des manifs où le Drugstore Publicis a été endommagé puis le Fouquet’s incendié. On ne va pas se mentir. J’ai vu des types prêts à tuer. Je ne dis que qu’ils sont représentatifs de tous les manifestants. Loin de là. Mais la haine exprimée devient à un moment donné problématique. En quoi un citoyen lambda serait-il plus pardonnable quand il insulte, bombarde de projectiles ou agresse une FDO ? Dans ces cas-là, il sait ce qu’il fait et sait aussi ce qu’il encourt (en termes de justice mais aussi en termes de coups qu’il va recevoir). Sauf qu’ensuite, il lui sera assez facile de se victimer et de dénoncer une police violente. Le champion du monde dans cette catégorie est Jérôme Rodrigues qui cherche systématiquement la provoc et le contact pour déclencher une réaction. Dans un monde idéal, les FDO ne devraient pas réagir mais on n’est pas dans un monde idéal.

      Enfin, souvenons-nous qu’en 2015, lors des manifs pour Charlie Hebdo, des scènes de fraternisation entre la police et des citoyens qui les remerciaient pour la protection assurée. Pourquoi en est-on arrivé à cette situation délétère d’aujourd’hui ? Les dérapages policiers durant les GJ sont une partie de l’explication. L’usage d’outils controversés aussi (LDB et grenades de désencerclement) …

      Mon propos n’est pas de dire « il faut rendre coup pour cour ». Sans quoi, on s’engage dans une spirale mortifère. Mais juste de montrer aussi d’autres réalités où parmi les manifestants, il n’y a pas que des gentils pacifiques et sages. Il y a des brutes épaisses avinées. Il y a des ultra-gauchos. Il y a des fachos. Il y a des libertaires. Il y a des jeunes de bonne famille qui à défaut de pouvoir être hooligan dans les stades de foot, s’en vont se payer des frissons en cognant. Et ces profils méritent tout autant d’être condamnés pour leurs actes délictueux. En tout cas, merci pour ce commentaire étayé et intéressant

      1. [Enikao]  - 

        J’en tends tout cela mais justement… Le rôle de la Police n’est pas d’opérer une justice immédiate face à des factieux (il y en a, qui viennent ouvertement en découdre), en rendant les coups, voire en faisant des exemples, mais bien de les attraper pour que la justice se charge de leur cas.
        Ce citoyen violent pris sur le fait, ou pas citoyen d’ailleurs car les black blocs sont aussi une sorte d’internationale de la violence, n’est pas « plus pardonnable » quand il insulte ou frappe les forces de l’ordre. Simplement ce n’est pas au policier d’infliger une réponse-sanction. Même s’il en a une furieuse envie. Ce n’est pas au policier de pardonner ou pas. L’appareil judiciaire est là pour ça. Je crois que tout le problème, c’est la confusion. On n’est pas dans une bataille rangée et une mêlée générale, on est dans un Etat de droit et des opérations de maintien de l’ordre. Il y aura des coups, des charges, de l’intimidation, mais… un CRS qui frappe avec une matraque une personne à terre, ce n’est rien de tout ça.
        Rodrigues est un provocateur ? Et alors ? Il n’est pas le seul. Gérer la provoc, ça s’apprend. En mai 68, la police n’a pas tabassé (toute proportion gardée) Cohn-Bendit. Geismar a fait de la taule pour avoir continué un mouvement mao interdit, Sauvageot a été arrêté. Mais pas tabassé.
        La vraie asymétrie que personne ne veut aborder, elle est plus insidieuse : un agent assermenté peut coller une personne au tribunal pour outrage et rébellion, s’il n’y a pas de témoin c’est une condamnation automatique parce que c’est la parole d’un assermenté contre une personne lambda. Pendant des années ça a été un formidable moyen de la faire fermer aux personnes qui ne reviennent pas à un agent. Trois policiers s’assoient sur une personne, elle se débat et crie « putain mais arrêtez ! » : hop, outrage et rébellion. C’est ma-gi-que. Ce qui a changé, désormais, c’est qu’il peut y avoir des images.
        Quand elles ne font que son job sans chouiner, les forces de l’ordre se grandissent. C’est caricatural des Blue films américains, mais « just doing my job ». Ce n’est pas au Préfet de dire « han y’a des méchants ». Il représente la puissance publique, pas la com publique. Quand un Préfet dit « nous ne sommes pas dans le même camp » à une passante non-violente, il crée de facto de l’affrontement.
        Il y a des syndicats policiers qui parlent de leur quotidien, et c’est leur rôle. Bon, actuellement ils sont aussi dans un jeu de provoc débile sur Twitter pour la plupart. Surtout, il y a un Ministre et un Secrétaire d’Etat, c’est à eux d’aller sur le front de l’image et de parler aux citoyens. On les voit beaucoup trop peu. Soit ils ne tiennent rien du tout, soit ils n’ont pas de courage politique.

        1. Olivier Cimelière  - 

          Je crois que nous sommes largement d’accord sur l’essentiel. Evidemment qu’un policier n’a pas à faire justice lui-même en répliquant les coups au-delà de ce qui est permis par « l’usage de la force » dans les textes réglementaires. L’analogie avec mai 68 est pertinente par ailleurs et pourtant les CRS ne se privaient pas de cogner non plus et se faisaient traiter de SS !

          Entièrement d’accord sur la vraie asymétrie dont personne ne parle ! Surtout pour l’avoir vécu lorsque j’étais jeune journaliste et que j’étais accusé d’ « outrage et rébellion » sans aucun témoin même si je n’avais proféré aucune insulte, ni résistance. Tout ça pour un sens interdit emprunté par mégarde et qui s’est fini au poste avec un brigadier qui me hurlait dessus en me traitant de salopard de journaliste !!! Heureusement que finalement la procédure a été annulée car je n’en menais pas large !!

          Si j’en juge les déclarations de Christophe Castaner et le PR aujourd’hui sur le rappel à la déontologie, les choses commencent enfin à évoluer. Un peu tard certes mais au moins ça bouge !!

  3. Richard  - 

    Ou est le rapport d ultra violence entre un Christophe Dettinger qui met 3 coups de poings dans un casque de CRS et 3 autres dans le bouclier d icelui et le lynchage en regle par 5 ou 6 salauds qui massacrent a coups de pieds dans la tete, de tonfa/matraques, de coups de poings, de gazage, un ou une manifestante ?
    Vous etes vraiment de parti pris dans votre article et cela ne vous grandit pas.
    La violence des SA, du boucher de la place Beauvau, est sans commune mesure avec la supposee violence des manifestants.
    Ou est la violence lorsque l on nasse les manifestants sur une place en fin de manif ou il ne s est rien passe de violent, et ou on les empeche de quitter cette place en les gazant a tout va, et en matraquant les manifestants qui veulent la quitter.
    Essayez donc de nous l expliquer.
    Je vous souhaite bien du courage

    1. Olivier Cimelière  - 

      Bonjour
      La tonalité même de votre message montre qu’il est impossible de dialoguer avec vous sauf à être d’emblée d’accord avec vos affirmations déplacées et excessives. Comparer les FDO nationales aux SA d’Hitler est bien la preuve de votre outrance qui n’a envie de voir que la partie du problème qui satisfait votre pensée pour le coup binaire. Mon billet évoque clairement les dérapages de certains membres de FDO et ne les cautionne pas.

  4. 8889impunité  - 

    L’interpellation de M.Cédric Chouviat n’en était pas vraiment une :ce fut une exécution dans les règles de l’art.La France des droits de l’homme tend à n’être plus qu’une fiction.Par la faute d’une minorité particulièrement agressive & arrogante notre pays sombre dans un état particulièrement préoccupant où l’arbitraire fait office d’état de droit.Je pleure sur mon pays aux mains de tyranneaux sans âme.Nous sommes frères en humanité et non pas en inhumanité :cette hypocrisie doit cesser.N’en doutons pas :la servitude volontaire n’est pas un horizon indépassable !Non l’abjection ne doit pas devenir la norme :prenons le temps d’écouter Alexandre Langlois,porte-voix de policiers clairvoyants.

    1. JhonDoe  - 

      Je suis assez d’accord avec vous, et pourtant pour répondre à l’auteur de cet article je ne suis pas du genre à voir des partis pris partout.

      Quand vous écrivez « abonné assez vertigineux » (aux pvs),vous ajoutez un adjectif de valeur pour souligner que cette attitude n’est pas empreinte de vos propres valeurs.

      De même lorsque vous parlez de Mr Detinger, vous soulignez le fait qu’il est accusé de violences sur sa compagne, fait relaté par la presse. Néanmoins, il serait intéressant de savoir dans le même temps si les FDO impliqués dans des violences policières sont exempts de tout reproches dans la vie de tous les jours.

      Autre chose, en effet il serait intéressant de voir différents points de vues des différentes scènes qui tournent sur les réseaux sociaux, mais ne pensez vous pas qu’il serait aisé pour les FDO et le gouvernement de faire tourner ces images ? Pourquoi ne le font ils pas comme ils l’ont fait à l’époque pour discréditer le couple passé à tabac par Benalla ? Peut être parce qu’ils n’ont pas la preuve de violences et de menaces immédiates à nous montrer.

      Je ne suis pas un idéaliste bobo de gauche mais un citoyen lambda, j’ai eu l’occasion de manifester à plusieurs reprises depuis une dizaine d’années. Cela fait un an que je n’ai pas remis le pied dans la rue. Par peur.

      1. Olivier Cimelière  - 

        Bonjour
        Il y a plusieurs questions dans votre intéressant message. Je vais m’efforcer de répondre à chaque point
        – L’adjectif « vertigineux » peut être ressenti comme un jugement de valeur mais ce n’était pas mon intention lorsque j’ai écrit et publié. J’ai utilisé cet adjectif car quelqu’un qui a cumulé 375 PV impayés pour 40000 € d’ardoise, reste un cas rarissime et vertigineux dans le sens où il faut y aller fort pour récolter autant de PV ! Pour autant, le fait qu’il soit un gros délinquant routier ne justifie en rien sa mort. C’est, je pense , très clairement écrit dans le billet
        – Dettinger : Après ses exactions, ce monsieur a quand même longtemps joué la carte victimaire du type qui est clean par ailleurs. Au point de déclencher des cagnottes en ligne pour payer ses frais de justice. Il est intéressant de savoir que la personne est quand coutumière de violences à répétition. Concernant les FDO qui ont dérapé, sans doute, eux aussi un passif qu’on ne connaît pas effectivement (sauf dans les cas les plus extrêmes).
        – Sur le recours aux images, je doute que les autorités n’aient pas d’images entre celles qui peuvent être récupérées par les systèmes de vidéo surveillance urbains et les caméras parfois embarquées par les FDO. Après de 2 choses l’une. Soit il y a des images qui aident à recontextualiser les faits et établir plus précisément les responsabilités. Soit il y a confirmation pure et simple d’un dérapage de FDO ou de manifestant.

        L’immense majorité des manifestants est pacifique. J’ai moi-même eu l’occasion de manifester et de me retrouver dans des contextes où la tension était à son comble entre manifestants et policiers. C’est d’ailleurs là où l’on constate que tout n’est pas blanc-bleu. J’ai vu des manifestants tenter vainement de calmer les plus excités venus clairement en découdre avec les FDO. J’ai vu aussi des policiers prendre pendant des heures, des pavés, des potelets, des bouts de macadam, etc sans broncher mais probablement avec pour certains, une envie de répliquer durement. En tout cas merci pour votre commentaire !

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