Communication politique : Petit banc d’essai des candidats à la présidence de l’UMP
Jean-François Copé évincé de la tête du parti, la course à la présidence de l’UMP bat désormais son plein. Pas moins de 10 personnalités affichent plus ou moins leurs intentions de prendre les rênes d’une formation politique en pleine turpitude. En attendant la désignation d’un nouveau leader lors du prochain congrès à l’automne, l’occasion est toute trouvée pour effectuer un petit tour d’horizon de la communication des prétendants en lice. Depuis l’éclatement de l’affaire Bygmalion, nul doute que réputation et image vont constituer des atouts décisifs pour s’imposer, mater la cacophonie actuelle et réussir à séduire au-delà de son seul camp.
Il y a encore quelque temps, Nicolas Sarkozy peaufinait dans un silence étroitement contrôlé sa stature de sauveur messianique du premier parti de droite. Pour bon nombre de sympathisants UMP, il était l’homme capable de faire la synthèse entre les différents courants tiraillés entre culture républicaine humaniste tournée vers le centre et tentation radicale d’une jonction avec la frange « respectable » du Front National. Un sondage BVA-i>télé publié ce week-end révèle que la figure providentielle du désormais conférencier globe-trotter et groupie de sa chanteuse de femme, a quelque peu tendance à se flétrir au profit d’autres ténors de l’UMP, Alain Juppé en tête. Alors que l’ex-président n’a toujours pas statué officiellement sur son retour effectif dans l’arène politicienne, il est intéressant de se pencher quelques instants sur la communication des 10 acteurs clés et leurs aspérités communicantes respectives.
1/ Nicolas Sarkozy : prophète chez les siens, maudit chez les autres ?
A tout seigneur tout honneur, Nicolas Sarkozy est incontestablement la clé de voute d’un échiquier UMP en perpétuelle agitation depuis son départ de l’Elysée en mai 2012. Même s’il persiste à jouer d’un subtil pas-de-deux quant à son possible come-back dans les affaires de l’UMP, sa « légende » élyséenne savamment entretenue par quelques incomparables thuriféraires comme Brice Hortefeux ou Nadine Morano, pèse indubitablement sur les débats internes mais aussi sur le ressenti des militants et sympathisants comme celui de la globalité des électeurs français.
Bulletin de note BVA – i>télé : 28% d’opinions favorables chez les sympathisants UMP – 14% chez l’ensemble des Français
Atouts d’image : De la hauteur et du recul ! Voilà en substance à quoi s’échine Nicolas Sarkozy de cultiver comme image auprès de l’opinion publique. Depuis deux ans, il s’emploie à gommer son style trop débridé, à estomper son impulsivité (que ses tics corporels trahissent pourtant encore) et à diluer ce discours de droite dure qu’il déroula dans la dernière ligne droite de sa campagne présidentielle. Aujourd’hui, l’homme veut se montrer comme un dirigeant d’expérience, au fait des dossiers stratégiques, familier des grands de ce monde et prêt à nouveau à « se sacrifier » pour un second destin présidentiel. Incontestablement, militants et sympathisants UMP en redemandent d’autant plus que le premier ministre actuel est désormais un homme dont les traits saillants ont souvent été comparés à Nicolas Sarkozy … et un adversaire de taille dans l’optique de 2017.
Faiblesses d’image : Le sondage BVA – i>télé reflète parfaitement le paradoxe d’image qui handicape encore Nicolas Sarkozy. Ultra-populaire au sein de ses troupes, il est nettement moins catalyseur au-delà de son cercle militant tout acquis à sa cause. Il est même aujourd’hui devancé par Alain Juppé comme personnalité de droite la plus désignée pour prendre la tête de l’UMP chez les Français. C’est d’ailleurs ce déficit de perception positive qui lui fait marteler son refus inextinguible d’en passer par des primaires internes s’il devait se relancer dans la mêlée politique. On a connu position plus inspirée pour qui prétend incarner la politique moderne. Ce déficit ne sera donc pas chose aisée à combler tant la cadence des scandales satellisés autour de son patronyme ne retombe pas. S’il est parvenu pour l’instant à éviter les effets collatéraux délétères de l’affaire Bygmalion, d’autres dossiers sont encore en cours d’instruction chez les juges. Autant de pierres potentielles dans son jardin réputationnel qui ne vont guère aider à nourrir une image d’homme intègre et capable d’inaugurer une nouvelle ère politique qui cesse de profiter au discours national-populiste du Front National. Pour une forte majorité, Nicolas Sarkozy reste le « président des riches » où l’affairisme et le clientélisme rôdent.
Poids du dispositif digital :
- Twitter : @NicolasSarkozy avec 502 000 abonnés mais aussi celui de son comité de soutien @2017_SARKOZY qui atteint déjà 65 800 abonnés
- Facebook : La page officielle de Nicolas Sarkozy compte 923 800 fans tandis que celle de son comité de soutien pour 2017 est déjà parvenue à récolter 101 000 fans. A cet égard, elle est particulièrement active en multipliant les posts quotidiennement et en obtenant un taux d’engagement qui dépasse régulièrement les 1500 likes
- En savoir plus : http://www.elus20.fr/nicolas-sarkozy
L’avis du communicant : S’il dispose d’un socle de soutiens franchement solide et d’une présence digitale imposante, Nicolas Sarkozy n’en a pas pour autant partie gagnée. Son défi communicant à l’heure d’aujourd’hui n’est pas le moindre : faire oublier les excès et les incohérences de la période Sarkozy 1 et parvenir à se dépêtrer intact des affaires en cours d’instruction. Face à certaines réticences et résistances qu’il suscite y compris dans son propre camp, l’opération de séduction et de reconquête ne pourra pas éternellement surfer autour du concept d’homme providentiel. L’homme demeure terriblement clivant et nous ne sommes plus en 1958 !
2/ Alain Juppé : la prime au vieux routier ?
De la vie politique française, Alain Juppé a quasiment tout connu, y compris les traversées du désert qui lui faisaient parfois incliner pour une « tentation de Venise ». A bientôt 70 ans, le maire de Bordeaux est pourtant revenu dans le jeu au gré des pugilats d’egos rythmant l’agenda de l’UMP. Au point désormais d’apparaître comme un recours crédible pour prendre les rênes d’un parti en pleine déliquescence. Celui que Jacques Chirac se plaisait à introniser comme « le meilleur d’entre nous », peut-il encore rafler la mise ?
Bulletin de note BVA – i>télé : 19% d’opinions favorables chez les sympathisants UMP – 23% chez l’ensemble des Français
Atouts d’image : Outre une longue expérience du pouvoir et des ors ministériels, Alain Juppé est indéniablement une figure politique dont la stature et les compétences étatiques ne se discutent même pas. A cette dimension dont peu peuvent vraiment se targuer au sein de l’UMP, il a su assouplir au fil du temps cette inoxydable réputation d’homme politique « droit dans ses bottes ». Le Juppé cassant a fait place à un Juppé blanchi sous le harnais au point d’apparaître comme un juge de paix pondéré et avisé dans son parti. En cela, il rassure.
Faiblesses d’image : Revers de son CV bigrement étoffé, son âge peut devenir un frein auprès des sympathisants comme des électeurs. A l’heure où le paysage politique peine à faire émerger des pousses quadragénaires crédibles, Alain Juppé n’incarne pas vraiment le renouveau. Le retrouver en première ligne équivaut quelque part à renouer avec les années Chirac dont il reste un des symboles majeurs.
Poids du dispositif digital :
- Twitter : @alainjuppe avec 107 000 abonnés
- Alain Juppé dispose également d’un blog ouvert de longue date et particulièrement suivi. Ses billets sont systématiquement exploités sur la page Facebook officielle d’Alain Juppé qui compte 51 000 fans
- En savoir plus : http://www.elus20.fr/alain-juppe
L’avis du communicant : L’enjeu d’image d’Alain Juppé va être prioritairement de parvenir à reléguer au second plan son âge pour jouer pleinement de son aura de dirigeant solide, expérimenté et fédérateur comme en témoigne son récent appel à resserrer les liens avec le centre droit. Face à la garde montante ambitieuse de l’UMP, son positionnement ne sera pas évident. Qu’il le veuille ou non, son nom occupe la scène politique hexagonale depuis plus de 40 ans. Pas facile dans ces circonstances de véhiculer l’idée de changement autour de sa personne.
3/ François Fillon : Entre ombre et lumière ?
Toujours présent dans les premiers cercles du pouvoir, François Fillon donne paradoxalement l’impression qu’il n’a pas forcément l’envergure d’être celui grimpant tout en haut du podium électoral. Y compris lors de ses 5 années en tant que premier ministre, il a sans cesse été rabroué au rang de « collaborateur » par Nicolas Sarkozy sans particulièrement faire preuve publiquement de rebuffade. Ce n’est que lors de son duel sans merci avec Jean-François Copé, que François Fillon a commencé à dessiner une autre facette de son personnage politique.
Bulletin de note BVA – i>télé : 13% d’opinions favorables chez les sympathisants UMP – 12% chez l’ensemble des Français
Atouts d’image : C’est avant tout le sérieux qui domine comme attribut d’image majeur chez François Fillon. Lui aussi peut se prévaloir d’une expérience convaincante de l’exercice du pouvoir pour séduire des électeurs. Son bras-de-fer violent avec Jean-François Copé a permis également de faire apparaître une détermination inflexible dont la perception n’était pas aussi criante auparavant.
Faiblesses d’image : François Fillon ne peut pas vraiment s’appuyer sur un registre plus émotionnel à l’instar d’un Nicolas Sarkozy. Son introversion communicante a tendance à le bordurer dans un positionnement d’homme de rigueur, voire technocrate par certains aspects et par conséquent à créer une distance pas forcément favorable pour ses desseins. Même quand il veut lever un peu plus le voile, cela donne un très maladroit reportage dans Paris Match où l’on voyait François Fillon poser en gentilhomme bourgeois devant son château de Beaucé. Rien de tel pour creuser le fossé d’avec l’opinion publique !
Poids du dispositif digital
- Twitter : @FrancoisFillon avec 120 000 abonnés
- Facebook : une page officielle qui compte 51 000 fans et un taux d’engagement plus que correct avec une moyenne de 800 à 100 likes par post
- François Fillon dispose également d’un blog depuis juillet 2013 très régulièrement alimenté et avec des taux de partage très satisfaisants
- Pour en savoir plus : http://www.elus20.fr/francois-fillon
L’avis du communicant : Bien qu’il ait montré plus d’épaisseur et de pugnacité depuis son combat contre Jean-François Copé, François Fillon demeure malgré tout complexe à cerner en termes d’image. Il lui manque un supplément d’âme capable de magnétiser un électorat. L’homme est perçu comme fiable, compétent, intègre mais n’a pas de véritable relief à la différence de Nicolas Sarkozy, Alain Juppé ou même Jean-François Copé. Par rapport à eux, il semble plus terne. Son challenge communicant sera de s’efforcer de briser la glace … mais de manière authentique et pertinente. Pas devant une somptueuse demeure ou haut perché sur un tracteur !
4/ François Baroin : Eternel jeune premier ?
Même s’il roule sa bosse depuis longtemps, François Baroin demeure de manière récurrente ce jeune cadet de la politique à l’aube d’un possible destin de plus grande envergure. Il sait faire entendre sa petit musique, notamment avec des positions rigoureusement fermes à l’égard du Front National, et n’apparaît ni trop marqué, ni cornaqué par tel ou tel mentor. Néanmoins, son positionnement relève parfois de l’insaisissable.
Bulletin de note BVA – i>télé : 11% d’opinions favorables chez les sympathisants UMP – 10% chez l’ensemble des Français
Atouts d’image : Cet ancien journaliste maîtrise avec virtuosité les codes de la communication. Combattif quand il le faut et posé lorsque c’est nécessaire, il déroule de façon très fluide sa partition politique. S’il affiche des convictions très claires, il ne s’enferme jamais dans l’idéologie clivante. Fort d’un physique de jeune premier et d’apparitions ponctuelles dans la rubrique « people » des magazines (liaison avec Marie Drucker, vie commune avec Michèle Larroque), François Baroin apparaît comme un homme politique très contemporain et pragmatique qui a tout pour plaire.
Faiblesses d’image : S’il est indéniablement plutôt bien perçu, François Baroin peine plus à convaincre sur sa possible stature d’homme d’Etat. Son nom n’est associé à aucune grande réforme, ni œuvre politique majeure. Son discours républicain déborde également des lignes du corpus politique de l’UMP. Du coup, son ancrage est mal aisé à cerner. Actuellement, il fait plus partie de ces acteurs qu’on a plaisir à retrouver dans les films mais auxquels on ne songe pas de prime abord pour un premier rôle.
Poids du dispositif digital
- Twitter : @francoisbaroin avec 50 800 abonnés
- Facebook : une page officielle qui compte 11 500 fans mais à la fréquence de publication très aléatoire et à l’engagement moyen
- Pour en savoir plus : http://www.elus20.fr/francois-baroin
L’avis du communicant : François Baroin possède d’excellentes bases sur lesquelles il peut continuer de capitaliser : pragmatisme, dynamisme. Bien qu’il soit largement chevronné, il inspire toujours la nouveauté. Pour autant, sa bonne image doit changer de braquet s’il veut être perçu comme un leader capable d’emmener son parti, voire d’aller encore plus haut par la suite. Attention à ne pas s’enfermer politiquement dans une sorte de syndrome de Peter Pan.
5/Jean-Pierre Raffarin : Le monsieur bons-offices de service
Depuis quelque temps, Jean-Pierre Raffarin est le casque bleu de service au sein de l’UMP. Sa stature sénatoriale respectée et sa rondeur argumentaire lui confèrent une image de sage que l’on vient solliciter lorsque les choses tournent vinaigre ou s’enfoncent dans une impasse. L’homme en joue volontiers et apprécie de se situer au-dessus de la mêlée bagarreuse de ses petits camarades.
Bulletin de note BVA – i>télé : 10% d’opinions favorables chez les sympathisants UMP – 5% chez l’ensemble des Français
Atouts d’image : Jean-Pierre Raffarin est l’archétype de l’élu de terrain rassurant. Même s’il a accompli une carrière gouvernementale de très haut niveau, il dégage avant tout une image de bon sens terrien qu’il sait appuyer de surcroît avec des formules imagées sans doute héritées de son début de carrière dans le marketing. Plutôt affable et souriant, il génère véritablement de la sympathie et du respect.
Faiblesses d’image : Bien qu’il occupe toujours le devant de la scène politique, Jean-Pierre Raffarin apparaît plutôt dans la peau d’un consultant de haut vol que dans celle d’un recours politique d’avenir. Même s’il est plus jeune de quelques années qu’Alain Juppé, la modernité ne caractérise pas sa réputation politique.
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- Twitter : @jpraffarin avec 81 900 abonnés
- Pas de page Facebook officielle mais un blog régulièrement animé mais au ton éditorial un peu « old school »
- Pour en savoir plus : http://www.elus20.fr/jean-pierre-raffarin
L’avis du communicant : Pour la conquête de l’UMP, Jean-Pierre Raffarin n’a pas vraiment besoin de forcer sa nature. Dans un parti déboussolé et en pleine crise de nerfs, son positionnement de détenteur du « calumet de la paix » est idoine. Pour cette mission, il est probablement le meilleur d’autant qu’il ne semble pas nourrir d’ambitions plus poussées pour l’après. Cette stature de commandeur pacifique et consensuel peut rassembler bien qu’elle n’incarne pas un renouvellement profond de la direction.
6/Nathalie Kosciusko-Morizet : Passionaria jusqu’où ?
Dans une arène politique en pleine féminisation, Nathalie Kosciusko-Morizet figure de toute évidence parmi les femmes qui comptent et qui vont continuer de se forger un destin électoral. Issue d’une lignée familiale rompue aux arcanes de la vie politique et aux mandats qui en découlent, NKM existe désormais pleinement par elle-même. Même si elle fait grincer des dents dans son parti, sa voix porte loin et fort.
Bulletin de note BVA – i>télé : 6% d’opinions favorables chez les sympathisants UMP – 7% chez l’ensemble des Français
Atouts d’image : Nathalie Kosciusko-Morizet jouit d’une réputation solide. Fonceuse, battante, énergique mais aussi élégante et séduisante, elle en deviendrait presque un personnage romanesque tant elle accumule les attributs d’image positifs. Elle prouve de surcroît que les femmes peuvent tout à fait accéder à de hautes responsabilités dans un milieu encore volontiers machiste. Sa jeunesse et son CV politique déjà bien garni achèvent de concocter un personnage politique qui ne laisse absolument pas indifférent.
Faiblesses d’image : NKM est parfois handicapée par les excès de ses évidentes qualités. Sa campagne à la hâche pour les municipales de Paris a révélé des facettes moins glamour, notamment un côté cassant et autoritaire qu’elle reconnaît elle-même dans une interview donnée à une TV américaine. De même, elle s’expose à des décalages d’image qui se retournent contre elles. Sa virée façon « Zazie dans le métro » a mis en lumière sa déconnexion de certaines réalités. Son souci de la mise en scène too much l’a conduit à des clichés peu crédibles où elle partage une cigarette avec des SDF.
Poids du dispositif digital
- Twitter : @nk_m avec 279 000 abonnés
- Une page Facebook officielle avec 54 800 fans et un bon taux d’interaction
- Une présence digitale également active sur Google +, YouTube, Instagram, etc
- Pour en savoir plus : http://www.elus20.fr/nathalie-kosciusko-morizet
L’avis du communicant : En termes de communication, NKM est à la croisée des chemins. Son dynamisme échevelé lui a indéniablement permis de conquérir une place au soleil médiatique et d’apparaître comme une figure politique de premier plan. Désormais, il va s’agir d’éviter les chausse-trappes mi bling-bling, mi-bobo dans lesquelles elle s’est embourbée lors de sa campagne municipale. Son image demeure bonne mais commence à poindre en contrepoint une autre image de femme déterminée à tout pour parvenir à ses fins. Ce qui pourrait passer pour de l’arrivisme et écorner sa réputation.
7/ Xavier Bertrand : L’improbable ?
Xavier Bertrand est probablement le plus paradoxal des 10 prétendants à la présidence de l’UMP qu’il a par ailleurs déjà occupée. Il y a quelques années, il était l’homme qui montait furieusement au point d’être affublé du sobriquet de « chouchou du Président » tant il avait l’oreille de Nicolas Sarkozy. Aujourd’hui, le député-maire de Saint-Quentin semble être rentré dans le rang même s’il se démène activement pour faire entendre sa voix et se différencier de ses comparses.
Bulletin de note BVA – i>télé : 5% d’opinions favorables chez les sympathisants UMP – 4% chez l’ensemble des Français
Atouts d’image : L’exposition médiatique que Xavier Bertrand était parvenue à glaner lorsqu’il dirigeait l’UMP et qu’il officiait comme ministre, semble aujourd’hui s’être largement évaporée. A tel point que Xavier Bertrand semble renvoyé à la case départ : celle d’un élu provincial parmi d’autres. L’homme continue pourtant de s’exprimer et de fréquenter les médias mais il peine à émerger, faute d’une lisibilité en termes d’image et de discours. Sur ce dernier point, il a pourtant adopté une ligne sans concession à l’égard des dérives de l’UMP qui pourrait peut-être le relancer.
Faiblesses d’image : Dans la course à la présidence de l’UMP, Xavier Bertrand est sans nul doute celui qui part de plus loin. Il n’a pas su faire fructifier sa période dorée et doit désormais rebâtir un fond d’image tant sa notoriété est globalement en déficit par rapport à ses concurrents directs. Par ailleurs, son positionnement manque d’aspérités intrinsèques à son personnage. Il n’apparaît encore que comme un parmi tant d’autres.
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- Twitter : @xavierbertrand avec 38 910 abonnés
- Une page Facebook officielle avec 22 056 fans et un taux d’interaction correct mais qui n’évite pas toujours le syndrome « agenda médiatique » au détriment de billets de fond
- Xavier dispose d’un blog depuis 2012 mais récemment refait à neuf, plutôt élégant et nourri de billets de réflexion
- Pour en savoir plus : http://www.elus20.fr/xavier-bertrand
L’avis du communicant : L’enjeu d’image de Xavier Bertrand est de toute évidence de retrouver une stature médiatique à la hauteur de celle qu’il avait connue. Depuis quelque temps, il s’accorde une liberté de ton au sujet de l’UMP qui peut lui permettre d’émerger plus nettement et ne plus être perçu comme un élu lambda de province. De même, il cherche à susciter des débats comme celui sur les coupes budgétaires dans l’Armée pour gagner en écho. Dans son cas, seule sa capacité à maintenir durablement et avec cohérence ce cap peut lui faire espérer regagner une image plus consistante.
8/ Bruno Le Maire : Valeur montante ?
Bruno Le Maire est sûrement le plus OVNI des 10 concurrents pour la présidence de l’UMP. Homme issu du sérail gouvernemental, l’ancien directeur de cabinet de Dominique de Villepin est venu sur le tard à la compétition électorale. Aujourd’hui, il ne cache plus ses ambitions et souhaite peser sur les débats en son propre nom. Peut-il raisonnablement espérer ?
Bulletin de note BVA – i>télé : 4% d’opinions favorables chez les sympathisants UMP – 8% chez l’ensemble des Français
Atouts d’image : S’il est un point qui saute immédiatement aux yeux et qui a l’art de convaincre, c’est l’extrême intelligence et agilité intellectuelle de Bruno Le Maire. Ses propos sont carrés, clairs et concis. L’homme tranche avec ses homologues en cherchant moins que les autres à décocher la petite phrase qui fera le buzz. Même s’il souffre encore d’un certain déficit de notoriété, Bruno Le Maire parvient à accrocher et interpeler.
Faiblesses d’image : Le principal piège pour Bruno Le Maire est sans doute d’éviter de se voir coller une image d’apparatchik de la politique tant son parcours relève d’un classicisme étatique avéré. Idem en termes de posture, l’actuel député de l’Eure apparaît parfois un peu guindé et suscite par ricochet une certaine distance.
Poids du dispositif digital
- Twitter : @Bruno_LeMaire avec 51 200 abonnés
- Une page Facebook officielle avec 23 000 fans et un taux d’interaction correct qui mise à fond sur la dimension internationale de Bruno Le Maire
- Bruno Le Maire dispose d’un blog où il publie des analyses particulièrement inspirées
L’avis du communicant : Bruno Le Maire est sans conteste le seul à pouvoir légitimement se prévaloir d’incarner le renouveau à la tête de l’UMP. Il ne s’y est d’ailleurs pas trompé puisqu’il a publié récemment une tribune qui va en ce sens. Pour lui, le défi sera clairement d’accroître sa notoriété et exister de manière très perceptible aux côtés des routiers du secteur. En veillant néanmoins à se départir d’une certaine rigidité et également en dosant un peu plus sobrement le nombre de selfies qu’il publie sur son compte Twitter !
9/ Laurent Wauquiez : Le Rastignac de l’UMP ?
Laurent Wauquiez est d’une certaine manière le pendant masculin de Nathalie Kosciusko-Morizet. Pour lui, le temps n’attend pas et son entrisme médiatique n’est plus à prouver. L’homme est sur tous les fronts, n’hésitant jamais à défier ses aînés et en particulier Jean-François Copé et Nicolas Sarkozy. Ne risque-t-il pas de se carboniser prématurément à parfois trop en faire
Bulletin de note BVA – i>télé : 3% d’opinions favorables chez les sympathisants UMP – 5% chez l’ensemble des Français
Atouts d’image : Comme François Baroin et Nathalie Kosciusko-Morizet, Laurent Wauquiez joue à fond la carte jeune. Servi de surcroît par son allure svelte et déterminée, il fonce à toute allure et prend position sans barguigner. Une stratégie payante puisqu’il est très tôt devenu un « bon client » médiatique qui cherche à bousculer le ronronnement un peu assoupi du personnel politique actuel.
Faiblesses d’image : A trop vouloir se positionner partout avec force et vigueur, Laurent Wauquiez déroute parfois en adoptant des positions qui ne cadrent guère avec son image de jeune cador politique moderne et ouvert d’esprit. A force également d’être omniprésent, il suscite un sentiment d’ambition débordante qui peut finir par exaspérer.
Poids du dispositif digital
- Twitter : @laurentwauquiez avec 131 300 abonnés
- Une page Facebook officielle avec 25 420 fans et un taux d’interaction inégal mais qui est surtout constituée de partages d’articles citant Laurent Wauquiez
- Laurent Wauquiez dispose d’un blog où il relate son activité d’élu sur le terrain
L’avis du communicant : Jusqu’à présent, Laurent Wauquiez a réussi à se tailler une réputation plutôt flatteuse qui attire l’intérêt chez les électeurs. Toutefois, il doit veiller à ne pas succomber au syndrome du jeune homme trop pressé. Son activisme médiatique pourrait finir par se teinter d’un halo d’arrivisme pouvant alors handicaper sa réputation.
10/ Jean-François Copé : Has been pour toujours ?
Une chose est incontestable au sujet de Jean-François Copé : il est incontournable. Qu’on l’adule ou qu’on le déteste, il est une figure phare de la vie politique française. Adepte de la conquête au pas de charge et à la poigne de fer, il vient néanmoins de se ramasser un gadin réputationnel magistral. Pour lui, l’heure de la traversée du désert a sonné mais pas sûr pour autant qu’il soit définitivement hors-jeu s’il consent à certains ajustements.
Bulletin de note BVA – i>télé : 1% d’opinions favorables chez les sympathisants UMP – 1% chez l’ensemble des Français
Atouts d’image : Bien que sa cote de popularité soit au plus bas actuellement, Jean-François Copé n’en dispose pas moins de certains atouts, notamment cette capacité à souder des électeurs autour de ses positions. Quitte à être clivant, l’homme n’entend pas se faire dicter son positionnement. De fait, il lui est reconnu une image de leader et d’homme à poigne capable d’entraîner des troupes.
Faiblesses d’image : De son inflexibilité et sa psychorigidité, découle la réputation globalement catastrophique de Jean-François Copé. Fans enamourés exceptés, l’homme inspire globalement la détestation tant il ne cède jamais sur rien, son ambition sans limites étant son seul moteur. D’où une défiance à son égard qui est également très vivace au sein de son propre camp et qui l’empêche de conquérir des suffrages au-delà de ses aficionados.
Poids du dispositif digital
- Twitter : @jf_cope avec 177 954 abonnés
- Une page Facebook officielle avec 40 000 fans avec un important taux d’engagement mais où les commentaires négatifs sont légion
- Jean-François Copé dispose d’un site officiel à la tonalité particulièrement égocentrée
L’avis du communicant : Peut-on encore sauver le soldat Copé ? La réponse se trouve probablement chez l’impétrant lui-même. Tant que celui-ci persistera dans son éternel registre de « calife à la place du calife » avec des positions très tranchées et un ton faussement décontracté, il rencontrera d’insondables difficultés à rehausser son image et orienter vers le haut la courbe des sondages d’opinion. En termes de communication, Jean-François Copé est son pire ennemi mais pourra-t-il avoir l’humilité d’en prendre conscience ? Rien n’est moins sûr.
4 commentaires sur “Communication politique : Petit banc d’essai des candidats à la présidence de l’UMP”-
Laurent Defois -
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Olivier Cimelière -
-
Laurent Defois -
-
Olivier Cimelière -
Très instructif…
Il manque Hervé Mariton en lieu et place du 11e candidat. Son positionnement désintéressé des élections de 2017 lui confère une certaine sympathie. Parmi les loups qui guettent les échéances pour leur sauter dessus, il donne l’image d’un homme dévoué aux idées du parti et rien que ça. Pas mal vu comme communication mais le manque de stature du personnage va faire de l’ombre à cette apparente belle vision de la Politique.
D’autre part, il est intéressant de voir la cote de popularité de Juppé si haute quand on se rappelle que ses déboires judiciaires ne datent que de dix ans. La communication fait-elle perdre la mémoire ?
Bonjour Laurent
Merci pour votre commentaire ! Il manque en effet Hervé Mariton car il ne figurait pas dans le panel des 10 personnalités de BVA. On aurait également pu ajouter Valérie Pécresse et Luc Châtel (qui vient d’ailleurs d’intégrer le quattuor dirigeant!) …
Concernant Alain Juppé, plus que la communication, c’est surtout la mémoire collective et médiatique qui s’estompe de plus en plus vite ! Souvenons nous que Sarkozy était voué aux gémonies en 2012 et aujourd’hui une proportion non négligeable voit en lui un sauveur. C’est surtout la versatilité de l’opinion !
Merci à vous pour votre réponse et pour cette analyse de l’étude de BVA. Effectivement, l’opinion va et vient avec une souplesse qui ose souvent le grand le écart. J’avoue que parfois ça fait un peu peur !
Au plaisir lire vos papiers…
C’est moi qui vous remercie et bonnes futures lectures !
Les commentaires sont clos.