Valérie Trierweiler : Est-elle condamnée pour toujours au bûcher médiatique ?

Il a suffi d’une brève séquence vidéo passée en boucle où Valérie Trierweiler empoigne rageusement la capuche d’un journaliste caméraman pour que se déchaîne à nouveau la vindicte sur les réseaux sociaux et dans les médias. La première Dame de France est-elle vouée à traîner une image détestable ou peut-elle enrayer l’hémorragie médiatique ?

Quelques secondes d’énervement contre un reporter d’image et voilà Valérie Trierweiler encore clouée au pilori de la lessiveuse médiatique. Il faut bien avouer que la compagne du Président de la République a « l’art et la manière » de cristalliser les agacements de toutes parts. Explications.

Remettons dans le contexte

Pression médiatique maximum sur le couple élyséen

A la décharge de Valérie Trierweiler, jamais le climat ambiant n’a été autant empreint de tension maximale autour du cercle élyséen : piteux aveux de Jérôme Cahuzac pour ses entourloupes ministérielles alors qu’il avait été coopté par le président nouvellement élu, révélations concomitantes sur le trésorier de la campagne présidentielle de 2012 pour ses comptes personnels hébergés dans les paradis fiscaux, tirs à boulets rouges de toutes parts sur la « République exemplaire » promise à corps et à cri par François Hollande. Pas un jour ne s’écoule sans qu’une giboulée médiatique n’éclabousse toujours un peu plus l’image élyséenne déjà sérieusement amochée dans les sondages.

Pour la première Dame, il est évident que l’atmosphère est électrique, dure à encaisser au quotidien et que chacun est sur des charbons ardents. La petite randonnée pédestre dans les rues de Tulle n’a échappé à l’engrenage délétère du moment. Sous le crépitement des appareils photos et l’invasion des micros perches et des caméras, les mâchoires étaient carrément serrées et plutôt mutiques là où presqu’un an plus tôt, le ton était badin et primesautier.

Valérie Trierweiler s’énerve contre un journaliste par puremedias

Ainsi va le cycle médiatique qui hisse un jour et dévisse l’autre jour. Ce qui fut l’inlassable marronnier journalistique d’un président normal et d’une femme journaliste farouchement indépendante, s’est progressivement mué en une sitcom catastrophe où Valérie Trierweiler n’est pas la dernière à créer des étincelles au détriment de son concubin Président. Mais pouvait-il en être autrement ? Non et voici pourquoi.

Raison n°1 : la pipolisation des politiques

Valérie Trierweiler, un personnage people à part entière

En officialisant sa relation avec François Hollande il y a quelques années, Valérie Trierweiller était de suite inexorablement vouée à devenir un personnage médiatique. Sauf à persister dans une hermétique discrétion à l’égard de la presse comme le font par exemple les épouses de François Fillon et François Bayrou, l’ancienne journaliste savait dès lors que ses moindres faits et gestes allaient être décortiqués par la presse.

Depuis que Ségolène Royal a mis en scène sa grossesse dans les pages de papier glacé d’un célèbre hebdomadaire et que Nicolas Sarkozy en a fait un moteur intrinsèque de son image politique, les conjoints se sont en effet transformés en bêtes de scène « VIP » qu’on encense, qu’on exhibe, qu’on scrute ou qu’on démolit. Ils font désormais partie intégrante du bestiaire médiatique pour le meilleur ou pour le pire. Qu’on s’en désole ou qu’on s’en délecte, les petits dessous domestiques de la vie politique sont étalés plus souvent qu’à leur tour dans les pages des journaux et magazines « people », en concurrence frontale avec les trépanés de la télé-réalité.

Raison n°2 : Valérie Trierweiler connaît les arcanes politiques

L’émission politique de V. Trierweiler sur Direct 8

S’il est bien une excuse que Valérie Trierweiler ne peut guère avancer, c’est avant tout celle de l’ingénue brutalement jetée en pâture d’un monde médiatique inquisiteur, voire carrément voyeur. Sitôt ses études achevées, la compagne de François Hollande a alors démarré une carrière de … journaliste pour la revue Profession Politique avant de rejoindre rapidement l’hebdomadaire Paris Match où elle couvre … la politique et notamment … le parti socialiste ! Autant dire qu’elle était aux premières loges pour parfaitement jauger du tribut médiatique sans cesse accru envers les élus politiques et les aspirants au pouvoir.

Et si malgré tout un doute avait pu subsister à propos de l’écho médiatique qu’un conjoint peut susciter, elle a alors eu à partir du milieu des années 2000 l’opportunité de s’approcher d’encore plus près de la réalité quotidienne en partageant sa vie avec celui qui allait être élu en mai 2012 tout en commençant une carrière télévisuelle nettement plus exposée sur Direct 8 avec des interviews … d’hommes et de femmes politiques. Difficile dans ces cas-là de plaider l’ignorance des codes d’un milieu impitoyable.

Raison n°3 : Valérie Trierweiler a une carte de presse

V. Trierweiler connaît très bien le journalisme

Nul n’est besoin d’en faire des tonnes à Valérie Trierweiler pour qu’elle saisisse dans le moindre détail la mécanique implacable du cycle médiatique. Pendant de longues années, elle y a prêté son actif concours en brossant moult portraits et coulisses des acteurs de l’échiquier politique français. Nulle autre qu’elle n’est donc en état de mieux mesurer l’impact d’une petite phrase ou la perception d’une posture, aussi minime soit-elle. A cet égard, elle connaît par exemple l’anecdote de la baffe flanquée par François Bayrou à un gamin qui lui faisait les poches. De ce jour, l’image du politique béarnais en fut transformée.

Comment dès lors reprocher à son ancienne confrérie professionnelle des us et coutumes (certes critiquables et même déplacés par instants) qu’elle a elle-même pratiqués dans l’exercice de sa fonction journalistique ? En devenant (même si elle s’en défend en continuant de revendiquer une vie professionnelle en dehors de l’Elysée) compagne du Président de la République, elle savait par conséquent quel barnum médiatique allait inéluctablement épier ses déclarations et ses actions. Ceci est d’autant plus vrai qu’elle s’est étroitement impliquée dans l’élaboration du livre retraçant l’époque électorale de son compagnon, intitulé « François Hollande président : 400 jours dans les coulisses d’une victoire ».

Raison n°4 : Elle cultive l’art de se faire détester

Le couple Sarkozy aurait pu l’inspirer et éviter certaines erreurs

Bien que le conjoint soit désormais régulièrement exposé à la pression médiatique, son rôle n’exige pas pour autant de monter en première ligne à chaque occasion et/ou d’afficher des dissonances pouvant mettre en porte-à-faux l’élu de son cœur.

De cette règle pourtant basique, elle aurait pu en faire sienne en s’inspirant des avatars amoureux entre Nicolas et Cécilia Sarkozy, cette dernière n’étant pas rien dans l’image « bling-bling » que son désormais ex-mari trimballait en toutes circonstances.

Il n’en fut pourtant rien. Dans sa joute souterraine mais virulente contre Ségolène Royal, mère des enfants de son compagnon, elle n’a jamais hésité à pratiquer le déballage sur la place publique. Certes de manière perfide comme en s’arrangeant pour obtenir des clichés de presse mettant à l’écart, l’ex. Ou « mieux » en tweetant ouvertement son soutien résolu à Olivier Falorni, l’adversaire de celle qu’elle exècre au plus haut point.

En mettant au grand jour ce vaudeville d’un goût plus ou moins contestable, Valérie Trierweiler s’est vite arrogé une image de méchante mégère qu’elle n’a cessé ensuite d’alimenter à travers diverses algarades avec des confrères ou en méprisant récemment ouvertement une chroniqueuse du Grand Journal sur Canal +. Or se mettre à dos la quasi-totalité d’une profession influente, c’est s’assurer une réputation calamiteuse pour longtemps !

« Et maintenant, que vais-je faire ? » se dit Valérie T.

Comment sortir de la caricature ? (Ici, la marionnette des Guignols)

Il n’y a pas si longtemps, une citoyenne française lançait de but en blanc à François Hollande : « Et ne vous mariez pas avec Valérie ! On ne l’aime pas en France. On ne l’aime pas, voilà ! ». Cette petite phrase cinglante résume à elle seule l’ampleur du défi d’image que doit relever désormais Valérie Trierweiler (si tant est qu’elle en ait véritablement envie et/ou besoin à ses yeux). En secouant vertement la capuche d’un caméraman, elle n’a fait qu’accroître ce déficit de sympathie qui lui colle aux basques et que médias classiques et réseaux sociaux ne manquent jamais de touiller à l’infini.

Peut-elle dès lors espérer des auspices médiatiques plus cléments à l’avenir ? Sans doute cela passe-t-il par savoir s’astreindre à une cure de silence prolongée (ou imposée le cas échéant!) et s’investir discrètement (mais sincèrement) dans des causes plus empathiques à l’image d’une Danielle Mitterrand qui avait su se bâtir une existence autonome avec sa Fondation France-Libertés ou même Bernadette Chirac, pourtant guère parangon d’amabilité mais devenue populaire grâce à son opération des « Pièces Jaunes ». En attendant, « Val » a des chances de rester encore pour longtemps un « trending topic » sur Twitter !



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