Insulter les journalistes fait-il mieux exister ses idées ?

Calomnier les journalistes est devenu une technique communicante actuellement très en vogue chez de nombreux acteurs de la vie politique. Le gourdin de l’injure est en soi loin d’être inédit et même une antienne usitée depuis des décennies à l’encontre des reporters jugés trop importuns ou critiques. Mais ces derniers temps, quelques figures notoires s’y adonnent avec une gourmandise énervée assez surprenante.

Pourquoi tant de virulence à répétition à l’égard d’une profession qui certes n’est pas exempte de reproches mais qui s’efforce malgré tout de faire son métier d’information ? Faut-il y voir une astuce manipulatoire pour susciter ce fameux buzz médiatique dont beaucoup sont friands pour exister sur la place publique ou bien une tendance lourde de la dégradation d’un métier malmené et vilipendé ? Quelques éléments de réponse dans le fatras des insultes !

« Il y a désormais un droit à l’insulte ouvert dans ce pays, ce qui laisse augurer d’une campagne présidentielle « très agréable » pour les journalistes » (1). Ce constat mi-amer, mi-ironique émane de Thierry Thuillier, le directeur de l’information du groupe France Télévisions suite aux insultes proférées quelques jours plus tôt par le sénateur et leader du Front de Gauche, Jean-Luc Mélenchon à l’égard du présentateur du JT de 20 heures de France 2, David Pujadas.

Pourquoi tant de haine ?

L’élu n’avait en effet pas hésité à qualifier le journaliste de « salaud », « laquais » et « larbin du pouvoir » pour son interview jugée trop pugnace d’un syndicaliste CGT impliqué dans des actes de dégradation de biens suite à la fermeture programmée de l’usine Continental de Clairoix (Oise). Sommé de s’expliquer par la confrérie journalistique sur cet écart de langage, Jean-Luc Mélenchon a au contraire persisté en refusant de formuler la moindre excuse. Bravache à souhait, il a même renchéri sur son accusation initiale (2) : « Oui, après tout, c’est vrai. C’est tout ce qu’il méritait ».

Ce qui pourrait apparaître comme une énième et superfétatoire passe d’armes pour initiés du microcosme politico-médiatique relève en fait d’un phénomène qui a tendance à nettement s’accentuer depuis quelques mois, tous camps politiques confondus. En s’attaquant de plus en plus frontalement aux journalistes, les politiques surfent allègrement dans l’air du temps et essayent de capitaliser à leur avantage l’étiolement certain dont souffrent les journalistes.

Paru en 2009, ce petit livre aborde les vraies questions du journalisme

L’étoile du « quatrième pouvoir » comme on surnomme souvent les journalistes s’est en effet singulièrement flétrie au gré du temps. Les racines de cette situation délétère sont profondes. Dans un livre pertinent (3) publié en 1991, Yves Mamou diagnostiquait déjà la tumeur en citant deux sondages aux chiffres éloquents. Le premier réalisé trois ans plus tôt par le quotidien La Croix indiquait que 50% des Français estimaient la presse pas assez indépendante des partis politiques et des pouvoirs de l’argent. Le second mené par Le Nouvel Observateur établissait un classement préférentiel des métiers prestigieux aux yeux des Français. Lequel reléguait les journalistes en queue de peloton aux côtés des prostituées et des députés !

Le verdict aurait pu constituer un électrochoc salutaire. Il n’en fut rien et même pire. En 2007, un sondage LH2-Libération renvoyait un scanner encore plus implacable : 62% des Français jugent les médias dépendants des pouvoirs politiques. A l’orée de la nouvelle décennie, l’érosion de la confiance est encore montée d’un cran. Dans sa dernière livraison de janvier 2010, le désormais classique coup de sonde du journal La Croix montre que les compteurs se sont un peu plus encore enfoncés en zone rouge. 66% des personnes interrogées considèrent que les journalistes ne résistent pas aux pressions des partis politiques et du pouvoir et 60% prêts à succomber aux pressions de l’argent.

Cette défiance accusatoire à l’égard de la presse n’est pas un fait fondamentalement inédit. Par exemple, l’écrivain et journaliste Jules Vallès plantait déjà des banderilles acérées sur son dos en la soupçonnant de blâmables collusions dans les colonnes du journal Le Peuple : « Depuis 1852, la presse a toujours eu pour égéries certaines puissances financières ». En revanche, l’argument ressort à intervalles de plus en plus réguliers. Lors de la dernière élection présidentielle de 2007, François Bayrou n’a pas hésité à son tour à taper du poing sur la table en s’insurgeant contre la fracture médiatique sévissant entre d’un côté, les deux poids lourds Sarko et Ségo couvés et choyés par les médias et de l’autre, la piétaille des autres prétendants réduits à jouer les supplétifs de bas étage dans un duel bipolaire écrit d’avance.

Un contexte de récusation des élites

Pas de chance pour la presse ! Les reproches qu’on lui assène coïncident pile poil avec l’avènement d’un contexte sociétal de récusation généralisée des élites. Jamais les esprits n’ont été en effet aussi échauffés et au bord de la crise de nerfs à l’égard de ceux qui incarnent une autorité. Un cocktail détonnant de peur, de suspicion et de sectarisme semble s’être enkysté de manière récurrente dans les moindres recoins de la société. Plus aucun domaine n’est épargné par les admonestations énervées. Politique, économique, diplomatique, industriel, médical, scientifique, environnemental mais aussi social, militaire, sportif, religieux, générationnel, éducatif, tout le monde est logé à la même enseigne et la liste noire est loin d’être exhaustive !

Critiquer les autorités est devenu une constante sociétale en France

Dans ce tir aux pigeons où la remise en cause des élites et des experts est devenue systématique, les journalistes en prennent évidement plein leur grade au même titre que la liste égrenée ci-dessus. Le sociologue Michel Maffesoli le constate sans détours (4) : « Depuis deux décennies, un très grand fossé s’est creusé entre l’élite, ceux qui ont le pouvoir de dire, et le peuple, ceux qui n’ont pas le pouvoir de dire. C’est une crise globale de la représentation qui affecte le vieux contrat social républicain. Toute société a besoin de se dire et de se raconter. Même si le discours n’est que rituel, il sert de référence commune. Cette fonction de dire la société revient aux clercs. Or aujourd’hui le discours des clercs ne correspond plus du tout à la réalité. Cette rupture introduit un sentiment de mensonge global. On ne se sent plus représenté. Donc on suppute qu’on est trompé ».

La déliquescence est donc installée. Le journaliste est désormais regardé comme au mieux un acteur brinquebalé et manipulé par des enjeux qui le dépassent ou au pire un collabo versé dans la collusion avec les puissants, voire un chasseur sans foi ni loi de scoops sensationnalistes et racoleurs. Il faut bien avouer que cette métastase de la défiance a été largement alimentée par de nombreux journalistes. Par des renoncements serviles, à cause d’ambitions cupides et/ou par laxisme déontologique, la profession s’est abîmée en endossant régulièrement les habits de l’apprenti faustien pactisant avec le pouvoir politique tout en croyant pouvoir s’en défaire lorsque nécessité se fait jour.

Dominique de Montvalon, ancien directeur de la rédaction du Parisien et rédacteur en chef du service politique de France Soir, témoigne de ce flip-flap radical que le public français a opéré à l’égard des journalistes. Lesquels sont aujourd’hui allègrement perçus comme des suppôts d’un ordre établi (5) : « Ce n’était pas le cas quand j’ai débuté il y a trente ans et quelque. A l’époque, j’étais au Point. Les gens se disaient : « oh la la ! Vous devez en connaître des choses et des gens ». Je caricature un peu mais il y avait une forme d’admiration, de déférence. Il fréquente les puissants et il sait les secrets du monde. Trente ans plus tard, c’est la situation inverse. Les journalistes font l’objet d’un rejet ou en tout cas d’une violence inouïe. On leur reproche d’être du même monde, d’avoir les mêmes analyses, les mêmes loisirs, les mêmes habitations, les mêmes types de réflexe et de servir chacun à sa façon, le même brouet qui devient assommant. C’est une espèce de pensée conformiste, politiquement correcte et d’autant plus insupportable que la majorité des journalistes adopte volontiers un ton arrogant. Ils ne disent jamais ne s’être trompés, ne pratiquent guère le doute et ne corrigent pas leurs écrits ou leurs paroles ».

Petit florilège 2010 de castagne anti-journaliste

Matraquer verbalement les journalistes est la marque de fabrique de Jean-Luc Mélenchon

Dans ce contexte de désacralisation des journalistes, l’arsenal déployé par les politiques donne de moins en moins dans la fioriture. Le mot d’ordre peut même se résumer la plupart du temps dans les quelques mots d’une boutade sarcastique inventée par des conservateurs radicaux américains à l’adresse de certains journalistes peu avenants : « If you don’t like the message, shoot the messenger ». Autrement dit, puisque les journalistes souffrent d’une cote d’estime aussi basse auprès de l’opinion, pourquoi se priver de tirer dessus à boulets rouges pour redorer soi-même son blason ?

Dans ce matraquage verbal en règle, Jean-Luc Mélenchon a clairement pris une longueur d’avance parmi ses confrères et consœurs de la classe politique française. Au sein d’une mouvance de gauche anticapitaliste en pleine recomposition où le leadership reste à conquérir, ce diplômé en littérature a choisi de faire de la vitupération anti-journalistique, sa marque de fabrique. En mars 2010, un apprenti reporter voulant le faire réagir sur le sujet des maisons closes, s’est vu vertement rudoyé et qualifié de « petite cervelle » par Jean-Luc Mélenchon.

Mélenchon: Les journalistes sont de « petites cervelles »
envoyé par ecoledejournalisme. – L’info video en direct.

Sur son blog, il s’auto-congratule du vilain tour joué au jeune homme. Il jouit ouvertement du coup médiatique que sa saillie verbale a engendré (6) : « Pour moi c’est un buzz inespéré dans une semaine où je ne suis pas là du fait de mes congés. Mais, plus sérieusement, l’incident m’intéresse. Je crois que nous pouvons en profiter si nous l’utilisons correctement. Que l’occasion fasse les larrons. C’est surtout un exercice de démonstration par la preuve de ce que j’avance à propos des dérives de ce métier. Car cette vidéo a immédiatement suscité, m’a-t-on dit, des centaines de témoignages qui me donnent raison et dire que cette profession est en train de sombrer. Il est très important, pour la lutte que nous menons, de faire en sorte que les gens se décomplexent à l’égard des médias et rétablissent un rapport critique à ceux-ci ».

Depuis ce coup d’éclat, Jean-Luc Mélenchon ne rate pas une occasion d’étriller la profession journalistique comme sa récente descente en flammes envers David Pujadas. Le politologue Stéphane Rozès décrypte parfaitement bien la tactique discursive du sénateur Mélenchon (7) : « Il exploite l’idée répandue que les médias sont au service du pouvoir économique et financier et il parle au peuple comme le peuple ». Résultat payant s’il en est puisque jamais Jean-Luc Mélenchon n’a été autant présent dans l’espace médiatique au point d’avoir décroché un ticket d’accès pour s’asseoir début novembre 2010 sur le si prisé canapé dominical de Michel Drucker dans son émission « Vivement Dimanche ».

Médias = complot

Benjamin Lancar (UMP) voit des complots trotskystes partout dans la presse

Dans un registre plus complotiste mais tout aussi lance-flammes, deux médias ont récemment dû affronter des flèches particulièrement venimeuses et enduites d’une glose totalitaire qu’on aurait pu croire révolue tellement la ficelle est grosse. Pourtant, Mediapart comme TF1 ont tour à tour reçu une volée de bois vert au motif qu’ils étaient au service exclusif d’une cause politique indigne aux yeux de leurs contempteurs de service.

Dans le cas de Mediapart, ce sont les ténors de l’UMP qui sont montés au créneau pour s’offusquer du traitement médiatique effectué par le site d’information sur l’affaire Woerth-Bettencourt. Dans un article paru en septembre dernier (8), le journaliste Jean-Claude Guillebaud s’est livré avec ironie à une exhaustive compilation des déclarations les plus cinglantes à l’égard du site fondé par Edwy Plenel. Pêle-mêle, on y retrouve par exemple les « méthodes fascistes » dénoncées par Xavier Bertrand, la fine analyse du président des Jeunes Populaires, Benjamin Lancar (« Du temps de Staline, il y avait les montages photo ; en 2010, il y a Mediapart mené par un trotskyste »), le « site de ragots et de déclarations anonymes » de Nadine Morano ou encore la puissante admonestation du porte-parole de l’UMP, Dominique Paillé (« Ce comportement est scandaleux tant il repose sur des montages farfelus, fabriqués de toutes pièces »).

La calomnie
envoyé par Mediapart. – L’info video en direct.

Concernant TF1, la charge émane en revanche d’un seul homme, le député socialiste Arnaud Montebourg mais elle n’en demeure pas moins brutale que celle du pack UMP. Après s’être fait prendre en flagrant délit de dénigrement caractérisé de la première chaîne dans une vidéo sur Internet, Arnaud Montebourg a alors défouraillé plein pot en adressant un courrier acerbe au PDG, Nonce Paolini. Courrier qu’il publie dans la foulée sur son blog personnel. Là aussi, l’accusateur n’y va pas de main morte. Arguant son écharpe tricolore d’élu de la Nation, Arnaud Montebourg dézingue TF1 en la rendant coupable de collusion politique et d’appauvrissement culturel des téléspectateurs français. En cela, Arnaud Montebourg renoue avec le combat qui l’avait fait connaître du grand public en 2004 avec l’association « Les pieds dans le PAF » qui croisait déjà le fer avec … TF1 !

« Je t’emmerde » ou la combine à Nanard

Avec Bernard Tapie, le canardage des médias est quasiment une seconde nature. Bien qu’il leur doive une grande partie de sa notoriété, l’homme d’affaires n’a jamais accepté qu’un journaliste lui oppose une quelconque résistance. Mais à la différence des exemples évoqués plus haut dans ce billet, le désormais remplumé citoyen Tapie ne s’embarrasse pas d’une dialectique élaborée pour jeter l’opprobre sur des médias qui l’agacent ou qui lui déplaisent.

Bernard Tapie : on cogne d’abord et on discute après (éventuellement !)

Ainsi, lors du sulfureux match entre l’Olympique de Marseille et l’US Valenciennes Anzin en mai 1993, le journaliste Pierre-Louis Basse fut le premier à émettre des doutes sur la régularité de la rencontre. Le dirigeant marseillais lui nourrira dès lors un ostracisme implacable et ouvertement assumé à chaque fois que leurs routes se croiseront. Un autre journaliste a également fait les frais des fureurs de Bernard Tapie mais cette fois physiquement. Journaliste à Antenne 2, Alain Vernon consacre plusieurs sujets sur le dopage dans le cyclisme et le football. Assez pour déplaire à l’homme d’affaires très actif dans ces deux sports qui lui assènera un violent coup de poing à la figure en 1991 lors d’un match européen.

Une réaction qu’on aurait pu mettre sur le compte de la jeunesse si près de 17 ans plus tard, le journaliste de RTL, Jean-Michel Aphatie n’avait pas à son tour subi le courroux débridé de Bernard Tapie. Après une interview radiophonique mouvementée sur l’affaire du Crédit Lyonnais, Bernard Tapie sortit de ses gonds, insulta copieusement le journaliste tout en étant à deux doigts de la bagarre à la sortie du studio.

Au fil des années, l’homme n’a pas varié d’un iota. Aussi n’hésite-t-il pas à ressortir du placard la bonne vieille pétoire à gros sel lors de son entretien mouvementé le 11 octobre dernier avec le journaliste de France Inter, Patrice Cohen. Au lieu de s’évertuer à avancer des arguments pour convaincre de son bon droit, Bernard Tapie fonce bille en tête en insinuant que les journalistes sont des jaloux du magot qu’il vient de récupérer par voie de justice. A coups de formules populistes musclées qui ont fait son succès, il provoque le journaliste (9) : « “Ça fait quinze ans que j’ai raison et ça fait quinze ans que ça vous emmerde, parce que depuis le départ vous avez estimé que je devais avoir tort (…), il faudra vous y faire, j’ai gagné 45 millions et même un peu plus encore ! Et plus ça vous emmerde, plus ça me fait plaisir. (…) Je le sais que ça vous fait chier ». Et quand Patrice Cohen lui demande s’il aime Mélenchon parce qu’il tape sur les journalistes, l’impétrant réplique sans barguigner : « Voilà ! Parce qu’il pense comme moi ».

Bernard Tapie
envoyé par franceinter. – L’info internationale vidéo.

Conclusion – Peut-on critiquer les journalistes ?

Exemple à suivre ? La question est ouverte (Extrait du Canard Enchaîné – Mars 2009)

On a encore tous en mémoire l’inénarrable propension de Georges Marchais, ancien premier secrétaire du Parti Communiste, à assommer verbalement les journalistes qui le gênaient dans ses propos. Le « Taisez-vous Elkabbach » figure et figurera encore pour longtemps au frontispice des répliques les plus cinglantes (bien que la source de cette phrase soit semble-t-il de l’humoriste Pierre Douglas et non du sus-nommé lui-même – NDLR : Merci à Guy Birenbaum pour cette utile précision). De surcroît, il est sain dans une démocratie que les journalistes ne s’érigent pas en procureur zélé du haut de leur tribune médiatique. Cette inclination encore trop répandue a très probablement encouragé d’aucuns à répliquer aussi durement que les admonestations dont ils étaient les cibles médiatiques.

Pour autant, la tendance croissante à imputer aux journalistes toutes les erreurs du monde devient fâcheuse. Autant il est nécessaire que les journalistes puissent être critiqués (et force est d’admettre que la marge de progrès reste importante dans ce domaine), autant les dirigeants politiques devraient s’abstenir de recourir aux diatribes comminatoires et méprisantes dont ils usent et abusent pour couvrir leurs propres incohérences ou refuser d’assumer des évidences. Ce n’est pas en tuant le messager qu’on empêche le message de passer. En revanche, en le tuant, on risque fort de laisser le message se déformer au profit de minorités hurlantes qui ont fait de l’hallali anti-journaliste leur fonds de commerce fallacieux. Messieurs Mélenchon et consorts feraient bien de méditer cet axiome au lieu de s’inspirer de cette citation révélée par le Canard Enchaîné en 2009 (voir ci-contre).

Pour en savoir plus

– Visiter le site du chercheur Thomas Bouchet sur l’insulte en politique (Université de Bourgogne)
– Article de Thomas Legrand – « De l’insulte en politique » – Slate.fr – 5 avril 2010
– Lire le dossier enquête du Monde (en accès payant) – « TF1 est-elle une chaîne délinquante ? » – 12 octobre 2010
– Lire l’article mordant de Claude Soula – « Mélenchon, Tapie, Pujadas et Cie – Petites natures va ! » – Le Nouvel Observateur – 15 octobre 2010
– Lire l’interview décapante d’Arlette Chabot – « Journaliste, pas mieux considéré que flic ou pute » – Rue89 – 16 octobre 2010 (Merci à François Guillot pour cette info qu’il m’a transmise)
– Lire l’article de Roberto Lapia sur les insultes pratiquées dans d’autres pays européens – « The European politicians who insult journalists » – Café Babel – 26 avril 2010

Sources

(1) – Emmanuel Berretta – « Insultes – Pas de boycott ni de poursuites de France 2 contre Jean-Luc Mélenchon » – Le Point.fr – 10 octobre 2010
(2) – Ibid.
(3) – Yves Mamou – C’est la faute aux médias – Payot – 1991
(4) – Interview de Michel Maffesoli donnée au Nouvel Observateur – 7 octobre 2004
(5) – Entretien avec Jacques Paugam – www.omegatv.tv – Décembre 2008
(6) – « Un étudiant en religion médiatique démasque un mécréant » -Blog de Jean-Luc Mélenchon – 31 mars 2010-
(7) – Rosalie Lucas – « Pourquoi Tapie et Mélenchon attaquent les journalistes » – Le Parisien – 12 octobre 2010
(8) – Jean-Claude Guillebaud –  « Des excuses à Médiapart ? » – TéléObs – 30 septembre 2010
(9) – Entretien avec Patrice Cohen – Le 7/9 de France Inter – 11 octobre 2010



40 commentaires sur “Insulter les journalistes fait-il mieux exister ses idées ?

    1. Olivier Cimelière  - 

      Vos propos sont empreints d’une gravité qui fait froid dans le dos. Citez-moi un cas avéré où un journaliste insulte les français comme vous dites. Je n’ai pas ce sentiment. Après, on peut évidemment ne pas apprécier le ton et le traitement de tel ou tel reportage. Mais de là à s’abandonner à la violence comme vous semblez le suggérer, il y a un pas gravissime plus que regrettable.
      Enfin, faire des journalistes les éternels boucs émissaires des choses qui ne vont pas est un raccourci bien commode. Ils ne sont que le reflet (pas toujours joli à voir, je vous le concède) de notre société.

  1. Camille  - 

    Bonjour,

    Je découvre grâce à Hervé Kabla votre blog dont le ton est très … chouchou : comprendre serein et invitant à l’éducation.

    J’étais tombé -à propos de cet article précisément- sur un site qui, bien que plus polémique, rebondissait, je trouve assez bien, sur la sortie de Monsieur Mélenchon – http://www.acrimed.org/article3465.html

    On y lit en particulier « Dans une interview au JDD, Xavier Mathieu estimait ainsi que Mélenchon avait « parfaitement résumé la pensée qui était la mienne au moment de cette interview. J’ai eu l’impression, de la part de David Pujadas, qu’il me prenait pour un voyou. Que je devais avouer à la France entière que j’avais fait quelque chose de mal et que je devais m’excuser […] ».

    Et à l’occasion d’une question… de journaliste (« Vous en voulez à David Pujadas ? »), Mathieu précise : « Disons que ce jour-là, j’aurais aimé qu’il interroge aussi les dirigeants de Continental en leur posant les mêmes questions, du style : « Est-ce que vous n’êtes pas allés trop loin en trahissant vos salariés ? Est-ce que vous ne regrettez pas de leur avoir menti après leur avoir promis la pérennité du site en contrepartie du retour aux 40 heures ? » J’aurais aimé entendre ces questions-là. […] »

    Et nous aurions aimé – ou préféré… – entendre nos éditorialistes débattre de l’absence de « ces questions-là », plutôt que d’exécuter froidement Mélenchon, et de pardonner d’emblée au « confrère » offensé. »

    On peut penser qu’il s’agit d’un cercle vertueux que personne ne veut commencer à tracer et effectivement tant que tout le monde baissera la tête et préfèrera s’en sortir de son côté, on verra toujours ces extrêmes paroles … non ? Sans doute un tantinet piou piou – hey mais laissez moi rêver héhé.

    Bravi brava bravo pour votre prix par ailleurs.

    1. Olivier Cimelière  - 

      Bonjour Camille
      Merci pour vos sympathiques commentaires et notamment l’épithète « chouchou » ! C’est bien la 1ère fois que je reçois un tel adjectif pour qualifier mon blog ! C’est surprenant mais why not après tout !
      Je vois que l’affaire Mélenchon continue de faire couler de l’encre et je me demande si un jour, nous parviendrons à avoir une vision pondérée des choses. David Pujadas est certes critiquable sur bien des points mais de là à le crucifier comme le fait JL Mélenchon semble quelque peu abusif. Surtout quand le même personnage vient ensuite se vautrer sur le canapé de Michel Drucker qui est probablement ce qui se fait de mieux en matière de lénifiant et cirage de pompes. Ca manque de cohérence non ?
      Merci en tout cas
      Olivier

  2. Episteme  - 

    Article intéressant dont le contenu est plus mesuré que ne le laisse entrevoir le titre.

    Je l’avoue, je suis très très critique du travail journalistique, fondamental dans une démocratie. Mon principal reproche est qu’en fait de travail journalistique (délivrer une information sûre via une vérification et un établissement des faits), on observe que le journalisme se résume assez souvent à une simple reprise de dépêches AFP ou Reuters, de reprises d’affaires levées par d’autres collègues dont on met le contenu à sa sauce sans y apporter de valeur ajoutée.

    Tout le problème réside dans le fait qu’actuellement, l’exigence des lecteurs est sans doute grande. Chacun peut aisément, grâce à l’accès à une information pluraliste de manière immédiate que permet Internet, confronter les articles, mettre le travail journalistique en question et in fine repérer plus aisément les erreurs, manipulations, malhonnêteté intellectuelle (quand par exemple un article mis en ligne est retoqué sans que cela ne soit nullement précisé…) et le corporatisme de la profession.

    Sur ce dernier point, comment ne pas être irrité par ces unes de journalistes pour certains soi-disant molestés par les forces de l’ordre (je pense au journaliste de Canal Plus qui brandissait sa carte de presse alors qu’il était semble t-il manifestant), par la reprise de l’étude de RSF (sans aucun recul critique) où le sentiment qui appert est que le journaliste serait un citoyen supérieur aux autres dont la carte de presse prévaudrait de toutes les attaques et avanies, bouclier levé dont beaucoup abusent par trop.

    Peut-on les critiquer ? J’en doute. Quand j’observe la manière dont pour prendre un exemple récent, un ophtalmologue d’Aix en Provence a été trainé dans la boue sur la foi du témoignage de la présumé victime d’injures racistes. Dans l’article que consacrait Rue89 à l’affaire, le bidonnage a été constant. Loin de s’excuser du traitement indigne de l’affaire (identité du médecin jetée en pâture pendant 4 jours !) où la présomption d’innocence était bafouée, la rédaction qui a fait bloc autour de la rédactrice de l’article a timidement admis une erreur en ayant révélé l’identité du médecin tout en insistant sur l’existence d’une fachosphère dont peu ou prou tous les critiques y ont été inclus.

    En quoi consiste donc le travail du journaliste à l’heure d’Internet ? Comment attirer le chaland sans fournir une copie médiocre ? De toute évidence, chacun cherchera à se spécialiser, en adoptant une ligne éditoriale dont le pari est qu’elle sera partagée par nombre de lecteurs. Pour rester sur l’exemple de Rue89, l’antiracisme est un élément important pour eux.

    Mais au final, ce que les journalistes ne devraient jamais, au grand jamais oublier, c’est que le lecteur attend, au delà des raisons du choix d’un sujet précis, c’est un travail de vérification de l’information délivrée : ce que j’écris, je l’ai vérifié, j’ai des sources, j’ai confronté les témoignages, cherché à connaitre les différents point de vue. Je délivre un message conforme à ce que je peux dire au vu de ce que j’ai accumulé. J’ai fait un travail d’enquête.

    Or, actuellement, nous sommes très très loin de cela. On patauge le plus souvent dans la médiocrité où le journalisme se contente de relayer une information loin d’être vérifiée parue par ailleurs. Que les journalistes se fassent insulter devient alors pour beaucoup d’un intérêt moindre. Grosso modo, chacun finit par penser qu’ils n’ont que ce qu’ils méritent.

    Aux journalistes de prouver le contraire.

    1. Olivier Cimelière  - 

      Cher Episteme. Merci tout d’abord pour cette intéressante réflexion autour de l’acceptation de la critique et de la remise en cause au sein de la corporation journalistique! C’est un fait que l’allergie à la critique est une constante récurrente chez nombreux détenteurs de la carte de presse. Sans vouloir les offenser, il est en effet très difficile de leur faire admettre qu’ils se sont parfois trompés, laissés embarquer ou ont carrément bidonné, voire mal vérifié. C’est un vrai problème que cette psychorigidité à l’égard de la critique. J’y reviendrai d’ailleurs probablement à l’occasion d’un prochain billet car un des motifs de la décrédibilisation dont souffrent les journalistes aujourd’hui, est précisément ce refus d’entendre des critiques parfois justifiées. A cet égard, la démarche (difficile et contestée!) du journaliste Yves Agnès pour un conseil de la Presse (http://www.journalisme.com/content/view/487/130/) est une initiative à suivre de très près. C’est là peut-être un levier pour enfin oser aborder les sujets qui fâchent en toute honnêteté au lieu de se crisper derrière une mauvaise foi corporatiste pas toujours de bon aloi !

      1. Episteme  - 

        J’aimerai(s) y croire, mais le retour incessant de la déontologie journalistique sur le tapis sans réels effets ne fait que rendre le lecteur de plus en plus suspicieux.

        Car pour prendre le dernier exemple en date, qui a accouché du code de Frappat, quels effets ?

        C’est bien beau de faire de grandes déclarations, mais si en cas de non respect des règles déontologiques admises par l’ensemble de la profession rien ne vient sanctionner l’écart, quel crédit accorder à celui-ci ?

        Comme pour une loi : si dans les faits elle n’est jamais appliquée, à quoi sert-elle ?

        Mais de manière générale, l’urgence n’est pas de s’interroger sur ce que pourrait être un bon journaliste, mais déjà d’atteindre un journalisme qui passe un minimum de temps à vérifier l’information, qui ne se tra

        1. Episteme  - 

          (suite à une touche tab trop vite appuyée. Si vous pouviez réunir le tout, merci :))
          Mais de manière générale, l’urgence n’est pas de s’interroger sur ce que pourrait être un bon journaliste, mais déjà d’atteindre un journalisme qui passe un minimum de temps à vérifier l’information, qui ne se transforme pas en juge.

          Pour reprendre l’article de Rue89 (qui est pour moi un exemple typique de ce qu’il ne faut pas faire), la journaliste laisse un commentaire le samedi après-midi où elle écrit qu’elle va continuer d’instruire l’affaire. Instruire l’affaire… On se frotte les yeux, on relit et on à la veine de la tempe gauche qui pulse sous la colère !

          Bref, certes, certains journalistes ont conscience que le B.A.-BA du métier n’est dans bien des cas pas respecté. Mais toutes ces interrogations, prises de positions sont suivis de quels effets ?

          En tant que lecteur, je me pose une question, corrélat inévitable de que j’attends d’un travail journalistique : combien suis-je prêt à mettre pour une information de qualité ? Comment faire que ce que beaucoup estiment essentiel à la bonne santé de la démocratie soit rémunéré à sa juste valeur ?

          Au passage, l’ancien cassien né à Orléans que je suis salue l’ancien orléanais 😉

          1. Olivier Cimelière  - 

            Bonjour Episteme. Malheureusement mon habilité technique n’a pas réussi à remettre dans l’ordre tes 2 commentaires mais ils sont publiés au moins !

            On est bien d’accord sur le fait que la marge de progression reste grande. Le code Frappat n’est d’ailleurs sans doute pas le meilleur outil. Bruno Frappat ne passe pas précisément pour un chaud fervent d’une instance sanctionnant les dérives journalistiques.
            L’exemple de Rue89 rejoint celui du Point qui s’est fait récemment abusé par un pseudo-polygame vivant en banlieue. L’histoire est malheureusement pleine de ce genre d’abus de part et d’autre. Il ne faut en effet jamais perdre de vue que certains visent d’abord à manipuler un journaliste dans le but de l’amener à leurs propres objectifs. Taper systématiquement sur le travail du reporter est parfois bien pratique mais pas toujours juste et pertinent !
            Pour finir, je me pose en effet la même question : combien pour une info de qualité !!!

            Et enfin bonne journée à l’ancien natif d’Orléans … que j’ai moi-même quitté – sans aucun regret 🙂 – depuis bien longtemps !

  3. Louis75  - 

    Jean Robin, plus haut, dit s’être fait insulter par Mélenchon. Il met un lien, et on peut vérifier. Très bien. Je vérifie. Mélanchon dit : Allez, dehors, du balai. » Jean Robin lui demandait ce qu’il pensait du fait la retraite par répartitions fût mise en place par le régime de Vichy. Voici pour moi l’exemple type du mec, journaliste ou pas, mais qui se prend pour l’impertinent journaliste tel que se veut le journaliste modèle, qui se plaint de se faire envoyer paître après avoir posé une question débile. Car Mélenchon, comme quiconque se trouve dans la position de l’interrogé, a le droit d’invalider la question pour des raisons de logique qui lui sont propre. Le travers journalistique, c’est de penser que l’on est obligé de répondre à toutes les questions, qu’elles soient judicieuses, intéressantes ou débiles.

    1. Olivier Cimelière  - 

      Bonjour Louis75. Dans le cas Jean Robin, je vous concède effectivement que la question posée était tellement biaisée que l’objectif était probablement de faire s’énerver JL Mélenchon. Mais voilà, à force d’arroser de gentils mots les journalistes, JLM se retrouve à son tour provoqué 🙂 et pris à son propre piège !

  4. Louis75  - 

    Cher Olivier,

    Non, j’ai pratiqué tous les groupes de presse de la place de Paris, parfois au sein du même groupe différentes rédactions, j’ai été également à Marianne, au Magazine Littéraire, et les 95 % de journalistes de gauche je l’ai vécus. Cette profession a une vision dogmatique de la société, alignée principalement sur la pensée de gauche vulgarisée par la vulgate républicaine. Souvent, à écouter mes confrères, je me suis demandé s’ils étaient de vrais démocrates.

    La presse n’accueille pas comme vous le soutenez toutes les sensibilités politiques. Quant à la légère inclinaison à gauche que vous avez notée, je la prends plutôt pour un basculement idéologique massif.

    Je sais bien que tous les journalistes ne sont pas encartés. C’est d’autant plus saisissant de constater l’arrogance de ce métier, ne serait-ce que dans son affirmation autocélébrée, d’un rôle indispensable au bon fonctionnement démocratique ; mot magique, dont le contenu n’est jamais rediscuté par la profession.

    Et que dire des 7650 euros que les journalistes – encartés ou pas – déduisent de leur impôt sur le revenu chaque année… Même les plus précaires d’entre-nous, et ils sont nombreux, bénéficient de ce privilège (qui dépense en frais cette somme ?) et double ce bénéfice d’une aura d’importance qui se délite aujourd’hui, et ce dernier point met en rage la profession. Les journalistes ont fait de l’information une marchandise, ils ont ruiné la grandeur et la force politique de leur métier, rien d’étonnant qu’ils soient déconsidérés, maltraités, et pour tout dire réduits à quémander un respect qu’ils ne méritent plus.

    1. Olivier Cimelière  - 

      Re-bonjour Louis75 ! Quel lecteur prolixe! C’est sympa même si on n’est pas tout à fait sur la même longueur d’onde ! Je veux bien croire qu’à Marianne, voire Politis, Nouvel Obs, etc , les journalistes soient très majoritairement de gauche mais n’abusons pas des généralités non plus. Je connais bien par exemple France Televisions. Contrairement à la réputation allègrement déclinée, ce n’est pas une succursale de la gauche ! Il y a des journalistes de gauche, il y en a de droite aussi.
      Sur votre dernier paragraphe, j’admets en effet que certains journalistes ont largement endommagé la crédibilité de cette profession et que le retour de bâton est à la mesure de leurs dérives. Mais là encore, je me méfie toujours des amalgames. Pour cotoyer de par ma profession de communicant de nombreux journalistes, j’en croise encore beaucoup qui font bien (ou tentent en dépit des moyens parfois ridicules) leur boulot. Sans servir la soupe. Sans non plus tomber dans les clichés anti-communicants !

  5. Louis Morales  - 

    Cher Monsieur,
    Le lecteurs ils ont raison, indiscutablement: les mauvais journalistes assassinent le vrai Journalisme (Avec majuscule!).
    A la énorme liste actuelle de «propagandistes» de l’UMP ou du pouvoir politique et économique, je pourrais agréer un ancien «Président de Reporters Sans Frontières», aujourd’hui «Président des énergumènes lèche de Sans Frontières».
    La situation se doit à 38000 journalistes sans l’ «Ordre» que règle la profession et justifie l’urgence de la création de telle organisme afin de donner au moins un peu de décence dans votre métier, si mal traité par la majorité des français.
    Malheureusement, c’est un problème globale quand la majorité des médias appartiennent a la oligarchie et, un journaliste salarié, ne peut pas être «libre» en aucun cas. Sauf si travail en coopérative ou société de journalistes, comme «Médiapart» ou d’autre médias indépendantes.
    Votre métier disparaîtra si vous ne vous donnais pas avec vos collègues les lettres de noblesse qui exige le plus ancien office du monde que, bien entendu, n’est pas la prostitution d’aucune manière!

  6. Louis75  - 

    Pas de préjugés, aucune idée reçue : c’est même à partir de postjugés que je peux, après 12 ans de pratique dans la presse écrite, ne pas m’étonner que les représentants de cette profession se fassent aujourd’hui méprisés et insultés. Déjà, 95 % des journalistes sont de gauche. Ensuite, ils avancent encore l’argument de leur rôle dans l’équilibre démocratique alors que l’on est en droit de se demander si nous vivons dans une démocratie ou plutôt dans un Etat démocratoïde, qui semble satisfaire l’ensemble de la profession (lire les éditoriaux au moment de la ratification du traité de Lisbonne). L’arrogance, ah, l’arrogance ! Là, c’est pire que tout. C’est fou ce qu’une carte de presse peut monter à la tête de l’impétrant. Même dans l’anonymat des rédactions, le premier encarté venu se prend pour un maître es réel. Au bout de 12 ans, moi, je n’en peux plus de la fatuité de cette profession. Je suis d’ailleurs en train d’en changer. Sans doute la presse eût-elle un rôle naguère, forte de la considération qu’elle portait aux citoyens, mais la société a changé, ce métier aussi. Maintenant, le journalisme évoque une industrie comme une autre. C’est ainsi.

    1. Olivier Cimelière  - 

      Cher Louis 75. Je comprends votre vision désabusée du métier que j’ai eu le plaisir de pratiquer. Je constate effectivement qu’il est sinistré à de nombreux niveaux. Est-ce pour autant une raison d’en sonner l’hallali et porter le coup de grâce. Je ne crois pas.
      Concernant votre taux de 95% de journalistes de gauche, je pense que vous avez probablement un peu trop lu la prose du journaliste de droite Eric Busnel qui voit des gauchistes partout. La profession accueille toutes les sensibilités politiques même si on peut y voir une légère inclinaison à gauche, les journalistes ne sont pas tous encartés !

  7. monchatre jacquot Thierry  - 

    bonsoir
    je ne suis pas pour l’insulte gratuite et systématique des journalistes, ils ont un travail à faire, qu’ils font plus ou moins bien.Ils sont soumis à des pressions économiques, au besoin de manger ou de coucher vu le nombre d’entre eux ou plutot elles qui se livrent corps et … aux politiques et hommes de pouvoir. Mais bon s’ils nous gênent nous pouvons ne pas lire leur canard ou regarder, écouter leurs émissions.
    Le journaliste a quand même quelques obligations qui sont la vérification des sources et des qualités des personnes mises en cause. Ainsi l’auteur de cet article aurait pu un peu potasser le statut de Monsieur MELENCHON ainsi il n’aurait pas fait l’erreur suivante :
    la tactique discursive du sénateur Mélenchon
    Mélenchon n’est plus sénateur mais député européen

    Ensuite en ce qui concerne les insultes qualifiées de CALCULEES contre M. PUJADAS, il est certes évident que ce dernier peut être offusqué de tels propos mais lorsque l’on regarde la vidéo on s’aperçoit facilement que les mots blessants sortent de la bouche de JLM lors d’un moment de colère face aux propos provocateurs du présentateur de FRANCE2. Combien de millier de téléspectateurs puis d’internautes ont eu le même sentiment? Au fait qui a eu la LAISSE D’OR?
    Combien d’article, combien de grands noms du journalisme se sont indignés, pendant combien de temps lorsque XAVIER BERTRAND a insulté, rabaissé ce journaliste picard sur un plateau de télévision visiblement scotché comme un lapin dans les phares d’une voiture devant de tel propos?
    Combien d’article, combien de grands noms du journalisme se sont indignés, pendant combien de temps lorsque Laurent JOFFRIN s’est fait étriller par SA SAINTETÉ le chanoine de l’Élysée et de LATRAN lors d’une rare conférence de presse? Par contre beaucoup ont rigolé.
    Combien d’article, combien de grands noms du journalisme se sont indignés lorsque Arnaud MONTEBOURG s’en prend à TF1 mais bon il a une voix qui parle sur INTER le matin?
    Le corporatisme, l’effet de meute est condamnable lorsqu’il s’adresse toujours au même. La proie est marquée, chaque chasseur de scoop se doit de l’énerver afin d’obtenir des images, des mots exploitables.
    Que la profession montre la même hargne dans la recherche de la vérité sur les FRÉGATES de TAIWAN, sur l’ affaire KARACHI, sur la défense de DENIS ROBERT, sur le financement des campagnes électorales des grands partis de gouvernement.
    Tous ne sont pas des DENIS ROBERT lâché, lynché juridiquement car trop curieux, trop génant, trop emmerdeur aux yeux des puissants.
    Votre article monsieur Olivier Cimelière est un bon article, il est complet puisqu’il affiche tous les acteurs politiques qui ont eu maille à partir avec le monde journalistique mais MELENCHON visiblement se voit mis en lumière plus que les autres.
    Au plaisir de vous lire sur d’autres articles et de vous écrire d’autres commentaires.

    1. Olivier Cimelière  - 

      Cher Thierry, merci pour votre long et argumenté commentaire. Je suis d’accord avec vous pour déplorer que peu de journalistes ont défendu leur confrère Laurent Joffrin lorsque celui-ci s’est fait étriller gratuitement par Nicolas Sarkozy en 2008. Pour autant, je ne mettrai pas Denis Robert dans la même catégorie. Nombre d’observateurs ont relevé que son enquête sur Clearstream n’était pas forcément du meilleur niveau même si la théorie développée pouvait sembler attirante et faire trembler les pouvoirs. Enfin, pour être très clair, je ne ciblais pas particulièrement JL Mélenchon. Il se trouve qu’il a simplement accumulé pas mal d’attaques en peu de temps à l’égard des médias. Il vient d’ailleurs de recommencer envers Laurence Ferrari. Un peu court comme posture quand on prétend être homme politique d’envergure !

  8. Michel S.  - 

    Cet article n’est qu’une compilation anti-mélenchon. Il est clair que cette personne dérange beaucoup de monde et particulièrement parmi des gens qui se prétendent à gauche (il y en a pas mal parmi les journalistes …)Le corporatisme forcené conduit à ce genre de réaction. Il s’agit de détruire, on le voit bien dans le choix vicieux des photos. A vouloir trop faire mal, on laisse le marteau tomber sur son pied. C’est à ce résultat que conduit un pareil panphlet et c’est tant mieux. La solidarité corporatiste est mauvaise conseillère, d’autant que je n’ai pas entendu mélenchon « insulter » TOUS les journalistes mais un certain nombre de carpettes qui l’avaient bien mérité. Défendre ces gens-là n’est pas glorieux à moins d’en attendre quelque chose ? Lorsque l’on a pu lire ces derniers jours des articles violemment insultants sur mélenchon, il y a de quoi ricaner de cet article qui n’honore pas Médiapart. Ce n’est pas le genre de diatribe qui va faire arriver les abonnés, bien au contraire.

    1. Olivier Cimelière  - 

      Cher Michel S., je vous laisse libre de vos propos qui témoignent malheureusement d’une certaine étroitesse d’esprit. Ce billet n’est en rien anti-mélenchon (ou pro-quiconque) mais déplore un état de fait. D’ailleurs, JL Mélenchon a de nouveau récidivé en traitant Laurence Ferrari de « poulette ». S’il escompte se tailler une dimension d’homme politique respectable et crédible, il serait conseillé qu’il change un peu d’attitude. La diatribe n’appelle que la diatribe. Notre cher Président est bien placé pour le savoir également.

  9. Marc  - 

    Personnellement, je ne trouve pas les termes de MELENCHON à propos de PUJADAS injurieux !!! C’est une réaction qui dans le contexte se comprend très bien… j’aurais pu avoir la même !!!
    J’aimerais voir les journalistes poser des questions plus impertinentes à leurs invités : reprendre les anciens propos de BESSON pour les mettre en // avec son discourt actuel, demander avec insistance a WOERTH s’il ne regrette vraiment pas son comportement, rappeler à SARKOZY ses promesses de campagne (ne pas toucher aux retraites, quitter l’Afghanistan …)
    Et dans le genre insultant, le langage du président, et son attitude insultante lors de sa seule conférence de presse…

  10. DUCHENE Jean  - 

    Désolé, la seule question qui vaille est « doit on insulter qui que ce soit ? ». Les journalistes ne sont pas au dessus de la mêlée. Surtout en cas de mouvement social, on voit clairement où vont leurs sympathies. Des journalistes comme Chazal, Pujadas et autres font partie de la classe des privilégiés qui n’ont aucun intérêt à voir remis en cause le statut quo social. De par leur formation, leurs relations, leur façon de vivre ils appartiennent à la bourgeoisie. C’est donc tout naturellement qu’ils expriment et défendent une vision libérale de la société. S’abriter derrière le « professionnalisme », « l’éthique » c’est faire injure à notre intelligence.

    1. Olivier Cimelière  - 

      Bonjour Jean. C’est dommage que vous réduisiez le journalisme français aux seuls noms de Claire Chazal et David Pujadas. Je vous concède bien volontiers que ce ne sont probablement pas les plus opiniâtres des journalistes mais que faites-vous du reste de la profession (plus de 36000 journalistes en France) qui eux, proposent d’autres informations, d’autres idées, d’autres témoignages. Les journalistes ne sont pas un corps monobloc issu d’une même caste sociale (relisez les études sociologiques). Le « 1% » très connu (c’est-à-dire PPDA, C.Chazal, D. Pujadas, F-O. Giesbert, etc) est sûrement atteint de pensée unique, c’est un fait. On l’entend (malheureusement) un peu trop souvent et plus que d’autres. Mais que faites-vous alors de journalistes comme Edwy Plenel, Jean-François Kahn, Pierre Péan et j’en passe des plus anonymes. Ce ne sont pas vraiment des chantres soumis cherchant uniquement à défendre leurs acquis sociaux.

  11. JM  - 

    En effet le fossé est énorme entre 99% des journalistes qui disent faire leur travail honnêtement et la grande majorité de la population qui a un mépris de cette profession bien normal.
    J’étais samedi à nation à coté d’un journaliste qui me disait ne pas comprendre pourquoi. Me dire qu’il ne trouvait pas les médias partisans. Je trouve ça proprement hallucinant.
    Pendant ce temps là des manifestant passait devant nous et le vannait…
    La concentration dans les médias, le fait que les journalistes ne font pas leur travail, sont souvent des gens qui ne savent pas de quoi ils parlent…
    Je n’ai jamais entendu un journaliste être critique sur son milieu, alors qu’il y a tellement à dire…
    J’en reconnais quand même certain, ceux du Monde Diplo, Denis Robert, Mediapart, Alternative économique…

  12. Lisée  - 

    Entièrement d’accord avec Mélenchon. Pour ne pas être insulté, il ne faut pas être « insultable ».

    La connivence, pour ne pas dire la consanguinité entre la grande majorité des médias et le pouvoir est telle que les médias officiels et traditionnels ne sont plus du tout crédibles. Et quand s’y ajoute la malhonnêteté intellectuelle et professionnelle, mises au service du pouvoir, visant à dénigrer tout opposant à ce pouvoir, cela renforce mes convictions.

    Quant à l’auteur de cet article, il pratique, de mon point de vue (qui vaut bien le vôtre), une défense corporatiste et une défense de sa caste et de sa classe sociale.

    Ses commentaires et sa démonstration visent uniquement à la défense de sa corporation et au dénigrement de l’adversaire politique.

    je viens de lire que Mélenchon vient de s’abonner à Médiapart, cela ne risque pas de m’arriver avec de tels « journalistes » et de tels articles !

    « Qu’ils s’en aillent tous ! »

    Lisée.

    1. Olivier Cimelière  - 

      Merci pour votre commentaire chère Lisée. Commentaire auquel vous comprendrez bien qu’il m’est difficile de souscrire. C’est d’ailleurs dommage en règle générale qu’on ne puisse pas avoir un débat constructif qui sorte des préjugés et des idées reçues. Ainsi donc, ma critique de JL Mélenchon me met de mèche avec une corporation et une classe sociale. C’est marrant d’entendre ce genre de choses car j’ai « subi » le même schématisme binaire (mais en sens inverse) de gens de droite lorsque j’osais critiquer par exemple la com de l’UMP. Il est vraiment dommage qu’en France, on vous colle d’emblée l’étiquette de l’adversaire si on n’est pas de votre avis.
      Pour en revenir à Mélenchon, sa rhétorique certes brillante intellectuellement n’est pas pour autant admissible. Si j’entends bien ce que vous dites, être « insultable » justifie l’insulte. Autrement dit, si la gueule de quelqu’un ne me revient pas, j’ai le droit de lui cogner dessus. Vous m’en voudrez probablement mais ce n’est pas avec ce genre de réaction qu’on construit et alimente des démocraties dignes de ce nom où chacun s’écoute !
      Enfin puisque je suis l’auteur de cet article, je tiens à vous préciser que je ne suis d’aucune obédience si ce n’est que l’humanisme, la démocratie et la liberté dans le respect de l’autre sont mes valeurs cardinales profondes. Certains classeront cela à gauche. D’autres à droite. Personnellement, je m’en fiche. Ce clivage droite-gauche, pouvoir-peuple est trop réducteur pour donner des perspectives éclairantes.

  13. gerald rossell  - 

    pourquoi
    autant d’acharnement contre monsieur Mélenchon
    alors que Xavier Bertrand, qualifiant Médiapart de fasciste est relégué au détour d’un coin de paragraphe ?

    Je vais vous le dire
    bertrand c’est l’UMPopulaire
    mélenchon pour lui , c’est populiste
    d’après vous

    de fait c’est l’inverse
    votre balance penche du côté de la finance
    et vous rend inapte à faire justesse

    1. Olivier Cimelière  - 

      Cher Monsieur, si vous aviez lu plus attentivement mon article et ce blog plus généralement, vous auriez remarqué que je renvoie dos à dos les arguments développés par Xavier Mélenchon et Xavier Bertrand. Lisez notamment le billet sur Mediapart et l’affaire Woerth-Bettencourt et vous constaterez de vous même que je ne suis pas vraiment en phase avec l’argumentation éculée bas de gamme que l’UMP a distillée à l’époque. Cela ne fait pas de moi un « UMPophile » me semble-t-il ! Tout comme je réprouve les insultes binaires de JL Mélenchon ou même Arnaud Montebourg. Ma balance comme vous dites penche surtout pour un débat respectueux qui évite de tirer les ficelles grossières du populisme. D’où qu’il vienne. Pas pour des énervés qui se font de la pub à peu de frais !

  14. michel82  - 

    si les journalistes se font insulter, ils y sont pour beaucoup. il suffit de regarder la télévision et les postures de « journalistes? » comme apathie, pernaut, chabot, pujadas, ferrari, chazal, mazerolles, nathalie levy, ruth elkrief, duhamel, elkabbach, calvi, sylvestre qui tous nous servent la même soupe libérale, font des courbettes aux tenants du pouvoir et maltraitent l’opposition, qui font tout sauf du journalisme mais se font débatteurs au lieu de questionneurs, qui ne cessent de couper la parole et empêcher de répondre à leurs questions (d’ailleurs la réponse ne les intéresse pas, ce qui les intéresse c’est leur question), qui se comportent en militants ou partisans. j’en suis arrivé à zapper chaque fois que j’en vois un car ils me donnent la nausée, et je comprends que quelques politiques qui ont à se frotter à eux puissent perdre leurs nerfs

    1. Olivier Cimelière  - 

      Je comprends que certains puissent irriter parmi la kyrielle de noms que vous citez. Toutefois, sachez que le métier n’est pas si caricatural que vous le décrivez. Tous ne sont pas aux ordres de la soupe libérale. De même, tous ne sont pas des « gauchistes » bornés comme d’autres le disent à chaque fois qu’un journaliste écrit ou dit quelque chose qui heurte leurs propres convictions ou qui ne va pas dans leur sens.
      Je suis d’accord avec vous que certains journalistes devraient plus ouvertement assumer leurs penchants. Cela aurait le mérite de savoir d’où ils parlent. Mais pour autant, le travail d’information ne se borne pas non plus à flatter les opinions du lecteur ou de ce qu’il a envie d’entendre. Ou alors on lit la presse militante. Je lis tout autant Le Figaro que Libération qui sont pourtant deux journaux pas forcément en phase avec mes idées profondes mais qui m’intéressent malgré tout pour le point de vue qu’ils apportent et qui alimentent ma propre réflexion. C’est là l’essence même du journalisme. En principe.

    1. Olivier Cimelière  - 

      Vous avez le droit de détester (semble-t-il en tout cas !) cette profession. Mais n’oubliez pas qu’elle constitue un rempart démocratique en dépit des dérives blamâbles que certains commettent en effet. Pour autant, toute la profession n’est pas pourrie comme vous semblez le suggérer. Sachons nous en souvenir car qui nous informera si la presse cesse un jour d’exister.

  15. Francois  - 

    Merci pour ce super papier une nouvelle fois très documenté. Un point de détail : on m’a récemment dit que Marchais n’avait en fait jamais prononcé les mots « Taisez vous Elkabbach », mais que la réplique lui avait été attribuée par le jeu des parodies et caricatures… Vous en savez peut-être plus ?

    1. Olivier Cimelière  - 

      C’est véridique. Je ne le savais pas jusqu’à ce que Guy Birenbaum m’en fasse la remarque ce matin. La phrase émane de l’humoriste Pierre Douglas. Ceci dit, j’ai trouvé un papier sur le Web qui creuse un peu plus la question. Elkabbach lui-même ne sait plus trop si oui ou non la phrase a bien été dite ! En tout cas, elle est rigolote ! Voici ce petit complément à lire : http://ow.ly/2Usav
      Et merci encore pour la fidélité de lecture François !

    1. Olivier Cimelière  - 

      Merci pour cette source supplémentaire. Cela contribue à accréditer que JL Mélenchon semble s’être délibérément construit un personnage qui aboie à la moindre occasion dès qu’un journaliste le dérange ou n’abonde pas dans son sens. Cette posture atteindra probablement ses limites un jour et se retournera contre lui à force de taper comme un sourd.

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