Communication politique : Frédéric Lefebvre peut-il être autre chose qu’un « tonton flingueur » ?

C’est un discret entrefilet paru récemment dans Les Echos qui le révèle. Frédéric Lefebvre a décidé de se faire plus discret et moins véhément. Archi-connu pour sa promptitude à dézinguer verbalement les adversaires de sa formation politique, le porte-parole de l’UMP veut désormais prendre du recul et modifier le regard clivant qu’on porte à son encontre. Objectif supputé par le quotidien économique : corriger une tenace image de sniper binaire pour tenter de décrocher un maroquin ministériel à l’aube du prochain remaniement gouvernemental.

Derrière cette tentative de repositionnement d’image sur l’échiquier politique, le cas Frédéric Lefebvre est un bon exemple de certaines impasses communicantes auxquelles peuvent se heurter ad vitam eternam les acteurs de la vie publique qui fondent leur image de manière monolithique. Si Frédéric Lefebvre a incontestablement gagné ses galons médiatiques en canardant à tout va les opposants au sarkozysme, il s’est également forgé une image de pitbull hargneux et sectaire qui n’est pas du meilleur effet lorsqu’on veut ensuite prétendre durablement à une carrière gouvernementale. A cultiver toujours la même posture, on risque de dévisser aussi vite que l’ascension le fut.

Frédéric Lefebvre est aujourd’hui à la croisée des chemins médiatiques. Revue de parcours dont le schéma peut s’appliquer à bien d’autres figures actuelles de la vie politique et économique. De droite comme de gauche.

Naissance d’un bon client médiatique

Avocat depuis 2009 et fidèle de longue date du Président (photo Reuter-Philippe Wojazer)

A première vue, l’homme présente bien. Juriste de formation et devenu avocat en 2009, Frédéric Lefebvre a fière allure. Il cultive un look élégant et un brin décalé qui interpelle naturellement dans un univers où costume gris, crâne dégarni et lunettes dépolies sont plutôt les critères récurrents du politicien professionnel.

De plus, il ne peut guère être taxé d’opportunisme ou de ralliement de dernière minute à l’égard de Nicolas Sarkozy. Fidèle de la première heure sarkozyste, il a connu l’actuel Président en 1993 en tant qu’attaché parlementaire puis chef-adjoint de cabinet de Nicolas Sarkozy. Il n’a alors jamais cessé d’être à ses côtés, y compris durant la longue traversée du désert que l’ex-ministre d’Edouard Balladur a endurée après l’élection de Jacques Chirac à la présidence de la République. A qui veut l’entendre et jusqu’en mai 2007, Frédéric Lefebvre déclarait d’ailleurs volontiers que l’objectif de sa vie était l’élection de Nicolas Sarkozy à la présidence de la République.

Aux plaidoiries auxquelles sa formation initiale le destinait logiquement, il bifurque en fait vers la communication et l’influence en créant notamment Pic Conseil, une agence de lobbying institutionnel qui oeuvre aujourd’hui sous l’enseigne Domaines Publics. En parallèle, il demeure très engagé et impliqué dans la vie politique et dans les coulisses de la vie parlementaire à l’Assemblée nationale et au Sénat.

Les médias sont friands des déclarations « tape-dur » de Frédéric Lefebvre (photo AFP-Emmanuel Glachant)

Grâce à cet activisme et son entregent, Frédéric Lefebvre est rapidement devenu l’un des incontournables parmi les supporters de l’actuel hôte de l’Elysée. Bien qu’il n’ait conquis aucun mandat électoral, ni exercé de hautes fonctions gouvernementales, Frédéric Lefebvre fait partie de la garde rapprochée de Nicolas Sarkozy dont il a l’oreille. Une position idéale qui lui permet de tisser un réseau conséquent auprès des journalistes. Réseau qu’il n’hésite pas à solliciter dès lors qu’il s’agit de monter au créneau pour défendre un point de vue ou une idée de son champion politique. Réseau qu’il entretient également avec ses activités parlementaires. Longtemps co-président du club parlementaire sur l’audiovisuel, il sera un aiguillon particulièrement actif et frontal lors de la réforme de l’audiovisuel public ou du projet de loi Hadopi.

Dans cet exercice, il excelle avec son goût spontané pour la polémique et les phrases très rentre-dedans. Des ingrédients efficaces qui font aussitôt de lui ce que les journalistes ont coutume de qualifier de « bon client ». Avec Frédéric Lefebvre, une interview est régulièrement émaillée d’une formule lapidaire, d’un commentaire cinglant ou d’une métaphore marquante. Exemple pioché parmi d’autres(1) : la crise économique actuelle. Dans la bouche de Frédéric Lefebvre, elle est systématiquement rapprochée de l’image du tunnel dont on approche de la sortie. Une sortie pour laquelle les Français ont besoin de savoir sur quelle route on va aller. L’ensemble est décliné à l’envi à mesure des sollicitations médiatiques et lui permet ainsi de véhiculer habilement son message.

Pour un journaliste, ce genre de procédé est souvent du pain bénit. C’est la garantie d’avoir un reportage ou un témoignage avec de l’aspérité. La mécanique médiatique fait ensuite le reste. Elle propulse Frédéric Lefebvre comme acteur attitré du microcosme politique français et de fait, consacre le tonitruant porte-voix de Nicolas Sarkozy.

Une stratégie presse bien rôdée

Le porte-parole de l’UMP admet accorder 3 interviews par jour en moyenne

S’il est une technique que Frédéric Lefebvre maîtrise de main de maître, c’est le quadrillage incessant qu’il opère auprès des médias. Quadrillage qui se traduit par l’envoi de communiqués à une imperturbable cadence de métronome sur tous les sujets qui affleurent dans l’actualité. Pas un thème n’échappe au crible du commentaire de l’UMP et en filigrane de son porte-parole, Frédéric Lefebvre.

Une tactique qui lui vaudra d’ailleurs une mémorable controverse avec l’Agence France Presse en avril 2008. Se saisissant de la condamnation en appel de Ségolène Royal à payer des arriérés de salaire à deux anciennes collaboratrices, Frédéric Lefebvre envoie un communiqué à L’AFP. Laquelle décide de ne rien diffuser sur son fil au grand dam du premier qui accuse alors l’agence d’informations de pratiquer la censure à plusieurs reprises à son égard lorsqu’il est question de l’ancienne candidate socialiste à la présidentielle. La passe d’armes se prolonge quelques jours plus tard avec une nouvelle charge de Nicolas Sarkozy envers l’AFP, L’Express et Le Parisien.

Le porte-parole reste campé sur ses positions et déclare tout de go (2) : « Je conteste à l’AFP le droit d’avoir une ligne éditoriale sur les dépêches factuelles, ce qui n’est pas le cas pour les papiers d’angle de l’agence. Si elle revendique une ligne éditoriale pour les dépêches factuelles, compte tenu de sa position dans le paysage médiatique, alors il faut se poser la question de la création d’autres agences de presse en France ».

Malgré ces bisbilles et rodomontades, Frédéric Lefebvre poursuit son entrisme médiatique sans états d’âme. Dans un reportage diffusé en avril 2010 sur LCP, il explique qu’il répond à toutes les sollicitations médiatiques quelle que soit l’audience de l’émission, à la différence de certains ténors politiques qui ne privilégient que les grands rendez-vous télévisuels comme « A vous de Juger », « Mots Croisés » ou « Le Grand Jury ».

Aucun média n’est négligé pour occuper l’espace médiatique

Hors de question donc de pratiquer une certaine ségrégation envers des chaînes plus confidentielles. La raison ? Il la donne au journaliste de LCP (3) : « A partir du moment où quelque chose de nouveau et de fort est dit, c’est généralement suivi d’une dépêche AFP qui fait qu’ensuite, la totalité des médias vous interroge. Du coup, vous démultipliez un message vers tout le monde via divers canaux ». Au passage, on comprend mieux pourquoi il s’est autant emporté contre la vénérable agence en 2008 puisqu’il en a fait une pièce maîtresse de son dispositif médiatique.

Résultat de cette ubiquité cultivée à l’extrême : Frédéric Lefebvre admet accorder en moyenne 3 « vraies » interviews par jour en moyenne. Un score énorme comparativement à d’autres porte-paroles comme par exemple Benoît Hamon du Parti Socialiste, pourtant lui aussi figure emblématique de la politique médiatique.

Le sniper dans la ligne de mire ?

Un porte-parole peu à peu assimilé à un sniper en mission commandée

Si Frédéric Lefebvre a incontestablement acquis aujourd’hui une solide consistance médiatique, force est de constater que le dispositif qu’il entretient avec engagement et conviction, s’est au fil du temps transformé en piège réducteur qui met essentiellement en avant « un côté un peu bourrin » (4) pour reprendre les termes « amènes » d’une ex-conseillère de Nicolas Sarkozy. A force de faire feu de tout bois sur les sujets du moment, Frédéric Lefebvre est désormais l’archétype du porte-flingue comme la vie politique en a toujours sécrété. En effet, Jacques Chirac ne fut-il pas d’abord la fine gâchette verbale de Georges Pompidou au point de trimballer ensuite une image d’homme autoritaire et cassant. En son temps, Charles Pasqua n’hésitait pas non plus à dégainer le gourdin rhétorique et sa gouaille chantante pour défendre Edouard Balladur.

Or l’enjeu communicant est délicat pour celui qui s’y prête. Frédéric Lefebvre en est conscient (5) : « En communication si tu ne réponds pas à une attaque, l’attaque est fondée pour les gens et donc je me retrouve souvent seul à riposter à des tas d’attaques qui viennent de partout. C’est une partie de ce que je fais. Evidemment, c’est cette partie qui a tendance à caricaturer ».

C’est là où le bât communicant choisi par le porte-parole de l’UMP blesse. A trop asséner avec véhémence et parfois simplisme, on s’enferme vite dans un rôle prédéterminé que les médias amplifient allègrement et de manière récurrente. Dans le reportage de LCP, Frédéric Lefebvre déplore cet état de fait qu’il a pourtant contribué à alimenter. Il sait que sur le ring médiatique, est parfois délivrée une sorte de « license to kill » journalistique dès qu’il met les pieds sur un plateau de télévision, seul face à trois journalistes tous antis ou trois opposants politiques remontés comme des coucous.

Le « Lefebvre-bashing » se porte bien sur le Web

A peine débarqué sur Twitter et déjà la polémique !

S’il est un domaine où l’image médiatique de Frédéric Lefebvre a généré des allergies particulièrement frénétiques, c’est bien du côté de la Toile qu’il faut aller chercher. Rarement dans la classe politique actuelle (à l’exception sans doute de Nicolas Sarkozy lui-même), un responsable aura été autant malmené et attaqué que le porte-parole de l’UMP. Cette acrimonie numérique tient largement aux déclarations et prises de positions quelquefois outrageuses de Frédéric Lefebvre. Ainsi, n’hésite-t-il pas à amalgamer volontiers le Web à la pédophilie et l’antisémitisme lorsqu’on l’interroge sur les dangers d’Internet. Lors des virulents débats autour de la loi Hadopi, l’impétrant récidivera en comparant certains sites de streaming vidéo « à des dealers qui vont justement se nicher dans les endroits sans règle » (6).

A force d’entretenir la chaudière à grandes pelletées de déclarations incendiaires, Frédéric Lefebvre s’est enfermé dans une image dont il aura beaucoup de mal à se défaire à l’avenir. Les malencontreux avatars dont il a été victime sur Internet soulignent combien l’image de l’homme politique engagé qu’il s’efforce de cultiver s’est fortement brouillé derrière une image peu flatteuse de distributeur de coups qui collectionne les sobriquets les plus déplaisants comme « sniper, roquet, bad boy » (7).

Compte Twitter bloqué en novembre 2009 par des activistes anti-Lefebvre

A cet égard, Internet est devenu une catastrophique chambre d’écho anti-Lefebvre. Il suffit pour s’en convaincre de se remémorer les premiers pas digitaux de Frédéric Lefebvre sur la Toile. Fin novembre 2009, il décide d’ouvrir un compte Twitter pour élargir son dispositif de communication et sans doute se façonner une image de communicant 2.0 avant-gardiste. D’emblée, il y décline la veine éditoriale constitutive de sa marque de fabrique dans un mini-message en allumant des journalistes tancés par le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel.

Très vite, le fil est pris d’assaut par des followers. A l’exception près qu’une grosse majorité de ces nouveaux abonnés n’est pas animée des meilleures intentions. En effet, ceux-ci répertorient aussitôt le compte comme un spam abusif. Résultat : devant l’afflux des remontées anti-spam, le compte Twitter est bloqué. Ce que s’empressent de célébrer les internautes à grandes brassées de mini-messages moqueurs et ravis du sale tour joué.

Aujourd’hui, il suffit de surfer quelques minutes pour constater combien Frédéric Lefebvre fait l’objet de critiques, d’attaques et de moqueries. L’une d’elles est la vidéo d’une désastreuse interview sur BFM Radio. Interrogé par Jean-Jacques Bourdin sur la définition du Web 2.0, Frédéric Lefebvre s’emberlificote dans des réponses évasives sous l’œil un peu narquois du journaliste. Mécanique virale du Web oblige, la vidéo est désormais impossible à louper dans les moteurs de recherche et sert même de passerelle militante pour combattre les positions de Frédéric Lefebvre sur la neutralité du net ou le lobbying.

Humain, forcément humain !

A nouveau look 2010, nouvelle perception médiatique ?

De bon client médiatique, Frédéric Lefebvre est aujourd’hui passé à porte-parole inépuisablement brocardé dès qu’il ouvre la bouche. A tel point que d’aucuns commencent même à s’en émouvoir et s’en inquiéter au sein du parti majoritaire : « Les militants aiment la bagarre ; les Français beaucoup moins » (8). Benoist Apparu, secrétaire d’Etat au Logement, est conscient des dangers d’image qui guettent désormais Frédéric Lefebvre : « On sait tous que la fonction de porte-parole est ingrate. On lui demande d’être basique de dire « Nous, on est les gentils et eux, c’est les méchants ». A un moment ou un autre, comme Hortefeux, il va avoir besoin de sortir de ce rôle con, d’avoir sa propre voix » (9).

 

 

Le best of de Frederic Lefebvre
envoyé par 20Minutes. – L’info internationale vidéo.

Effectivement, celui qu’on qualifie de « sniper du président » tente d’opérer depuis quelques mois, un net polissage de l’image plutôt calamiteuse qui lui colle aux basques. Outre qu’il s’applique à mieux juguler ses éléments de langage, Frédéric Lefebvre agit désormais en binôme avec Dominique Paillé, voire laisse carrément ce dernier intervenir seul au cours des différents points presse de l’UMP. Le look a même subi au passage une légère évolution. En 2010, le port de lunettes aux montures noires stylées se fait plus systématique. Ce qui confère un air sérieux plus installé et moins « pitbull ».

Autre évolution notable de la stratégie de communication : une volonté affirmée d’humaniser le personnage et de le désenclaver du cortège des clichés réducteurs auxquels il est encore fortement associé. A cet égard, le reportage de La Chaîne Parlementaire diffusé en avril 2010 lève un intéressant voile sur la perception médiatique que Frédéric Lefebvre souhaite maintenant renvoyer.

Ainsi, tout au long des 52 minutes du reportage, il évoque tour à tour son grand-père admiré et mort d’une crise cardiaque à 50 ans ou encore ses enfants qui ont souffert de son absence du fait de son agenda politique et de l’image que les médias traduisaient de lui. Autre moment fort du documentaire télévisé : la blessure de n’avoir pas été invité à la passation de pouvoir en 2007. Une injustice qu’il confesse sans détours avoir très mal vécu au point d’avoir pris un rendez-vous professionnel au même moment pour ne pas penser à l’événement protocolaire à l’Elysée. Manque de chance, son hôte croyant lui faire plaisir avait installé un écran géant dans la salle de réunion pour suivre la retransmission de la cérémonie officielle !

Faire entendre sa différence devient une priorité pour Frédéric Lefebvre

Cultivant un registre émotionnel plus profond, il revient également sur la polémique qu’il avait suscitée en mai 2009 au sujet du télétravail pour les gens en arrêt maladie. D’un ton posé, il déplore que d’aucuns lui ont vite tourné le dos lorsque le tollé a grondé alors que c’était une conviction initialement largement partagée au sein de son camp. Il parle ouvertement de la solitude qu’il a alors ressentie tandis qu’il montait au créneau pour défendre une conviction de son parti.

Autre axe décliné pour s’extirper du caractère monobloc de son image : affirmer sa différence. Il évoque à cet effet son côté trublion du fait précisément de son parcours hors des canons classiques de la carrière politique. Il dit même son plaisir à ne pas toujours en respecter les codes et se sentir en cela proche de personnalités comme Gainsbourg ou Coluche. Ni plus, ni moins ! De même pour fendre l’image monolithique de l’aboyeur en chef imbibé de rhétorique partisane, il parle de ses désaccords avec le secrétaire général de l’Elysée, Claude Guéant. Sans qu’il soit toutefois possible d’en savoir plus sur le fond !

Conclusion : Face au piège communicant, tonton flingueur ou flingué ?

Frédéric Lefebvre parviendra-t-il à transformer l’essai et acquérir enfin la respectabilité institutionnelle après laquelle il semble vouloir courir désormais ? Parviendra-t-il à raccrocher le costume de « tonton flingueur » du cirque médiatico-politique ? Rien n’est moins sûr. S’il avait réussi depuis un certain temps à s’astreindre à une cure d’austérité médiatique, Frédéric Lefebvre est revenu en juillet 2010 avec fracas dans la mêlée en signant dans France Soir, une tribune pompeusement intitulée « J’accuse » pour voler au secours d’Eric Woerth aux prises avec l’affaire Bettencourt. A cette occasion, toute l’outrance que beaucoup lui reprochent et dont il s’efforce de gommer les traits les plus saillants, est ressortie avec une virulence déroutante.

L’enjeu est désormais de cultiver une image de ministrable (Photo AFP-Eric Feferberg)

Pour s’en convaincre, il suffit de lire ces quelques lignes censées retranscrire sa vision des choses (10) : « L’alliance d’une opposition rageuse et sans idées et de certains médias aux relents d’extrême droite et de trotskisme mêlés, auxquels s’ajoute la vengeance de riches fraudeurs qui ne pardonnent pas à un ministre de les avoir combattus ». Et de conclure rageusement : « « J’accuse parce que j’ai mal à la politique, mal à la démocratie, mal au peuple, mal à la France ». Pas certain que l’emprunt historique au célèbre cri d’Emile Zola dans l’affaire Dreyfus soit du meilleur goût pour endosser une image nouvelle d’homme politique toujours convaincu mais plus pondéré.

Alors même qu’il est par ailleurs en train d’écrire un livre de réflexion sur la société française qui sortira en novembre 2010 au sein d’une prestigieuse maison d’édition germanopratine, que faut-il voir dans cette saillie verbale ? Est-ce la volonté inextinguible d’un homme tellement porté par ses convictions qu’il en oublie sa propre personne et l’image qui en découle ? Au cours du reportage de LCP, Frédéric Lefebvre laisse effectivement entendre à plusieurs reprises que son altruisme politique a été entièrement mis au service de Nicolas Sarkozy. Parfois à son propre détriment.

Dans ce même reportage, il dit également qu’il construit désormais sa vie politique lui-même depuis quelques mois. Entre les lignes, on devine désormais l’enjeu intime de Frédéric Lefebvre (11) : « Si je n’entre jamais au gouvernement, cela voudra dire que le choix que j’ai fait de faire de la politique, n’était pas le bon choix. Que ceux qui dirigent le pays considèrent que je ne serai pas à la bonne place en étant au gouvernement. J’en tirerai les conséquences et je chercherai à agir autrement. On ne peut pas rester durablement sur une seule jambe ». C’est peut-être justement cette autre jambe qui risque de lui manquer à force de grossir le trait et endosser une image qui semble pourtant le contrarier en son for intérieur.

Sources

(1) – Stéphane Groussard – « La mécanique Lefebvre » – La Chaîne Parlementaire – 16 avril 2010
(2)  Thierry Dupont – « Frédéric Lefebvre, un sarkozyste contre l’AFP » – L’Express – 9 mai 2008
(3)  – Stéphane Groussard – « La mécanique Lefebvre » – La Chaîne Parlementaire – 16 avril 2010
(4)  – Pierre-Alain Furbury – « UMP : Lefebvre fait profil bas » – Les Echos – 21 septembre 2010
(5)  – Stéphane Groussard – « La mécanique Lefebvre » – La Chaîne Parlementaire – 16 avril 2010
(6)  – Alice Antheaume – « Frédéric Lefebvre: «Les sites comme beeMotion sont des dealers» – 20 Minutes – 17 février 2009
(7)  – Vincent Monnier – « Le sniper du président » – Challenges – 15 avril 2010
(8)  – Pierre-Alain Furbury – « UMP : Lefebvre fait profil bas » – Les Echos – 21 septembre 2010
(9)  – Ereclus – « Frédéric Lefebvre : trous de mémoire » – Mediapart – 17 mars 2009
(10) – Frédéric Lefebvre – « J’accuse » – France Soir – 8 juillet 2010
(11) – Stéphane Groussard – « La mécanique Lefebvre » – La Chaîne Parlementaire – 16 avril 2010

Pour en savoir plus

– Visionner le reportage de Stéphane Groussard intitulé « La mécanique Lefebvre » diffusé le 16 avril 2010 sur La Chaîne Parlementaire
– (Mise à jour du 11 novembre 2010)
Julien Martin – « L’aboyeur Lefebvre se musèle avant les remaniements » – Rue89 – 11 novembre 2010