Marc Antoine Durand (Bobler) : « Remettre la voix au centre des conversations du Web social »
Connaissez-vous Bobler ? Loin d’être un énième nouveau réseau social, Bobler élargit au contraire de manière unique le champ de l’interactivité et de la conversation sur le Web 2.0 en explorant une dimension encore sous-exploitée : la voix. A la fois site et application mobile, l’outil est conçu pour enregistrer des bulles sonores sur différentes thématiques et les partager avec la communauté des socionautes. Opérationnel depuis mai 2013, Bobler donne déjà de la voix puisque la start-up française a été sélectionnée pour participer du 7 au 11 mars à Austin (Texas) à la 23ème édition du South by Southwest (SXSW), un festival mondial majeur dans le domaine de la musique, du cinéma et des médias interactifs.
Ce temps fort du SXSW dans la jeune histoire de Bobler était par conséquent l’occasion idéale pour faire le point avec Marc-Antoine Durand, un des deux associés et co-fondateurs de ce réseau unique qui entend faire de la voix, un vecteur d’interaction et de viralisation aussi puissant que les 140 caractères de Twitter, les vidéos fugaces de Vine ou les posts de Facebook. Avant de s’envoler pour le Texas, Marc-Antoine Durand a eu la gentillesse d’accorder au Blog du Communicant, un entretien très original qui alterne texte et bulles vocales à coincer sans modération !
Quand et comment est née l’idée de Bobler ? Comment cela fonctionne-t-il et quel est le public visé en priorité ?
Marc Antoine Durand : Tout a évidemment commencé par une suite de hasards. Pierre Brouder, mon associé co-fondateur et moi nous sommes rencontrés en mars 2011 au pied de la tour de Radio France dans les conditions que je raconte dans cette Bulle :
Suite au succès de BobRadio, comme vous venez de l’entendre, nous avons levé des fonds auprès de business angels pour développer Bobler, l’idée que nous avions en tête depuis le début. Le principe de Bobler est très simple. Chaque utilisateur peut enregistrer depuis son application des Bulles qui sont des messages audio de 2 minutes maximum auxquels on peut ajouter une localisation, un tag, une photo et que l’on peut ensuite partager avec ses followers sur Bobler, sur Twitter et ses amis sur Facebook.
Aujourd’hui, toutes les Bulles postées sont publiques. Nous avons développé une politique d’ouverture en permettant à tout le monde de consulter une Bulle lorsqu’elle était partagée sur Facebook et Twitter ou lorsqu’elle était intégrée sur un site tiers comme c’est le cas ici sur votre blog. Dans la prochaine version de Bobler, il sera possible d’enregistrer une Bulle privée et de l’envoyer à un ami ou à un groupe d’amis.
Nous avons commencé le développement technique en octobre 2012 et lancé le produit le 21 mai 2013. Avant le lancement, nous avons fait enregistrer avec un dictaphone des Bulles à plus de 200 personnes dans beaucoup de domaines différents (design, littérature, communication, digital, etc.). Cela nous a permis d’avoir des très bons contenus dès le lancement. Notre positionnement est de mettre en avant des contenus premium et de très haute qualité enregistrés par des personnalités, des influenceurs, des experts. Nous racontons dans une Bulle comment nous avons fait pour avoir des personnalités sur Bobler avec une anecdote sur la rencontre avec Nathalie Kosciusko-Morizet que raconte mon associé co-fondateur Pierre Brouder dans cette Bulle :
Notre ambition est aujourd’hui de remettre la voix au centre des conversations sur Internet et de réinventer le message vocal pour en faire un moyen de communication public ou privé qui soit simple et pratique.
Ne craignez-vous pas d’être un réseau social de plus dans un univers déjà très concurrentiel où les internautes sont en moyenne rarement membres de plus de 2 ou 3 réseaux sociaux ?
Marc Antoine Durand : Nous n’avons pas de crainte sur cela. La niche gagne toujours. Ce qu’il est important de regarder pour nous, ce n’est pas l’utilisation globale des réseaux sociaux mais la manière dont fonctionnent les early adopters et la rapidité avec laquelle ils intègrent de nouveaux services dans leur vie quotidienne. C’est ce qui fait qu’un géant comme Facebook devient un colosse au pied d’argile, obligé de racheter pour des sommes impressionnantes des réseaux sociaux de niche comme Instagram, proposer 3 milliards à SnapChat ou tout récemment débourser 19 milliards de dollars pour acquérir l’application de message Whatsapp .
Les early adopter recherchent toujours la nouveauté et des services qui répondent à leurs besoins. Or, la voix est le seul média qui n’a pas encore été réinventé. Nous pensons chez Bobler que la voix va être complètement révolutionnée parce que c’est le seul média adapté à toutes les situations de mobilité et de multitasking (voiture connectée, objets connectés, etc.). De plus, la voix est un média très puissant en terme émotionnel. Lorsque vous entendez la voix d’une personnalité politique par exemple, vous savez que c’est lui ou elle qui parle. Lorsque vous entendez la voix d’un ami qui est loin, cela n’a rien à voir avec un SMS. La voix est un média magique qui crée du lien entre les individus et les rapproche. Une voix ne trompe pas. Sur certains aspects, la voix est plus riche que le texte. Elle demande plus d’attention mais permet plus de compréhension. Voilà les quelques raisons qui nous font croire que Bobler pourra être massivement utilisé par les early adopters du monde entier.
En guise d’exemple, je vous propose d’écouter cette Bulle de Patrick Menucci, député PS et actuellement candidat à la mairie de Marseille. Sa voix est plus proche et authentique qu’un support texte dans cette Bulle :
Pensez-vous vraiment qu’une pastille sonore peut conquérir le public comme un message de 140 caractères, une vidéo de 6 secondes ou une photo instantanée façon Instagram ? La voix est quelque chose de plus intime et s’enregistrer n’est pas forcément chose aisée pour tout le monde ?
Marc Antoine Durand : Nous envisageons aujourd’hui la Bulle comme un moyen de communication global à destination de ceux qui veulent parler plus simplement à leurs amis et à leurs contacts ou de ceux qui veulent avoir une démarche de communication publique. En effet, enregistrer une Bulle publique peut sembler un peu intimidante au début mais de très nombreuses personnes ont essayé et en sont ravies.
Nous avons également remarqué que l’engagement créé lors de l’écoute d’une Bulle est extrêmement fort. La première Bulle du Louvre a été partagée 5500 fois sur Facebook, soit près de 5 fois plus que les autres posts. En revanche, enregistrer une Bulle privée pour ses amis ne fait peur à personne, correspond à des usages existant et sera, nous l’espérons, massivement utilisé.Pour vous convaincre, écoutez la Bulle enregistrée par Sophie Halliot, notre directrice marketing et digital chez Bobler. Elle explique que la voix n’est pas forcément une barrière.
Après plusieurs mois d’existence, où êtes-vous en termes de développement et quels enseignements majeurs retirez-vous concernant le produit et les usages de Bobler ?
Marc Antoine Durand : Après plus de 6 mois de lancement en France, nous avons montré que l’audio pouvait être social et viral. C’était notre hypothèse de départ et nous l’avons validée. Des dizaines de milliers de Bulles ont été enregistrées par les premiers utilisateurs de Bobler et nous comptabilisons des milliers d’heures d’écoute. Notre politique d’ouverture nous permet aujourd’hui de quasi multiplier chaque mois par deux notre trafic sur le site. L’enseignement principal que nous retirons, c’est qu’il y a un vrai besoin et nous allons tout faire pour y répondre de la manière la plus pertinente et simple qui soit.
Nous allons prochainement sortir la nouvelle version de Bobler qui permettra d’enregistrer des Bulles privées. Beaucoup de nos utilisateurs en ont exprimé le besoin. Nous voulons désormais faire de la Bulle un média que l’on peut produire et consommer au quotidien. Nous disons souvent que Bobler permettra aussi bien d’écouter une Bulle de son meilleur ami qu’une Bulle de Beyoncé. L’alliage entre la partie publique et la partie privée de Bobler est pour nous capital car il mêle communication verticale et horizontale à travers un seul format: la Bulle.
Vous venez d’être sélectionné parmi les 10 start-ups invitées à participer au prochain SXSW le 7 mars aux USA. Que représente un tel événement pour Bobler et quelles perspectives cela vous ouvre-t-il ?
Marc Antoine Durand : SXSW est l’un des plus grands festivals “tech” au monde qui rassemble à Austin au Texas les start-ups les plus innovantes de la planète. Nous sommes très honorés d’avoir été sélectionnés pour représenter la France avec 9 autres jeunes pousses. Ce festival sera l’occasion pour nous de faire tester notre produit à des early adopters de haute volée et d’avoir des retours très riches.
Notre produit est par nature international. Il est clair que les Etats-Unis restent le lieu où il faut être pour avoir un rayonnement mondial. Nous allons ouvrir un bureau à New York d’ici quelques mois pour commencer à évangéliser le marché américain. L’événement d’Austin nous permettra de rencontrer les bonnes personnes, d’établir un premier réseau d’early adopters et d’investisseurs, et de rencontrer les influenceurs qui demain seront peut-être nos utilisateurs les plus actifs. Twitter et Foursquare se sont fait connaître à Austin parce que de nombreuses personnes les ont adoptés très rapidement lors du festival pour augmenter leur influence grâce à des services simples et efficace en matière de transmission de l’information. Austin sera donc un test et un tremplin pour nous.
En quoi Bobler pourrait-il trouver sa place dans des dispositifs de communication numérique pour les marques, les entreprises et/ou les influenceurs au même titre que les réseaux sociaux actuellement utilisées majoritairement ?
Marc Antoine Durand : Bobler a déjà trouvé sa place pour des marques (par exemple les Galeries Lafayette), des institutions culturelles (comme Le Louvre), des personnalités (comme Gilles Babinet, serial entrepreneur du numérique et actuellement Digital Champion nommée par la secrétaire d’Etat au Numérique, Fleur Pellerin) et des écoles (comme l’ESCP). Les Bulles permettent à tous ces acteurs de tisser un lien de proximité avec leurs publics et de communiquer autrement grâce à un format innovant et interactif. A une époque où la défiance prime, un format qui est authentique est plus que le bienvenu, il est nécessaire. La voix permet clairement d’atteindre cet objectif.
Plus largement, l’espace visuel aujourd’hui est totalement saturé. L’espace auditif est lui relativement libre. Il y a donc de très nombreuses choses à réinventer d’un point de vue marketing. L’engagement obtenu grâce aux Bulles en termes d’attention est beaucoup plus fort, car vous êtes dans les oreilles des gens. Bobler c’est donc l’économie de l’attention.
Enfin, les Bulles sont un nouveau territoire et permettent donc d’être créatif. Les possibilités en termes de brand content engageant et original sont assez infinies. Quand une marque nous contacte, nous prenons toujours le temps de discuter avec elle pour insérer l’utilisation de Bobler dans leurs stratégies de communication digitale. Il n’y a pas de recette unique à dupliquer. N’hésitez donc pas à nous contacter pour discuter des opportunités sur Bobler. Nous serons ravis d’imaginer ensemble de nouveaux usages vocaux sur le réseau des Bulles !
Pour en savoir plus
– Pour s’inscrire et créer un profil sur Bobler : http://www.bobler.com/
Autres articles à lire
– Valentin Pringuay – « La Start-up de la semaine : Bobler » – Presse Citron – 24 janvier 2013
– Etienne Portais – « Comment fonctionne Bobler ? » – Maddyness.com – 22 mai 2013
– « Bobler, le nouveau réseau social vocal certifié par NKM » – Huffington Post – 2 juillet 2013
– Astrid de Villaines – « Bobler, le nouveau réseau social vocal » – LCP.fr – 10 juillet 2013
2 commentaires sur “Marc Antoine Durand (Bobler) : « Remettre la voix au centre des conversations du Web social »”-
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Olivier Cimelière -
Très intéressant comme article. Merci pour toutes ces informations bien détaillées sur Marc Antoine Durand.
Merci pour votre commentaire !
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