Elections municipales 2020 : 3 trucs de communication que tout candidat devrait intégrer sur Twitter

A trois mois des échéances électorales pour renouveler ou remplacer les mandats de maires, les tactiques de communication des candidats ont déjà commencé à se déployer et s’affûter sur les médias sociaux. Revue de détail des pièges toujours fréquents sur Twitter.

A mesure que les dates du scrutin se rapprochent (15 et 22 mars pour celles et ceux qui n’auraient pas déjà coché sur leurs agendas), l’intensité des arguments et des messages va s’accroître pour mobiliser les votants et particulièrement convaincre les indécis et/ou les abstentionnistes. Mais aussi pour tenter de prendre le pas sur les concurrents en lice pour l’élection municipale. Les réseaux sociaux, Twitter en particulier, constituent une indéniable chambre d’écho qui peut contribuer à grapiller des voix parfois décisives lors de votes au coude-à-coude. Mais attention, la communication digitale sur Twitter n’est pas forcément un long fleuve tranquille et d’aucuns s’y font encore prendre.

Cette empreinte digitale qu’on oublie si souvent

L’empreinte digitale est probablement la chausse-trape la plus évidente. Toutefois, nombreux sont celles et ceux qui y tombent encore d’un seul tenant. Il est vrai que balancer un tweet est d’une facilité déconcertante souvent doublée d’une désinhibition redoutable. Twitter est le royaume de l’instantanéité et l’univers de prédilection pour la punchline qui va faire mouche. Pris par la passion et parfois une petite fièvre égotique, les auteurs perdent aisément de vue qu’un tweet n’a pas une durée de vie qui se résume juste à quelques heures suivant la diffusion. Un tweet est bien plus pérenne qu’un graffiti apposé à la va-vite ou même un tract distribué sur les marchés. Même si sur l’instant il ne recueille pas massivement des likes, des partages et des commentaires, il reste inscrit dans la timeline de l’émetteur. Il se sédimente parmi les autres tweets jusqu’au jour fatal où …

La dernière victime en date tombée au champ d’honneur de l’empreinte numérique s’appelle Philippine Hubin. Jusque-là plutôt inconnue de la grande agora politique (hormis dans le 7ème arrondissement de Paris où elle est adjointe au maire), la jeune femme est investie le 25 novembre comme tête de liste LREM dans le même arrondissement dans l’équipe du candidat à la Mairie de Paris, Benjamin Griveaux. Très vite, l’annonce fait tousser à cause d’un compte Twitter plutôt embarrassant et pas franchement cohérent avec son ralliement de circonstance. De nombreux tweets datant d’environ 2 ou 3 ans sont exhumés de sa timeline. Des tweets anciens où elle apparaît très engagée contre … Emmanuel Macron mais également très proche des milieux identitaires d’extrême-droite. Journalistes et adversaires politiques s’emparent de l’affaire qui fait son effet. Elle s’excuse dans un premier temps mais rien n’y fait. Le 4 décembre, l’impétrante annonce son retrait définitif pour raison médicale ! Sacré syndrome non ?

Cette tentation irrépressible de l’effacement

Si quelques-uns oublient benoîtement l’empreinte numérique, d’autres en revanche en ont une conscience plus aigüe. Tellement aigüe qu’ils s’empressent parfois de supprimer des tweets embarrassants, lourdingues, incohérents, insultants, truffés de fautes d’orthographe, etc. Les motifs abondent pour se livrer à l’escamotage digital. Il est vrai que cette satanée instantanéité incline fréquemment à répondre à chaud, à monter dans les tours et à goûter l’ivresse d’une formule mordante ou l’irrésistible envie de fermer le clapet à un contradicteur. L’auteur de ces lignes l’avoue piteusement. Il s’est lui aussi laissé quelquefois embarquer dans du tweet saignant un peu trop mordant. Or, plus l’exposition publique et médiatique grandit (et une candidature politique y contribue largement), plus les faits et gestes sont épiés et scrutés par quantité d’acteurs. Les adversaires, les médias de toute évidence mais aussi des plus anonymes (mais souvent militants actifs) et des trolls. Leur truc ? Repérer tous les tweets inconfortables qui sont subrepticement effacés. A grand renfort de captures d’écran, ils prennent alors le gommeur en chef le doigt dans le pot de tweets et lui rappelle fortement ce qu’il voulait précisément mettre sous le tapis ni vu, ni connu.

Pour s’en convaincre, il suffit de se référer à un twittos anonyme qui a déboulé sur la plateforme sociale de l’oiseau bleu en 2017. Personne ne sait vraiment qui il est mais il a fini par avoir une petite consécration médiatique cette année avec plusieurs reportages à son sujet. Sur Twitter, le compte @FallaitPasSuppr (pour Fallait Pas Supprimer) décortique et épluche en permanence les profils des personnalités publiques. Avec un succès indéniable puisqu’il enregistre aujourd’hui 68 200 abonnés curieux de savoir qui va se faire épingler pour avoir effacé un tweet maladroit ou carrément abject. Dès que ce compte repère un tweet supprimé (qu’il a très probablement capturé juste au moment de sa publication), il dégaine aussitôt et republie sur son propre compte, l’objet du « délit ». Parfois, ce sont juste de vieux tweets remis au goût du jour mais qui prennent une toute autre coloration au regard du contexte actuel. Même si ces derniers temps, ce sont des journalistes qui en ont pris pour leur grade, @FallaitPasSuppr a aligné un militant LR en cours d’exclusion de son parti et un élu LREM aux propos plutôt vulgaires.

Ce désir obscur d’avancer masqué

Twitter est un incroyable champ d’observation. Bien que le gazouillis mue un peu trop souvent en mots d’oiseaux peu ragoutants et haineux, le réseau de micro-blogging s’est imposé comme un des thermomètres de la vie politique française. Personne n’a encore atteint l’addiction (heureusement d’ailleurs) d’un Donald Trump qui annonce même ses décisions présidentielles en primeur sur Twitter. Il n’en demeure pas moins que rares sont les élus à ne pas avoir de compte, au risque d’ailleurs d’attirer les suspicions et/ou les moqueries tant Twitter est inscrit dans la panoplie du politique. Sauf que pour quelques-uns, avoir un compte public ne suffit pas. Alors, ils se dotent d’un compte anonyme ou de comptes totalement apocryphes qui vont tweeter des louanges et tacler plus durement les réfractaires ou les opposants.

Dans la série des comptes à faux nez, Marine Le Pen a été dans le viseur en 2015 puis à nouveau en 2017. Depuis deux ans, un mystérieux profil dénommé Anne Lalanne et son alias @enimar68 tweetaient de manière nettement plus débridée en cognant dur sur les autres partis et également quelques médias. Bien qu’un gros faisceau d’indices converge vers la chef du RN, Marine Le Pen a toujours nié. En attendant, le compte existe toujours et continue d’être prolixe sur les sujets identitaires. Dans un genre similaire, plusieurs chercheurs se sont penchés cette année sur une invasion de comptes macronistes avérés. C’est le cas par exemple du profil @AlainGrandBernard qui se veut simple militant mais derrière lequel se dissimulerait un professionnel de la politique qui ne dit pas son nom. D’autres comptes de la même obédience ont été identifiés et une partie d’entre eux suspectés d’être cette fois des bots au service d’un candidat. Il est vrai que si même un ex-conseiller élyséen du nom d’Ismaël Emelien cautionne (comme il l’a fait en mars 2019 sur France 5, « les comptes anonymes sur Twitter c’est un peu la règle »), il est fort à parier que la méthode très contestable inspire à nouveau d’autres petits malins.

On passe outre quand même ?

Malgré ces déviances notoires et risquées d’un point de vue réputationnel, celles-ci n’en continuent pas moins de persister. Côté empreinte digitale, on trouve encore des comptes à l’évolution rhétorique particulièrement incohérente. Faut-il pour autant se lancer dans une opération de grand nettoyage du printemps comme s’y était livré par exemple Bruno Roger-Petit lorsqu’il a accédé au poste de porte-parole de l’Elysée après avoir longtemps été un flingueur patenté contre Emmanuel Macron ? A l’époque de sa vaste lessive, l’action avait été remarquée, un peu moquée mais finalement n’aura pas empêché l’homme de rester sous les lambris républicains. Dès lors, pourquoi pas envisager un tel ravalement mais à condition de ne pas le faire en période d’intense couverture médiatique comme par exemple une élection. Là, ça se voit et ça peut revenir comme un boomerang désastreux que les adversaires politiques ne manqueront pas d’agiter.

Dans ces circonstances-là, autant assumer et s’excuser plutôt que de se contorsionner comme Philippine Hubin. Effacé ou pas, un trop grand écart se remarque. En revanche, mieux vaut proscrire le compte anonyme surtout s’il profère des propos qui peuvent tomber sous le coup de la loi pour harcèlement, diffamation, homophobie, racisme, incitation à la haine et la liste n’est pas close. A moins d’être un as de l’anonymisation informatique (et encore), une requête judiciaire peut être alors enclenchée. Les enquêteurs auront la possibilité d’obtenir les identifiants et de remonter jusqu’à la/les personne(s) derrière la falsification. Jouer les corbeaux n’est quand même pas le meilleur atout pour se faire élire non ?

 



2 commentaires sur “Elections municipales 2020 : 3 trucs de communication que tout candidat devrait intégrer sur Twitter

  1. 777petitesemaine  - 

    Panique au sommet de l’Etat:M.Grivois avec l’aide de son bras droit M.Son-Forget a diffusé sur des réseaux sociaux des images/vidéos pouvant être diversement appréciées.La dream team a toujours un tour dans son sac pour se montrer à son avantage.Branle-bas de combat :en pleine crise du coronavirus,la ministre de la santé qui ignore tout des campagnes électorales se lance au pied levé à la conquête de la ville de Paris.Ainsi,en macronie,exhibitionnistes,plaisantins,fantaisistes et ambianceurs se succèdent en improvisant,au jour le jour,sur un rythme endiablé :le spectacle est garanti !

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