[3ème édition du Baromètre de l’esprit critique] : « La science reste un rempart solide pour nourrir l’esprit critique »

Le 21 mars dernier à Paris, Universcience (établissement public issu du rapprochement entre le Palais de la découverte et la Cité des sciences et de l’industrie depuis 2009) a dévoilé les résultats de la 3ème livraison de son baromètre de l’esprit critique réalisé avec OpinionWay et l’appui d’un comité scientifique. Cette étude entend analyser année après année comment les Français exercent leur esprit critique à l’égard des sciences et sur quelles sources de confiance ils s’appuient pour se forger une opinion. A chaque édition, un focus est consacré à un sujet spécifique. Cette année, l’IA était fort logiquement passée au crible. Petite sélection non exhaustive de chiffres toujours instructifs.

Cette troisième fournée du Baromètre de l’esprit critique a encore été riche en enseignements dont le Blog du Communicant a extrait quelques chiffres clés. Un point à noter en préambule : pour celles et ceux qui souhaitent creuser le sujet, la Cité des Sciences et de l’Industrie propose un parcours éphémère du 21 mars au 3 avril 2024. Intitulé « Esprit critique et intelligence artificielle », il est composé de 5 espaces de réflexion sur diverses questions liées à l’usage de l’IA.

IA : intérêt, confiance et vigilance

En dépit d’une couverture médiatique qui verse fréquemment dans un certain catastrophisme où l’IA va « grand remplacer » l’humain, le panel interrogé a fait preuve de bien plus de pondération et ne cède pas aux sirènes apocalyptiques. En premier lieu, ils sont intéressés par l’IA pour laquelle 61% estiment que c’est une révolution technologique majeure (75% chez les 18-24 ans) et se déclarent bluffés à 87% par la vitesse prodigieuse de celle-ci pour délivrer des résultats plutôt corrects. Quant à son utilité, ils jugent que l’IA est pertinente pour détecter des erreurs (75%), brasser et analyser un gros volume de données (73%) et écrire des textes (64%). On est donc loin de la panique générale que quelques collapsologues patentés se plaisent à entretenir en permanence.

Pour autant, les sondés ne sont pas naïfs et entendent rester vigilants. Ils ne prêtent pas tous les pouvoirs à l’IA. 68% pensent notamment qu’elle ne peut pas être autonome et 74% jugent qu’elle ne pourra jamais décrocher un prix Nobel. De même, en termes d’usages, ils ne sont 33% à croire que l’IA peut supplanter un médecin pour prescrire un médicament. Idem pour piloter un avion (28%) et rendre des décisions de justice (25%). En revanche, conscients des dérives possibles dans son utilisation, 77% appellent à se pencher sur les questions éthiques et juridiques que l’IA engendre et 85% veulent voir une réglementation qui pose un cadre pour limiter les déviances.

La science comme garde-fou

Sur la question d’éclairer la société quant au recours à l’IA dans de multiples domaines et à son développement particulièrement rapide, l’échantillon des répondants voit à 68% le corps scientifique comme le meilleur garde-fou pour ne pas faire tout et n’importe quoi. Autres sources de connaissance citées : les musées scientifique (59%) et les journalistes scientifiques (56%) dont la fiabilité est majoritairement louée. En revanche et comme d’habitude sur d’autres sujets sociétaux, les élus et acteurs politiques ne sont pas jugés dignes de confiance. Seulement 22% des opinions seraient prêts à leur accorder du crédit. Un score peu flatteur qui est même à 7 points derrière les géants numériques qui investissement lourdement dans l’IA. Des géants qui ne sont pourtant pas des parangons de transparence quant à leurs visées exactes dans l’IA.

De manière plus générale, le rapport des Français avec les sciences demeure bon au fil des baromètres publiés. Celui de 2024 n’échappe pas à la règle. Près de 9 sondés sur 10 ont un regard très positif sur les apports de la science pour mieux comprendre le monde où nous évoluons (85%) mais également faire progresser les conditions de vie (86%). A noter toutefois que le doute est plus prégnant à l’égard des scientifiques chez les générations les plus âgées que chez les plus jeunes. Difficulté à suivre le rythme et se mettre à la page ?

On note cependant quelques bémols. Seulement, 2 Français sur 3 estiment que la science est capable de « rendre l’homme meilleur. Dans le même ordre d’idée, 72% considèrent que les connaissances scientifiques peuvent constituer un pouvoir dangereux. D’ailleurs, 60% des sondés pensent que les scientifiques suivent des règles éthiques strictes. Ce qui indique qu’une proportion non négligeable estime que ceux-ci s’affranchissent des règlements. Il est vrai que les dérives de l’IHU de Marseille et son fantasque professeur, Didier Raoult, ont montré une palette de dysfonctionnements préoccupants. De même, 51% répondent que la communauté scientifique est indépendante pour valider ses résultats.

Pour aller plus loin

– Lire la synthèse générale réalisée par Universcience
– Télécharger l’infographie des résultats principaux
– Pour tout savoir des événements du Printemps de l’esprit critique du 21 mars au 3 avril, visiter le site dédié

 



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