Cuisine de l’Elysée : Pourquoi la gaffe de Nicole Bricq est devenue virale sur les réseaux sociaux ?

Le gouvernement Ayrault redouble décidément de maladresse devant les caméras de télévision. Après l’épisode Christiane Taubira brandissant des documents officiels décrivant l’inverse de ses propos, c’est au tour de la ministre du Commerce extérieur, Nicole Bricq, de déclencher une polémique gastronomique dont les socionautes se sont emparés avec virulence. Une anecdote qui constitue un utile rappel à tous les dirigeants croyant encore que les apartés restent confinés aux oreilles de quelques « happy few ». Retour sur un bashing culinaire !

Si pour les Parisiens et les Lyonnais, la récente visite du président chinois Xi Jinping est définitivement synonyme de circulation cauchemardesque, celle-ci aura aussi été l’occasion d’un ratage médiatique ineffable pour la ministre du Commerce extérieur Nicole Bricq. Alors que la délégation officielle chinoise quitte le palais de Matignon, cette dernière mue l’espace de quelques secondes en critique gastronomique pour épingler joyeusement le dîner élyséen de la veille jugé péremptoirement « dégueulasse ». Manque de chance, des caméras de télévision saisissent les mots chuchotés sur le perron et alimentent aussitôt une polémique médiatique et digitale.

La moutarde monte au nez des réseaux sociaux

Qu’on puisse avoir les papilles irritées par le menu concocté par la brigade du chef élyséen, peut en soi se concevoir. En revanche, en tant que représentant du gouvernement censé promouvoir l’excellence culinaire française, le fait de se répandre en commentaires de zinc de comptoir au vu et su des journalistes présents dans la cour de Matignon ne traduit guère un sens fin et nuancé de l’à-propos. D’autant plus que les mots empruntés par Nicole Bricq tenaient plus du langage de charretier que de ceux contenus dans le Gault & Millau ! En d’autres temps, cette évaluation acerbe de la ministre serait passée probablement inaperçue. Aujourd’hui, elle lui vaut un déchaînement numérique et médiatique qui l’aura contrainte au final à rétropédaler, présenter ses plus plates excuses à l’offensé lui-même et esquinter sa propre image déjà pas forcément au zénith depuis son entrée au gouvernement en mai 2012.

A peine le « dégueulasse » était-il marmonné qu’il a commencé à tourner en boucle dans les médias, y compris chez les correspondants étrangers trop surpris et amusés d’entendre un dignitaire français flinguer le patrimoine culturel du pays. Les réseaux sociaux ont aussitôt embrayés et se sont levés comme un seul homme pour admonester Nicole Bricq. A tel point que le sujet s’est rapidement immiscé parmi les « trending topics » sur Twitter lors de la journée du 27 mars. Internautes anonymes et chroniqueurs médiatiques se sont joyeusement mêlés pour agonir sans discontinuer la ministre de remarques sarcastiques et outrées. A l’heure où le pays s’enquiert fiévreusement d’un imminent remaniement ministériel, la saillie verbale de Nicole Bricq lui vaut des lazzis sans concession sur les médias sociaux.

Bricq - Commentaires twittos

L’astucieuse réplique du chef cuisinier de l’Elysée sur Facebook

Bricq - Commentaires facebookSans nul doute heurté par le tacle grossier de la ministre, Guillaume Gomez, le chef des cuisines de l’Elysée et Meilleur Ouvrier de France en 2004 n’a guère tardé à entrer dans la danse en publiant un astucieux message sur sa page Facebook officielle en remerciant chaleureusement celles et ceux qui se sont mobilisés pour défendre son travail culinaire injustement mis en cause par Nicole Bricq : « Merci à toutes et tous pour vos soutiens et vos messages qui me touchent. Avec la brigade, nous allons continuer à faire notre travail, avec la même passion et le même dévouement ».

Le choix des mots et de la posture est particulièrement malin. Au lieu d’être frontal et polémique, Guillaume Gomez rebondit avec un ton humble et passionné qui ne pouvait qu’aiguillonner encore un peu plus la ferveur populaire digitale. Le résultat a d’ailleurs été à la hauteur puisque ce simple post a enregistré pas moins de 3000 likes, a été partagé près de 300 fois et a été agrémenté de 1500 commentaires toujours plus furibards et n’y allant pas avec le dos de la cuillère envers la ministre !

Quelle recette retenir ?

Même si cette polémique relève finalement de l’anecdote et est de fait à ranger au rayon des innombrables gaffes mémorables que les tout-puissants d’en haut commettent à intervalles réguliers, l’histoire n’est pas sans intérêt en matière de communication publique. En osant critiquer aussi vertement un sujet qui touche aux fondamentaux de la culture et la fierté française, Nicole Bricq aura pu mesurer combien aujourd’hui les décideurs politiques sont scrutés en permanence par les médias mais également par les réseaux sociaux. Le moindre écart y est quasiment systématiquement stigmatisé à coups de tweets et de commentaires viraux qui ne font qu’amplifier un fait relevant somme toute du superfétatoire.

Cette irascibilité épidermique et émotionnelle est un composant intrinsèque de la mécanique virale des réseaux sociaux. Qu’on s’en désole ou qu’on s’en réjouisse, elle doit être impérativement intégrée en permanence chez tous les acteurs ayant une expression publique. Vouloir s’en affranchir est la porte ouverte à des retours de bâton réputationnels particulièrement rudes. Même si Nicole Bricq s’est excusé et a péniblement invoqué la reprise de propos à caractère privé pour tenter d’atténuer la crise, l’affaire aura tout de même déclenché la tenue d’une mini-cellule de crise à l’Elysée même pour éteindre une faconde particulièrement malvenue. Les adeptes des blagues décapantes vont devoir réfléchir à deux fois. Désormais, l’impact d’une boulette dépasse même les frontières comme en atteste ce tweet de … Newsweek !

Bricq - Newsweek



4 commentaires sur “Cuisine de l’Elysée : Pourquoi la gaffe de Nicole Bricq est devenue virale sur les réseaux sociaux ?

  1. Cathy Guillou  - 

    Je viens de decouvrir cette histoire plutot triste pour La Brique. Connue plus pour son « savoir de-faire » que par sa tronche de crepe, que par son ingnorance de l’Anglais (chapeau pour l’exxxxx-ministre du commerce exterieur), Comme quoi « il faut de tout et de n’importe quoi pour faire un monde »…on s’en serait bien passe de cette ignorante et je crains qu’il soit trop tard pour elle de se cultiver

  2. Corwin  - 

    Il eût été intéressant, pour « alimenter » le débat, de connaître le menu concocté par le Chef.
    Quelle que soit la palette gustative sur laquelle il a décidé de jouer et qui peut laisser perplexes des papilles non averties, il parait tellement invraisemblable que la cuisine d’un meilleure ouvrier de France puisse mériter un qualificatif aussi stupide.
    Ce sont les propos de la donzelle qui sont « dégueulasses » . Et on ne l’a pas renvoyée à ses chère études?

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