Faut-il dissoudre l’édito de Christophe Barbier au lieu du PSG ?

Le vibrionnant éditorialiste de l’Express, Christophe Barbier, s’est fendu d’une vidéo dans laquelle il appelle sans ambages à la dissolution du Paris Saint-Germain. A ses yeux, il s’agit de la seule issue pour éradiquer définitivement la violence qui entoure le club de football et émaille les jours de match.

Son recours au Kärcher footballistique s’articule autour de trois idées musclées : débaptiser le Paris Saint-Germain pour lui attribuer un patronyme enfin signifiant, quitter l’historique Parc des Princes pour investir le Stade de France, et impliquer financièrement les collectivités locales pour permettre à des jeunes d’Ile-de-France de suivre des filières de formation et devenir footballeur. Avec tout le respect que je lui dois, j’ai eu néanmoins envie de répondre en tant que communicant … et fan du PSG !

D’ordinaire, je goûte avec intérêt les analyses pondérées et argumentées du journaliste à l’écharpe rouge. Outre une écriture exceptionnellement stylée, il s’efforce souvent d’avoir un regard d’une grande acuité, hors des passions manichéennes et des attrape-nigauds contemporains. Quelle ne fut donc pas ma surprise de découvrir (merci à mon ami veilleur Bruno !) ce clip pétri d’idées directement inspirées par un « germanopratin » n’ayant probablement jamais assis (en tout cas pas souvent) son intellectuel fessier dans les tribunes du Parc des Princes.

Il faut dissoudre le PSG
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Ainsi donc, la dissolution de plusieurs associations ultra de supporters parisiens n’est pas la solution. Elle n’est qu’un coup d’épée dans l’eau qui ne restaurera pas la perception médiatique du club. Le président Robin Leproux sera probablement ravi de savoir que sa décision n’est que vacuité et non-sens, lui qui ferraille sans cesse pour exclure les excités qui pourrissent l’image du club depuis trop longtemps.

A bas PSG, vive Grand Paris ?

Matra Racing Paris ou l’histoire d’un fiasco sportif et marketing

Pour Christophe Barbier, la dissolution du PSG passe impérativement par un changement de nom. C’est bien méconnaître ce qui fonde la force de la notoriété et l’attractivité d’un club de football. Tous les grands noms d’écuries de football se sont forgés au fil du temps et des épopées accomplies sur la pelouse. Ainsi, le Real Madrid, le Barça, la Juventus, l’Inter (auxquels Christophe Barbier fait indirectement allusion dans sa vidéo) ne se sont pas bâti sur la simple volonté immédiate de quelques décideurs en mal de trophées sportifs. Le dirigeant de L’Express devrait se souvenir de la piteuse aventure du Matra Racing Paris dans les années 80.

En 1982, Jean-Luc Lagardère, le célèbre patron tout-puissant de l’entreprise éponyme décide d’investir dans la construction d’un deuxième grand club parisien à l’instar des autres capitales européennes qui disposent toutes au minimum de deux grandes formations de haut niveau. Un an plus tard, le rêve prend forme puisque la nouvelle formation accède à l’élite du championnat hexagonale au détriment d’une vieille gloire du foot tricolore, l’AS Saint-Etienne.

Le nouveau venu évolue alors au Parc des Princes en alternance avec le club historique résident, le Paris Saint-Germain. Lequel vient de glaner ses premières récompenses sportives avec deux Coupes de France dans la poche (1982 et 1983) et bientôt un premier titre de champion de France (1986). Ambitieux, l’emblématique homme d’affaires sort alors le carnet de chèques de sa veste et effectue un recrutement hallucinant. D’un point de vue marketing, le casting est alléchant : des joueurs de l’équipe de France comme Maxime Bossis ou Luis Fernandez revêtent le maillot du Racing mais également des pointures internationales comme l’Allemand Pierre Littbarski ou l’Uruguayen Enzo Francescoli. Pourtant, malgré des auspices prometteurs et des techniques marketing avant-gardistes, le Matra Racing ne gagnera jamais rien. Il sombrera même dans les tréfonds des divisions inférieures quelques années plus tard. A l’inverse du PSG qui écrira les pages les plus fastes de son palmarès dans les années 90.

1970 : Le Paris Saint-Germain apparaît sur les terrains de football

Qu’on l’aime ou qu’on l’honnisse, le Paris Saint-Germain est intrinsèque au patrimoine footballistique français au même titre que les Verts de Saint-Etienne, l’Olympique de Marseille, les Girondins de Bordeaux ou encore l’Olympique Lyonnais. Dès lors, pourquoi défendre l’idée saugrenue d’un changement de nom en se débarrassant du suffixe « Saint-Germain » pour former un truc improbable comme « Grand Paris » tel que le suggère Christophe Barbier ? Quand on voit avec quelle confusion le concept urbain et politique de Grand Paris peine actuellement à émerger, cela ne donne guère envie d’y accoler le nom d’une équipe de football !

Ensuite, passer le nom de « Saint-Germain » à la trappe est faire fi des gènes constitutifs du club qui célèbre précisément cette année ses 40 ans d’existence. Même si la juxtaposition des deux désignations toponymiques peut surprendre, elle correspond à l’histoire du club et à son identité initiale. Or, la règle de tout bon marketing efficace veut que le nom corresponde à une véritable idée reposant sur des éléments concrets. Transformer la marque « PSG » en « Grand Paris » relève du bricolage cosmétique, histoire de surfer dans l’air du temps autour d’un projet francilien qui ahane plus qu’il n’avance !

Bye-bye Parc des Princes, bonjour Stade de France ?

Tribune du Parc des Princes : Ici, c’est Paris !

Christophe Barbier en est irrévocablement convaincu. Le Parc des Princes est « has been » et ne correspond pas au niveau d’un grand club de football. Il lui faut le pharaonique Stade de France comme nouveau terrain de jeu pour ses futurs exploits footballistiques. Autre argument invoqué dans la foulée : « C’est là que des bassins de population peuvent se retrouver ». Que faut-il deviner derrière cette sibylline formule ? Que le 16ème arrondissement qui abrite le Parc des Princes ne sied pas au standing huppé d’un quartier où clubs de golf et raquettes de tennis seraient plus en adéquation que « ces bassins de population » hurlant et déambulant entre porte d’Auteuil et porte de Saint-Cloud ?

Plus sérieusement, il existe au moins deux bonnes raisons pour que le PSG continue d’évoluer dans l’écrin du Parc des Princes. Ce stade a d’abord été conçu pour le football. A ce titre, il dispose d’une acoustique qui le transforme en véritable « chaudron » (pardon d’avance pour l’emprunt à ce terme du peuple Vert !) capable de pousser derrière une équipe. Quiconque a assisté à des grandes rencontres à guichets fermés au Parc, est encore parcouru de frissons devant l’ambiance de feu. Même les supporters adverses reconnaissent que le Parc des Princes est à cet égard un authentique stade. A la grande différence du Stade de France qui est une merveille architecturale mais tellement polyvalent que l’ambiance n’y est pas la même. Or, ce qui fait venir des spectateurs, c’est également ce critère qui garantit de vivre de vraies émotions pendant 90 minutes.

Visite guidée du Parc des Princes Vidéo PSG sélectionnée dans Sport

Enfin, il y a également un argument beaucoup plus terre-à-terre et rationnel mais têtu : la rentabilisation de la capacité du stade. Avec 47 000 places, le Parc des Princes affiche rarement complet et tourne plutôt autour de 34 000 spectateurs en moyenne (hormis cette année du fait de l’exclusion des supporters ultra qui a fait chuter la fréquentation). Dès lors, pourquoi déménager vers une enceinte de 80 000 places ? Sans parler de l’ambiance bien maigrelette qui risque d’y régner avec des spectateurs parsemés dans les gradins ?

Pour des collectivités territoriales à la manœuvre ?

La Fondation PSG existe depuis septembre 2000

C’est un fait. Un club de football prestigieux est une vitrine incontestablement attractive pour promouvoir une ville et ses environs. Le Conseil général d’Ile-de-France et la mairie de Paris ne s’y trompent d’ailleurs guère et allouent régulièrement des subventions pour accompagner le Paris Saint-Germain. En revanche, il est un peu illusoire (et même peu recommandé) de promouvoir (comme le fait Christophe Barbier) une implication accrue en termes financiers de ces mêmes instances institutionnelles.

Qu’une partie de l’argent du contribuable serve à soutenir ce qui concourt au rayonnement d’une cité peut se concevoir. Que ce même argent serve à entretenir une masse salariale des plus coûteuses (surtout lorsqu’on évolue dans l’élite comme le PSG) pour des joueurs à la fidélité plus qu’aléatoire, ne relève pas d’une grande pertinence. Un club de football est une entreprise au même titre que les sociétés fabriquant des produits ou fournissant des services. Que l’initiative privée bénéficie d’aides publiques est souhaitable. Qu’elle soit reléguée à l’arrière-plan au profit des collectivités territoriales l’est nettement moins. Il revient aux investisseurs privés de construire le business plan qui réussira.

L’idée avancée par Christophe Barbier est certes que cet argent aille en faveur des filières de détection et de formation de jeunes joueurs. Pourquoi pas ? Il oublie toutefois un peu vite que le PSG a créé depuis septembre 2000, une fondation d’entreprise baptisée « Fondation PSG » dont le but est justement d’œuvrer dans ce domaine et d’avoir une contribution sociétale plus poussée pour les enfants malades ou issus de quartiers défavorisés. Fondation qui reçoit déjà des subsides des collectivités territoriales.

Juguler le cancer de la violence = renaissance

Pour une nouvelle image du club et contre la violence

Le combat entrepris contre la violence par l’actuel président du PSG, Robin Leproux, est l’unique et urgente priorité. Le club n’a que trop souffert des débordements racistes et homophobes, des violences à répétition entre bandes rivales ou envers des fans adverses sans parler des combats de rue et des dégradations en tout genre. Sans oublier non plus que ces dernières années ont été endeuillées par deux décès.

Au-delà des enjeux sportifs qui relèvent du terrain, le PSG ne peut plus s’abstenir à l’égard de ces hooligans décervelés qui kidnappent et polluent l’image du club. La renaissance de cette dernière passe obligatoirement par un combat sans relâche et sans merci à l’encontre de tous ceux qui confondent stade de football et défouloir à haine gratuite. Il est juste à souhaiter que les pouvoirs publics et judiciaires soutiennent sans faille le Paris Saint-Germain dans ce match qui est probablement l’un des plus difficiles qu’il ait eu à mener. Surtout lorsque des avocats médiatiques opportunistes cherchent à faire capoter des efforts plus qu’indispensables !