Village de Noël des Champs Elysées : Paris n’est pas une braderie de parking !

Suis-je un indécrottable nostalgique ou un idéaliste forcené ? Toujours est-il que je ne supporte plus ce vulgaire marché de Noël qui colonise pour la 3ème année consécutive la prestigieuse avenue des Champs-Elysées à Paris. D’une superbe idée en soi, on dévie au fil des ans vers un salmigondis de camelots et d’animations sans nul autre intérêt que de faire racler ses fonds de poche aux quidams qui déambulent.

Pourquoi la Mairie de Paris ne s’est-elle pas emparé de cette opportunité festive pour plutôt valoriser la diversité patrimoniale et culturelle que recèle la capitale en son sein ? Coup de gueule contre ce gâchis mercantile.

« Cheap » et « toc » sur les Champs

Trois ans déjà que ces cabanes à Dudule éclosent comme le liseron au bord des routes de campagne

Depuis le 18 novembre et jusqu’au 3 janvier, les 175 baraques en bois de Marcel Campion, l’inamovible roi de la fête foraine parisienne, ont investi l’avenue dont le nom à lui seul fait rêver des millions de touristes. Trois ans déjà que ces cabanes à Dudule éclosent comme le liseron au bord des routes de campagne. Trois ans qu’elles dégueulent d’objets improbables où pullule le « made in China » à vil prix. Trois ans que les pseudos chalets savoyards accouchent d’un chaotique jamboree où les odeurs de graillon et les fumets vineux se disputent les narines et les portefeuilles des passants attirés comme des lucioles par les guirlandes et les lampions de Noël.

Chaque année, c’est la même histoire. Le vide-grenier amélioré de Marcel Campion phagocyte les Champs-Elysées pour appâter le chaland et rentabiliser le million d’euros versé à la Mairie de Paris en échange du droit d’y implanter des cabanons de Noël. Or, à regarder de plus près les étals des vendeurs de tout poil, on est vite saisi par l’étrange impression qu’un immense cargo chinois a accosté les berges de Seine et a déversé sa marchandise bon marché qui couine et clignote dans un concert de sons cacophoniques tout en essayant de revendiquer des atours artisanaux.

Quel gaspillage de voir les Champs Elysées, artère symbolique de Paris, transformés en stands de foire aux décorations « cheap ». C’est d’autant plus rageant que l’idée d’animer l’avenue à l’occasion des fêtes de fin d’année est excellente. A cette période, la fréquentation est multipliée par deux passant de 300 000 à 600 000 visiteurs quotidiens où se mêlent indifféremment citadins, provinciaux et touristes étrangers. N’est-ce pas là une occasion unique de toucher le public et mettre en avant ce qui fait l’attrait et l’identité de Paris plutôt qu’abandonner les Champs à une kermesse bas de gamme au vernis artisanal surfait ?

Noël à Paris doit être magique !

Même Marine Le Pen tente de récupérer cet événement mercantile ! Où va-t-on ? (photo Fred Dufour – AFP)

Je n’en reviens toujours pas que la Mairie de Paris ait concédé cet espace unique à un fatras commercial plutôt que d’en faire un événement de prestige valorisant la capitale et ses multiples facettes. Pourtant, avec des opérations innovantes et même disruptives comme la « Nuit Blanche » ou « Paris-Plage », les équipes municipales ont su faire preuve de créativité avérée et obtenir un écho médiatique dans le monde entier. Pourquoi n’avoir pas opéré de même pour le Noël des Champs-Elysées ?

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