[Etude Cision] – 14ème édition de l’état des médias : « Communicants, les journalistes ne sont pas vos ennemis ! »

Quatorzième du nom, l’étude mondiale sur « L’état des médias » que publie Cision, éditeur de plateformes logicielles de veille et relations presse, constitue toujours un coup de sonde riche en enseignements sur les attentes des journalismes envers les communicants mais aussi leurs contraintes. Cette nouvelle livrée confirme malheureusement que la presse est toujours dans le dur, prise en étau entre des fake news qui ne cessent de pulluler et des moyens qui se rétrécissent en permanence. Point plus surprenant : l’intelligence artificielle n’est encore que très peu évoquée alors qu’elle pose déjà question sur le journalisme et la désinformation.

Plus de 3 000 journalistes ont été sollicités dans 17 pays dont près de 500 répondants en France. Parmi les confirmations des tendances déjà observées ces dernières années, la mue digitale des journalistes est dorénavant achevée. 96% d’entre eux recourent aux médias sociaux (mais pas que, heureusement !) pour mener leurs investigations et trouver de l’information. Tout en restant attachés aux dépêches que produisent les agences de presse (45%) et les communiqués qu’émettent les entreprises et les institutions (20%). Les données sont également de plus en plus recherchées pour étayer les reportages. Mais la profession demeure confrontée à de multiples difficultés. Temps forts de cette 14ème étude.

Chapitre 1 : Défis, priorités, valeurs et futur du journalisme

L’écartèlement continue. 33% estiment que la lutte contre les fake news est une priorité absolue mais dans le même temps, 38% déplorent le manque de temps et de ressources pour relever le défi efficacement. Tout en devant combinent un deuxième facteur essentiel : attirer les lecteurs pour assurer la rentabilité de leur média. Avec pour conséquence immédiate : un numéro de funambule entre assurer le traitement de sujets majeurs pas toujours attirants et ceux plus superficiels qui drainent de l’audience.
Un point nouveau toutefois est à relever : les journalistes français font monter pour la première année sur le podium « la difficulté à rester objectif » (12%), dans une société de plus en plus politisée où les débats passionnels font plus recette que les décryptages factuels.

Une autre préoccupation est érigée en règle absolue en dépit de conditions de travail dégradées : nourrir la confiance auprès des lecteurs et des auditeurs. L’exactitude du contenu est citée comme obsession première pour 64% des journalistes. Vient ensuite une considération assez liée à la 1ère, celle d’être perçu comme un média de confiance (20 %). Les journalistes placent sur la 3ème place du podium la possibilité de « traiter de sujets majeurs pour nos sociétés » (6 %). Mais là aussi, on note un hiatus. Les directions des médias ont des considérations nettement orientées business comme l’audience (17%) suivie du chiffre d’affaires (12%).

Chapitre 2 : Quelles sont les data utilisées par les journalistes et pourquoi ?

La data est l’autre obsession du moment. D’abord pour mesurer l’impact de son propre travail journalistique auprès de son audience. L’indicateur roi reste comme depuis 14 ans « la taille de l’audience/Le nombre de vues » pour 57 % des journalistes français, loin devant les indicateurs d’engagement (partages sur les réseaux sociaux, commentaires) à seulement 7%. Pour 31% d’entre eux, ces résultats chiffrés leur servent également à choisir et à orienter leurs sujets pour mieux toucher leurs audiences.

Ensuite, côté éditorial, l’appétence pour les données ne se dément pas non plus. 67% des journalistes attendent des communicants qu’ils leur fournissent des rapports de recherche (tendances, données marché, études, sondages), pour alimenter leurs sujets. Par ailleurs, 17 % des journalistes ont inclus des sondages ou des enquêtes dans leurs sujets au cours de l’année dernière : une tendance en hausse de 4 points par rapport à l’année précédente (13 %).

Enfin, un fait est à relever (faut-il s’en réjouir ou pas quand on sait la facilité à faire gonfler des chiffres sur des sujets mineurs ?) : 24% des journalistes se servent des « Trending Topics » sur les réseaux sociaux pour détecter les sujets tendances. Ils sont 38% chez la nouvelle génération de journalistes (moins de 5 ans d’expérience).

Chapitre 3 : Journalistes & réseaux sociaux, entre usage et dépendance

Les réseaux sociaux sont désormais incontournables dans le quotidien du journaliste. De la promotion de ses reportages à la veille des tendances, en passant par les interactions avec le public ou même le sourcing de nouveaux interlocuteurs, les usages perdurent. Seules, les priorités diffèrent quelque peu d’une année sur l’autre.

Près de 2 journalistes sur 3 se servent toujours des réseaux sociaux pour promouvoir leur contenu. En revanche, la veille de l’information se positionne en second à 59 % alors qu’elle n’était que quatrième en 2022 ; Idem avec l’interaction avec leur audience qui passe de la deuxième marche du podium à la troisième cette année.

Concernant les réseaux privilégies, LinkedIn augmente encore plus en termes d’attrait là où Twitter semblait indéboulonnable (l’arrivée d’Elon Musk à la tête du réseau n’est très probablement pas étrangère à ce renversement !). LinkedIn est utilisé par 84% des journalistes français et plus de la moitié d’entre eux comptent s’en servir davantage à l’avenir. Viennent ensuite Twitter (80 %) et Facebook (78 %). Cette année, WhatsApp (73 %) passe de la cinquième à la quatrième place, se classant devant Instagram (68 %) et YouTube (65 %). Le classement pour les plus jeunes journalistes est différent et place Twitter en tête, utilisé par 89% d’entre eux, suivi d’Instagram (82%) et de LinkedIn (81%).

Chapitre 4 : Qu’attendent les journalistes en termes de format de contenus RP ?

Les journalistes français ont un niveau d’attente assez élevé envers la profession des RP. A la question « comment le communicant peut-il être à forte valeur ajoutée ? », ils répondent qu’ils peuvent les alerter de l’actualité bien sûr (70%), leur trouver de nouvelles sources (51%), leur inspirer de nouveaux sujets (41%) … et même les aider à fact-checker l’information (22%).

Attention en revanche : 18% des journalistes français estiment que leurs relations avec les professionnels des RP se sont dégradées cette année. Encore trop de communicants confondent un journaliste avec un panneau publicitaire en envoyant des contenus trop marketing (74%). Deux autres reproches persistent année après année : la diffusion de contenus non ciblés (76%) et des relances excessives (61%). Les journalistes estiment que moins d’un quart des CP qu’ils reçoivent sont pertinents.

Pour plus d’information et d’autres résultats, n’hésitez pas à télécharger l’étude SOTM France dans son intégralité

 



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