Ville numérique : Et 1, et 2, et 3.0 pour Courbevoie !

Le Blog du Communicant 2.0 a rencontré Arash Derambarsh. Editeur et bientôt avocat, il est aussi un citoyen engagé dans la ville de Courbevoie où il réside. Passionné de numérique, d’édition et de débats sociétaux, il vient de lancer à cet effet un club de réflexion baptisé « Courbevoie – Ma ville 3.0 ». Objectif : accroître l’échange et l’implication des citoyens de sa ville sur différentes thématique urbaines grâce aux nouvelles technologies.

Un premier débat a eu lieu le 28 novembre dernier à Courbevoie avec un intitulé idoine pour donner le tempo des futures activités de « Courbevoie – Ma ville 3.0 » : « Comment faire d’une ville une référence numérique ? ». Autrement dit, comment concilier le défi du mieux-vivre ensemble et celui de l’accessibilité immédiate au numérique dans une ville ?

Arash Derambarsh avait rassemblé pour la circonstance plusieurs acteurs d’horizons différents pour évoquer la question sous toutes ses facettes possibles :  Anne-Sophie Bordry, (directrice des affaires publiques de Facebook France et Europe du Sud), Jérôme Fouqueray (directeur général de Fun Radio et RTL 2), David Lacombled (directeur des contenus d’Orange), Natasha Quester-Séméon (journaliste et stratégiste numérique), Emmanuel Voguet (président d’un cabinet de conseil en communication sensible) mais aussi l’humoriste Gérald Dahan et le chanteur Doc Gyneco.

De gauche à droite : Doc Gyneco, Natasha Quester-Séméon (journaliste et stratégiste numérique), Jérôme Fouqueray (directeur général de Fun Radio et RTL 2), Arash Derambarsh, David Lacombled (directeur des contenus d’Orange), Anne-Sophie Bordry, (directrice des affaires publiques de Facebook France et Europe du Sud), Gérald Dahan, Emmanuel Voguet (président d’un cabinet de conseil en communication sensible)

En prolongement de cette confrontation inédite de points de vues variés sur le numérique (lire le compte-rendu sur le site « Courbevoie – Ma ville 3.0), le Blog du Communicant 2.0 a voulu interroger Arash Derambash pour mieux comprendre en quoi les nouvelles technologies de la communication peuvent réellement constituer un levier d’amélioration du maillage économique, culturel, sportif et social d’une ville. Entretien avec un adepte du 3.0.

Pourquoi parler déjà de ville 3.0 alors que le 2.0 n’est pas encore pratiqué partout, ni même forcément bien connu et compris de tous les citoyens ?

Arash Derambarsh, citoyen courbevoisien 3.0 !

Arash Derambarsh : Pour bien saisir la nuance, revenons brièvement sur les fondamentaux. Dans sa définition la plus commune, le Web 2.0 procède d’un Web participatif, social et doté d’une intelligence collective. Ce concept avait été élaboré en 2005 par Tim O’Reilly, auteur et éditeur américain d’ouvrages informatiques largement reconnus. Concernant le Web 3.0, sa définition technique désigne la prochaine évolution majeure du Web, à savoir le Web sémantique. En d’autres termes, il s’agirait d’un Web capable de comprendre dans quel contexte exact se situe une requête donnée et de restituer des éléments correspondant fidèlement aux centres d’intérêt des internautes. Pour des mots ou des notions recouvrant plusieurs significations, cela sera très utile pour apporter encore plus de précision et d’enrichissement des contenus. Néanmoins, le Web 3.0 recouvre d’autres acceptions comme le Web3D ou encore le Web par P2P d’un ordinateur à l’autre sans serveur.

En ce qui me concerne, je considère le Web 3.0 sous l’angle du  concept philosophique tel qu’il a été décliné notamment par David Axelrod, le directeur de communication de Barack Obama. Ce concept est la participation collective de citoyens autour d’un projet commun : le vivre-ensemble de façon interactionnelle et dans le réel grâce à la mise en pratique active et concrète des nouvelles technologies. Cela implique en particulier de relier tous les citoyens sur le web et de leur permettre de concrétiser leur projet. Ce projet s’inspire pleinement de la citation de Thomas Jefferson : « La vie, la liberté et la recherche du bonheur ».

En quoi la notion de 3.0 peut-elle s’insérer avec pertinence dans les problématiques sociétales et économiques que Courbevoie rencontre et générer de nouvelles idées et actions ?

Rompre la distance entre le « décideur » et « le citoyen lambda » grâce à la technologie

Arash Derambarsh : C’est tout l’enjeu du club « Courbevoie – Ma ville 3.0 ». Il regroupe des Courbevoisiens de toute génération mais s’adresse également à tous les autres intéressés par cette approche du Web 3.0.

Nous voulons développer une accessibilité immédiate et une participation en direct des citoyens à la vie de la cité condensée en 2 mots : « Smartcity » et « Smartphone ». Il faut rompre cette distance entre le « décideur » et « le citoyen lambda ». Cela impose de l’humilité, une éthique et une plus grande transparence du bien commun.

Ce club que nous avons fondé, a la volonté de porter une « voix » originale, indépendante et responsable. Ce club réunit chaque mois plusieurs personnalités de tous horizons (société civile, entrepreneurs, journalistes, blogueurs, politiques, experts, dirigeants, etc) afin de débattre de sujets divers (civisme, sport, numérique, vivre-ensemble, santé, environnement, transports, politique, social, travail, emploi, sécurité,…). L’objectif est donc de réunir des personnes qui ne pourraient pas se rencontrer facilement par manque de réseaux, de relations, d’influence.

Le numérique (et avec lui les réseaux sociaux) peut-il vraiment constituer une alternative aux schémas urbains classiques ? Ne faudrait-il pas déjà que le déploiement du très haut débit (fibre, 4G) soit une réalité tangible pour espérer de nouveaux horizons autour du 3.0 ?

Créer un nouvel espace intelligent, permettant plus de proximité, de services et d’avantages aux habitants

Arash Derambarsh : Nous sommes partis d’un constat simple : est-ce qu’une ville comme Courbevoie a une cohérence dans sa gestion, dans sa relation avec toutes les forces vives (habitants, entreprises, associations et administration) et avec les autres collectivités ?

La réponse est non évidemment.  Courbevoie, ville phare de la Défense, ne joue pas encore dans la cour des grands.

Pourtant, nous avons la capacité de créer un nouvel espace intelligent, permettant plus de proximité, de services et d’avantages aux habitants. Je pense notamment aux offres d’emplois, de stages et de formations qui doivent être une force pour notre ville. Prenons l’exemple du forum de l’emploi à Courbevoie. Ce forum est statique. Peu de monde en est en informé et peu de personnes s’y rendent. La commune doit créer une plateforme beaucoup plus ouverte et interactive entre les entrepreneurs, les entreprises, les décideurs et les habitants de Courbevoie. Cette méthode me semble plus adaptée aux enjeux actuels et aux difficultés que peuvent rencontrer les habitants.

Or pendant trop longtemps, les élus locaux ou les députés, ont méconnu les possibilités du numérique, instrument d’accès à la connaissance pour tous, instrument de progrès, instrument de liberté au service de tous et devant resté connecté au réel. Le maire de Courbevoie, Jacques Kossowski, a même demandé le maintien en vie du minitel. Cela illustre bien le décalage avec la réalité et le conservatisme envers le progrès.

Qui dit 3.0 ou même 2.0, dit souvent démocratie participative et transparence des débats (municipaux notamment). Pensez-vous que cette réalité est souhaitable et raisonnablement atteignable ? Les réseaux ne sont pas toujours facteur de progrès, d’écoute ou d’échange mais aussi de militantisme binaire, de diffusion et de renforcement des préjugés et des communautarisme dans certains cas ?

La ville 3.0 ou une certaine vision de la « démocratie augmentée » !

Arash Derambarsh : Comme je l’ai mentionné précédemment, notre projet repose sur l’accessibilité immédiate des citoyens à la vie de la cité. L’idée par exemple d’avoir des conseils municipaux interactifs s’inscrit totalement dans cette vision.

Il faut tendre à la démocratie participative. Une réalisation municipale peut être menée à bien par interaction dans une commune.

Ce n’est pas de la science-fiction ou une vue de l’esprit d’un « geek » décalé. C’est notamment déjà le cas à Amiens pour un projet de  4ème piscine municipale, projet auquel les usagers ont donné du sens en participant au plan, aux aménagements, etc… Au niveau d’une municipalité, la mise en interaction de tous les citoyens situés sur un plan d’égalité – stars et non stars, jeunes et plus âgés – permettrait un véritable transfert de connaissances avec au final un tirage vers le haut dans des domaines tels que la musique ou la littérature. Je crois à l’émulation collective afin de donner du Sens.

Si l’on devait résumer à quoi ressemble idéalement à vos yeux une ville 3.0, que répondez-vous ?

Arash Derambarsh : Le projet d’une ville 3.0 est de créer un espace intelligent et interactif. L’objectif est de :

  • Valoriser le défi du vivre-ensemble
  • Encourager l’engagement civique
  • Accompagner les projets (stages, emplois et formations)
  • Susciter les contacts entre les Courbevoisiens et les autres collectivités
  • Former l’ouverture d’esprit et la tolérance
  • Organiser des événements (concerts, forums, débats, dîners,…).

Pour en savoir plus

– Visiter le site du club « Courbevoie – Ma Ville 3.0 »
– Suivre le fil Twitter et la page Facebook du club
– Lire la biographie d’Arash Derambarsh



9 commentaires sur “Ville numérique : Et 1, et 2, et 3.0 pour Courbevoie !

  1. Chob  - 

    Je lis systématiquement tes billets, et celui-ci a retenu un peu plus mon attention puisqu’il concerne la ville où je vis.

    La réflexion menée est intéressante et les objectifs louables, mais la méthode me laisse songeur. Si vous allez sur ce site au nom prometteur maville30.com, vous trouverez quelques billets sans commentaire, une équipe pléthorique dont on se demande à quoi elle sert… et pi c’est tout comme dirait l’autre.

    Faire du 2.0 avant de se gargariser de 3.0 permet d’éviter le zéro pointé 😉

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